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Deux Directeurs des études et une Secrétaire de direction racontent Sciences PO

 


 

 

André UZAN

On ne saurait mieux commencer notre nouvelle rubrique “COUP DE CHAPEAU A ...” qu'avec André UZAN qui a quitté la Direction des Etudes de l'Institut le 1er septembre 1994.

Tous nos lecteurs le connaissent, soit comme enseignant, soit comme pédagogue attentif aux besoins et à l'esprit de la jeunesse. Nous avons voulu retracer sa carrière.

Nommé en octobre 1965 assistant de Sciences Economiques à l'IEP à la demande de Jean Louis Quermonne, André UZAN (malgré de nombreuses sollicitations de l'extérieur) est resté depuis enseignant en économie et en gestion.

Créateur en 1966 de la section “ECO-FI” il en assuré dés le début la direction ; il a été nommé en 1977 Directeur Adjoint, chargé de la direction des études.

Directeur de la section “ECO-FI", il avait la responsabilité de la conception des programmes, du recrutement des enseignants, de l'animation et de la promotion de la section ; c'est au sein de cette section qu'il assuré ses enseignements (Analyse économique ou quantitative, Méthodes et simulation de gestion et Psychosociologie des organisations) apportant dans ses enseignements l'expérience venant de la direction d'une petite entreprise familiale qu'il a dirigée de 1973 à 1992.

Directeur des Etudes, il avait d'abord la responsabilité de l'organisation des concours d'accès, du déroulement des études, des examens et de la tenue des jurys ; chacun a pu apprécier les progrès accomplis en clarté, tenue des délais et rigueur, assumant toujours (et parfois contre tous) le rôle de "gardien de la règle".

Tout au cours du développement de l'Institut de Grenoble, son rôle et son apport ont été constants et éminents :
- Organisation et animation des commissions pédagogiques
- Innovations en matière d'accès (Accès direct et "3ème voie"), de programmes d`enseignement (notamment la généralisation de la formation en Informatique), de fêtes (Autrans, fête de diplômés etc. ...), de socialisation des nouveaux étudiants avec la “Semaine de rentrée”.
- Pré-professionnalisation des études avec le couplage Atelier de 2ème année, stage d'été, Séminaire de 3ème année pour offrir une filière de pré-spécialisation.
- Promotion de l'IEP auprès des lycéens, des étudiants, du CIO, des entreprises et des administrations, des autres UFR et des directeurs de 3ème cycle.
- Création et développement d'un système d'information par l'étude systématique des candidatures à l'accès et du devenir professionnel des diplômés, ce qui a conduit, en 1977, à la “première” création de notre Association.
- Orientation des étudiants en 1ère année en collaboration étroite avec l'Association, l'APEC et la CIO de l'Université Pierre Mendes France.

André UZAN, nous ne sommes pas étonnés, nous a dit que sa retraite, à 61 ans, serait active avec au programme, sports, missions d`étude dans le domaine de la formation et de l'insertion professionnelle des jeunes et politique.

Nous lui disons "Au revoir et bonne chance"

Portrait paru dans notre magazine n° 6 - 1994

Bernadette DERROUCH

L’IEP un long fleuve pas si tranquille

Je suis arrivée à l’IEP en 1994 après une vingtaine d’années passées dans des écoles de gestion (IAE, IUT) donc dans un monde où la gestion était la matière plus que dominante.

De Sciences Po je ne connaissais quasiment que les étudiants pour intervenir en tant que vacataire. Le directeur François d’Arcy et le directeur des études André Uzan m’ont sollicitée pour que je fasse une demande de mutation. Après réflexion et surtout compte tenu de la qualité des étudiants j’ai donc postulé.

Outre l’enseignement je me suis vu confier deux missions :
- la responsabilité de la section « économique et financière » qui survivait difficilement et ce dans tous les IEP de province. Ces derniers avaient d’ailleurs abandonné cette section faute de demande des étudiants.
- et la mise en place des stages pour les étudiants et ce en binôme avec Chantal Dufresne responsable de la scolarité.

Ce fut alors le début d’un grand sentiment d’isolement dans un univers pluridisciplinaire souvent hostile à la finance et à toute politique de stage. Le seul mot de gestion ou de finance était souvent l’objet de quelques railleries. La section Eco fi était surnommée « escrocs fric » c’est dire la vision très positive de certains qui envisageait même d’externaliser la section à l’IEP de Lyon tout en traitant les étudiants de « marchands de savonnettes ». D’autres ne comprenant pas que la responsabilité incombe à un gestionnaire et pas à un économiste !

L’accueil n’était pas plus favorable pour la mise en place des stages alors facultatifs car disait-on « nos étudiants ne sont pas là pour faire le café ou les photocopies ».

Heureusement les étudiants ont eu une toute autre vision : la section « éco fi » a survécu enregistrant certes moins de demandes que les autres sections mais ne comptabilisant que des étudiants motivés avec de réels objectifs professionnels la section n’étant pas choisie par défaut. Avec eux enseigner fut un pur plaisir et les relations étaient très conviviales tout en restant respectueuses de part et d’autre.

