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« Une grande école de service public »

 

Le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche est en profonde mutation depuis quelques années en France. L’institut d’Etudes politiques de Grenoble (IEPG) n’échappe pas à ces transformations, lesquelles ont même été accélérées par des évolutions qui lui sont propres dont notamment le passage de son diplôme à cinq ans. C’est dans ce contexte que l’IEPG doit procéder à des choix stratégiques quant à son positionnement institutionnel dans un environnement universitaire modifié (celui du PRES, de l’IDEX envisagé ou encore projet de l’Université de Grenoble) et gérer des évolutions internes susceptibles d’affecter son identité pédagogique et scientifique. A ces transformations spécifiques à l’enseignement supérieur et à la recherche sont venues s’ajouter celles résultant d’évolutions sociales fondamentales dont l’internationalisation de nos sociétés ou le développement croissant du recours aux nouvelles technologies. Un tel contexte de transformations ne peut se faire sans difficultés dans les modifications des organisations administratives et pédagogiques qu’il suppose, sans interrogations sur les choix de politique institutionnelle et scientifique pertinents à effectuer, sans heurts entre des institutions appelées à se recomposer dans un paysage aux rapports de force redistribués, mettant en jeu des intérêts financiers considérables (dans le cadre des Idex, Labex, Equipex) et devant hélas souvent se dessiner dans l’urgence. La période est donc délicate et elle explique aussi certaines des difficultés que traverse l’IEPG depuis quelques années, mais elle est aussi extrêmement stimulante de par l’importance des choix qu’elle implique pour adapter cette institution à ces évolutions sans rien compromettre des valeurs constitutives d’une éthique du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. C’est ce double diagnostic des fragilités actuelles de l’IEPG et de l’importance stratégique des projets à y construire qui m’ont convaincu de présenter ma candidature à sa direction.

Ancien étudiant de cet établissement, enseignant et développant des recherches depuis vingt ans sur le campus universitaire, je n’ai jamais cessé d’être présent dans cette structure soit au titre d’enseignements dispensés tant dans le cadre de la formation initiale que de la formation continue ou des préparations aux concours administratifs, soit au titre de collaborations de recherche menées en partenariat avec PACTE. J’ai pu ainsi observer attentivement l’ensemble des transformations de cette institution tout en ayant, dans le cadre de la direction depuis douze ans d’un laboratoire de recherche et depuis six ans d’une spécialité de Master, à gérer certaines évolutions similaires au sein de l’Université Pierre Mendès France. Cela me permet de mesurer l’importance de la tâche à accomplir pour l’IEPG : affirmer son autonomie statutaire et préserver son identité pédagogique et scientifique sans prendre le risque de l’isolement au sein de l’environnement universitaire et scientifique dans lequel il se situe ; absorber les transformations structurelles de l’enseignement supérieur et de la recherche liées à l’internationalisation et au développement des technologies sans céder à la tentation de l’éclatement et de la dispersion ; mobiliser les énergies pour gérer les recompositions internes générées par ces transformations sans affaiblir la participation de l’IEPG au débat des idées sociales et sans réduire sa contribution à la vie institutionnelle, politique et sociale territoriale ; conserver la fonction de toute institution d’enseignement supérieur de délivrer un une formation critique et intellectuelle tout en se donnant les moyens d’assurer la professionnalisation des formations dispensées. Les défis sont de taille mais l’IEPG dispose d’atouts considérables pour les relever avec succès. Ils ne pourront cependant l’être que dans la mesure où il y a un engagement collectif en ce sens. Ma candidature s’appuie donc sur des principes simples : un projet ambitieux d’affirmation de l’IEPG comme une grande école de service public et une méthode, celle d’une gouvernance démocratique renforcée pour mener à bien ce projet.


Un projet

Une grande école aux missions de service public préservées et améliorées pour les étudiants, jouant un rôle de laboratoire d’idées sociales et d’innovations pédagogiques et renforçant ses coopérations locale, nationale et internationale

- Un Institut d’Etudes Politiques préservant et consolidant son autonomie statutaire et fonctionnelle tout en étant soucieux de garantir un esprit de coopération entre l’ensemble des établissements du site universitaire et de jouer un rôle actif et positif à la constitution de l’Université de Grenoble ;

- Un Institut d’Etudes Politiques conservant sa spécificité dans la conception de ses formations et l’identité de son diplôme tout en créant les conditions d’une plus grande ouverture pour ses étudiants sur leur environnement universitaire immédiat (en termes d’accès aux masters proposés par les universités, en termes d’accès à la documentation, etc), mais aussi pour les étudiants hors IEP en son sein ;

