Vincent PAUTHIER (1998 PO), Consultant Pédagogique / Concepteur Digital Learning - Learning Story à Plougoumelen.
J’ai intégré l’IEP de Grenoble après
un an de prépa lettres. Comme je ne savais pas bien encore quelle
voie choisir, la pluridisciplinarité des études à
Sciences Po me plaisait. Et de fait, c’était une vraie chance
de pouvoir se donner le temps d’approfondir -ou pas- certaines matières,
avec des enseignants de qualité et très accessibles. Je
me souviens des cours de sociohistoire du politique d’Olivier Ihl,
ou ceux sur la « question d’Orient » de JP Burdy, qui
font encore écho aujourd’hui quand on observe l’actualité
nationale ou internationale.
Plus généralement j’ai rencontré à l’IEP des personnes venues de plein d’horizons différents, sources de discussions d’une grande richesse. Et je repense souvent, aujourd’hui encore, à tous ces visages, même si j’ai malheureusement perdu le contact avec beaucoup.
L’IEP fut aussi l’occasion de m’investir dans l’enseignement en prison, ou encore de tenir des chroniques sur l’actualité à radio brume, la radio locale. L’audience devait être ridiculement faible, mais il y avait un vrai studio, une réelle exigence sur le contenu, j’ai adoré cette expérience ! D’ailleurs, certains de l’équipe en ont fait leur métier (coucou Philippe Lefébure et Benjamin Sportouch !)
Pour ma part, après l’IEP, j’ai poursuivi avec un DEA d’histoire contemporaine, puis une thèse à Sciences Po Paris, avec l’idée d’enseigner dans le supérieur.
Sur les conseils de mon directeur de thèse, j’ai d’abord passé les concours de l’enseignement, ce qui m’a amené à être nommé dans des lycées en Normandie puis en Bretagne.
J’ai découvert un métier passionnant, nécessitant une grande variété de compétences : le savoir universitaire bien sûr, mais aussi la gestion des comportements humains, individuels et collectifs, l’aisance oratoire, la réactivité, la gestion de projets. Mais un métier très exigeant aussi, qui demande un énorme travail caché, de préparation, de correction, de maîtrise des émotions, dont on n’a pas du tout conscience quand on est sur les bancs de l’amphi ou de la classe.
J’y ai connu l’immense satisfaction de voir des élèves grandir intellectuellement, s’ouvrir au monde, à l’esprit critique, ou tout simplement heureux de venir en cours.
Mais j’ai constaté aussi que c’était bien la seule gratification que l’on pouvait attendre. Les perspectives d’évolution dans l’éducation nationale sont limitées, et la gestion des ressources humaines quasi-inexistante.
Alors j’ai toujours essayé de me réinventer. J’ai par exemple choisi de passer une habilitation pour enseigner la matière « Droit et grands enjeux du monde contemporain », afin de voir un peu autre chose, puis d’enseigner la géopolitique quand celle-ci est devenue une spécialité. Je me suis intéressé très tôt aussi aux usages pédagogiques du numérique, en devenant formateur pour les enseignants et en me formant en parallèle à la conception e-learning.
Pour évoluer avec les manières d’apprendre des élèves, j’ai développé pour eux des Escapes Games numériques, des mini-sites internet, des blogs, puis une chaîne Youtube sur le droit et la géopolitique, qui compte aujourd’hui plus de 18 000 abonnés. Une activité qui me rappelle avec plaisir mes années de radio et j’ai encore plein de projets en tête pour faire vivre cette « communauté » !
Malgré tout, j’avais aussi besoin de sortir de la classe, de l’univers scolaire. Alors il y a 4 ans j’ai monté mon entreprise de digital learning avec laquelle j’accompagne les entreprises qui souhaitent digitaliser leurs formations. Je les aide à créer leurs propres parcours de formation et je créé pour elles des modules e-learning sur mesure.
Rien à voir, donc, avec l’éducation nationale : je touche à des domaines très variés : la santé, la sécurité, le droit, l’agriculture, le BTP… Mon rôle n’est pas d’être expert de ces sujets (ce sont les entreprises qui me fournissent le contenu « brut ») mais d’être capable de les comprendre, d’identifier les notions clés, et de trouver le meilleur chemin pédagogique pour les faire assimiler à travers une formation e-learning.
C’est cette variété qui me plait, et c’est là que je mesure aussi à quel point la formation de type Sciences Po m’est précieuse : elle m’a donné un esprit de synthèse, une capacité à aborder un sujet sous de multiples angles, à le mettre en perspective.
Le développement de cette activité fait qu’aujourd’hui je n’enseigne plus qu’à mi-temps, uniquement le droit et la géopolitique. Deux matières fondamentales et passionnantes pour aider les nouvelles générations à mieux comprendre ce qui se passe autour de nous, comment le monde change et quel rôle on peut y jouer.
Finalement que ce soit dans l’enseignement ou dans le digital learning, il n’y a pas une journée où ma formation à Sciences Po ne m’est pas utile. Et si j’ai un message pour les étudiants et étudiantes actuels, c’est bien de continuer au cours de leur carrière à développer cette capacité à apprendre en permanence, à s’adapter, à analyser un problème de différentes manières, c’est une vraie richesse dans un monde aussi mouvant que le nôtre !
Vincent PAUTHIER
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16/02/2025