Quant aux stages ils se sont tellement bien développés qu’un service des stages fut créé qui répond aujourd’hui à la demande des étudiants de toute filière et ce tout au long de leur scolarité.

Mais ce fleuve continuait sa longue transformation et la professionnalisation devenait de plus en plus nécessaire surtout avec la création des masters.

Grace à mes expériences précédentes notamment la création de formation en apprentissage j’ai voulu ouvrir une filière en apprentissage « ingénierie juridique et financière ». La contestation ne vint pas cette fois de l’intérieur d’autant que j’occupais la fonction de direction adjointe et direction des études (ce qui aide) mais de l’environnement. D’abord des autres UFR et notamment de l’IAE qui voyait d’un assez mauvais œil arrivé un potentiel concurrent doté d’étudiants de très bon niveau. Mais également des entreprises qui considéraient sciences po comme une formation purement juridique orientée vers la préparation aux concours de la fonction publique.

L’appui du Président de l’Université Alain Spalanzani et celui de la directrice du CFA Formasup ne furent pas de trop pour mener à bien ce pari. Si la formule perdure encore aujourd’hui je regrette simplement que d’autres spécialités n’aient pas franchi le pas surtout au regard du taux d’insertion post diplôme voisin de 95% six mois après l’obtention du diplôme.

En conclusion je peux dire que ces 20 ans ne m’ont laissé que d’excellents souvenirs.

J’ai eu la chance d’avoir des étudiants de qualité avec lesquels enseigner n’est plus un travail mais un moment d’échange et de découverte réciproque. Leur confiance et leur engagement dans leurs études ont largement contribué à la création de l’apprentissage.

A chaque mission j’ai toujours eu le soutien des différentes directions. Les prises d’initiatives ont toujours été soutenues et encouragées notamment par la mise à disposition de personnel administratif véritable courroie de transmission entre enseignants et étudiants. J’ai également fortement apprécié les nombreux échanges avec mes collègues des différentes disciplines ce qui constitue une véritable richesse.

Merci à tous et bonne continuation sur ce fleuve qui ne sera probablement jamais tranquille.

Françoise TERRIER, secrétaire de direction

Quelle surprise lorsque Stéphane Pusatéri m’a demandé de lui envoyer un petit topo sur mon passage à l’IEP.

Arrivant de vacances, j’ai rencontré une amie qui m’a demandé si j’avais trouvé un emploi à la sortie du lycée. A ma réponse négative elle m’a conseillé de prendre contact avec le secrétaire général de Sciences Po qui l’avait recrutée pour le 1er octobre. Mais elle quittait Grenoble pour Aix-les-Bains. J’ai suivi son conseil, et c’est ainsi que sans me préoccuper de trouver un emploi, j’ai été embauchée au secrétariat des préparations aux concours de l’ ENA et IPAS en septembre 1964, centre situé place de l’Etoile à Grenoble, avec comme directeurs Jacques Robert et Gustave Peiser.

En février 1967 j’intégrais les nouveaux locaux de l’IEP sur le campus, où le même secrétaire général, Bernard Martin, m’accueillit en m’informant que je changeais de poste, je devenais la secrétaire du Directeur (fini donc le centre de formation aux concours administratifs) ; ce fût « la douche froide », je n’avais rencontré, en plus de deux ans de présence, le Directeur.

La période d’adaptation fût rapide, surtout qu’après les événements de mai 68, Jean-Louis Quermonne nous quittait pour la présidence de l’Université Grenoble 2. A son départ Jean Leca arriva à la direction comme Administrateur, désigné par le Recteur, en attendant la nomination officielle du successeur de M. Quermonne, Claude Domenach, alors directeur de la préparation ENA obtint son détachement de son ministère d’origine et arriva à la direction.

Je n’ai jamais fait de demande de mutation, mon changement était celui des directeurs… Yves Schemeil, François d’Arcy, Henri Oberdorff, Pierre Bréchon et enfin quelques mois avec Olivier Ihl.

On parle souvent de la règle des « 3 D » (discrétion, diplomatie, disponibilité), mais pour moi je suis plus sensible, si l’on peut dire, à la règle des « « 3 C » (confiance, confidence, convivialité). J’ai eu l’immense chance de travailler, dans cet esprit là, avec tous mes directeurs et j’ajoute aussi une belle complicité avec Catherine Finkel et Martine Dumas.

Au-delà des tâches à accomplir par une secrétaire (je préfère secrétaire à n’importe quel autre titre qui m’a parfois été attribué, car il y a dans secrétaire : secret et taire) j’ai pris un plaisir immense à organiser de nombreux colloques, entretiens, congrès de l’ECPR (plusieurs centaines de participants), de l’AFSP, conférences, sans oublier le formidable cinquantenaire de l’IEP et pour terminer, avant mon départ pour ma seconde vie, par le cinquantenaire des Tribunaux Administratifs au Musée de Grenoble. Toutes ces manifestations m’ont donné l’occasion de rencontrer et échanger avec de nombreuses personnalités, dans tous les domaines. J’ai gardé précieusement les témoignages qui m’ont été adressés pendant mes 41 ans passés à Sciences Po avec mes 10 Directeurs.

En conclusion, je peux qualifier toutes ces années d’ « Années Bonheur ».