- Un Institut d’Etudes politiques investi complètement dans la dynamique de l’internationalisation (par l’enseignement des langues, par une amélioration des conditions de la mobilité internationale pour les étudiants, par le renforcement des formations ouvertes sur l’international, par le développement des doubles-diplômes, par l’appui et le développement de coopérations internationales inter-institutionnelles, par l’accueil renforcé d’étudiants et de chercheurs étrangers, etc) mais sur la base de choix stratégiques réfléchis, cohérents et débattus collectivement ;

- Un Institut d’Etudes Politiques soucieux de préserver l’identité interdisciplinaire de ses enseignements et la polyvalence des étudiants qu’il forme tout en adaptant ses formations et ses méthodes pédagogiques aux enjeux contemporains de la professionnalisation (par un renforcement des missions de l’Espace carrières, par une meilleure valorisation de la formation continue, par une réflexion à mener sur les intervenants professionnels extérieurs, par l’importance à accorder aux préparations aux concours, etc), aux transformations technologiques de la société (par une réflexion engagée sur la place des technologies dans l’apprentissage et le développement de nouveaux outils) et aux mutations sociétales (par débat à ouvrir sur la démarche positive et la responsabilité sociale d’une grande école, par une stratégie renforcée de communication, etc) ;

- Un Institut d’Etudes Politiques totalement engagé dans l’amélioration et l’adaptation de son offre pédagogique (par la réforme du premier cycle, par une réflexion à mener sur l’offre de master, etc) pour offrir aux étudiants un service public de qualité, prenant en compte les transformations sociales et les nouveaux enjeux professionnels, tout en développant sa visibilité scientifique par un encouragement du développement des activités de recherche en son sein, une meilleure intégration et une amélioration des conditions de travail pour les doctorants, des connexions renforcées avec PACTE, l’accueil d’intervenants scientifiques français et/ou étrangers de renom et l’élaboration de grands projets scientifiques innovants et collectifs ;

- Un Institut d’Etudes politiques attentif aux besoins de la vie étudiante et encourageant la créativité et les dynamiques collectives et associatives des étudiants, tout en étant soucieux du respect de ses valeurs et de l’identité de l’institution ;

- Un Institut d’Etudes Politiques mobilisé sur les transformations internes à accomplir pour relever les défis qui s’ouvrent devant lui sans se couper de son environnement social et politique, local et national, en étant un acteur essentiel du débat d’idées et en renforçant la participation de ses membres aux scènes d’élaboration des politiques publiques territoriales.
 

Une méthode

Une grande école reposant sur une organisation repensée de nature à favoriser une gouvernance partagée de l’institution et à assurer un fonctionnement des services performant dans le contexte d’un dialogue social retrouvé et apaisé


- La mise en place d’une équipe de direction renforcée et collégiale. S’il échoit au directeur d’opérer les arbitrages stratégiques pour le développement de l’institution, cela ne signifie pas qu’il doive gérer seul l’ensemble des décisions à prendre. Cela ne peut donc se faire que dans le cadre d’une équipe de direction mue par les mêmes objectifs et travaillant en étroite coordination. Celle-ci doit reposer sur :

  • Une direction des études renforcée ;
  • Une direction de la recherche au mandat rénové et élargi ;
  • Une direction des relations internationales re-créée et renforcée ;
  • Des chargés de mission temporaires dédiés à des fonctions évolutives ;
  • Un secrétariat général et une direction financière reconnus et associés aux décisions de l’équipe de direction ;

- Une équipe de direction s’appuyant sur le travail des instances collégiales, élues et ou fonctionnelles, (Conseil d’Administration, Commission scientifique, Comité technique, Commission pédagogique repensée sur le mode d’un Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire, Commission des relations internationales institutionnalisée) se réunissant de façon régulière pour permettre à la fois une transparence de l’information ainsi qu’une délibération collective des choix et des projets ;

- Une organisation administrative apaisée et intégrée reposant sur :

  • L’affirmation du rôle central du secrétariat général dans l’organisation et la gestion des services ;
  • Une meilleure intégration des directions administratives sectorielles, notamment de la direction des systèmes d’information, dans le fonctionnement des services et orientées vers la satisfaction des besoins de l’institution, de ses services et de ses usagers ;
  • Une écoute renforcée et collective des personnels, s’appuyant notamment sur les instances paritaires (CT, CPE), pour améliorer le dialogue social au sein de l’établissement et de nature à permettre de tirer toutes les conclusions de l’audit sur les ressources humaines.

Ainsi, je l’espère, pourrons nous restaurer un climat interne empreint de sérénité et propice à nourrir une ambition et des projets communs.

Jean-Charles Froment
Professeur des Universités