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« Journaliste Independante »

 

Delphine BOUSQUET – 1997 PO - Journaliste Independante

Je suis sur mon vélo, un peu stressée évidemment parce que ce matin, je passe le Grand Oral. A moins de 10mn du campus, mon deux roues déraille. Je sais remettre la chaîne mais voilà que mes mains sont pleines de cambouis ! Arrivée à l’IEPG, dans tous mes états, j’attache mon vélo et fonce aux toilettes essayer de décaper l’enduit noir sur mes doigts. J’y arrive plus ou moins, mais je n’ai plus le temps, il faut aller dans la salle.

Le reste, le sujet, le jury, je ne m’en souviens plus. Ce cambouis est mon seul souvenir de cet examen si important quand on étudie à Sciences Po Grenoble.

Si j’écrivais le portrait de quelqu’un, je commencerai peut-être par cette anecdote. Des portraits, j’en ai rédigé mais faire le sien n’est pas chose facile. Aujourd’hui je suis journaliste indépendante, basée au Bénin depuis 14 ans. Mon chemin de vie m’a mené de Grenoble à Lille à Paris à Cotonou…. avec un fil conducteur : le journalisme.

LE JOURNALISME

Ce sont les images des premières élections libres en Afrique du Sud qui m’ont donné envie de faire ce métier. Notamment une vue aérienne montrant une interminable file en zig zag, tous ses citoyens noirs prêts à attendre un long moment avant de mettre un bulletin dans l’urne, geste historique. Je comprends que le journaliste peut-être témoin privilégié d’événements majeurs et qu’il doit recueillir la parole, toutes les paroles, pour le partager, faire vivre et comprendre aux autres. Alors au lycée, à Echirolles, dans la banlieue grenobloise, je crée un journal avec une équipe de copains. Bac littéraire, je tente Sciences Po Grenoble, puisque c’est la formation reine pour le journalisme et que c’est dans ma ville, et je fais potasser mon père sur le bouquin d’économie à lire pour l’examen d’entrée ! Mes 3 années, et la section politique, sont riches avec une interruption d’un an pour aller à Edimbourg en Ecosse. En 3e année, je décide de ne pas rédiger de mémoire pour me concentrer sur les concours des écoles de journalisme qu’on prépare ensemble avec des camarades qui ont le même projet. On suit l’actu, on dévore les journaux, on se partage des fiches. A la rentrée suivante, j’intègre l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille.

AVANT 2008, EN FRANCE

Ce n’est pas parce qu’on sort d’une des meilleures écoles en France que tout est tracé! Je bosse à Europe 1 pendant ma 2e année, spécialisation radio, mais je ne m’y sens pas à l’aise. Alors c’est parti pour les locales de Radio France et une accumulation de CDD et de piges. Coup de bol, je commence par un contrat à Guéret dans la Creuse au moment de la grande tempête de 1999. Je devais rester deux semaines, je ferai plus d’un mois à sillonner les routes, aller voir les Creusois, parfois isolés dans leurs fermes. Je crois que c’est là que s’est forgée ma conception du métier et que j’ai compris ce que je voulais faire par-dessus tout : aller sur le terrain et rencontrer des gens, c’est-à-dire du reportage ! C’est là aussi que mon goût pour la radio, sa simplicité technique, son immédiateté, la force d’évocation du son, se renforce. Marre des locales, je me pose à Paris et décroche des piges et des CDD comme présentatrice à Radio France Internationale, éditions Asie pour commencer (ce qui signifie démarrer à 22h et finir à 6h du matin)… Ma drôle de vie, à l’envers des horaires des autres, continue à RMC où je présente les journaux très tôt le matin. Et elle se poursuit à L’Equipe TV où je suis embauchée (enfin !) et chargée des éditions du week-end puis des matinales. Jusqu’à ce que je démissionne en 2008.

AU BENIN, PIGISTE ET PROF DE JOURNALISME

Pour venir m’installer au Bénin, pays de mon futur mari. Après des années comme présentatrice, c’est finalement sur le continent africain que je renoue avec le reportage. Le Bénin est un petit pays tranquille donc il faut trouver des sujets, les proposer aux médias, s’assurer qu’on soit payé (toujours mal en radio et en presse écrite…), bref, le quotidien du journaliste pigiste qui a la liberté mais aussi la précarité. Je travaille pour Libération, la Radio Suisse Romande, l’Agence France Presse puis RFI encore dont je suis correspondante pendant 5 ans. Ce terme « correspondant », les auditeurs et nos interlocuteurs ne le connaissent pas… on m’appelle la «représentante de RFI». 5 années passionnantes, à alterner entre actualité socio-politique et reportages magazine sur des sujets aussi variés que la migration, le vaudou, l’accès des femmes à la terre, car cette position permet d’être à une réunion de chefs d’Etat un jour, avec de jeunes codeurs informatique le lendemain, et des éleveurs peuls la semaine suivante !

Mais ces 5 années furent aussi épuisantes : en Afrique de l’Ouest, RFI a du poids et de l’influence, c’est par conséquent beaucoup de pression surtout lorsqu’on exerce dans des périodes tendues! Convocation à la présidence, coups de fils de ministres qui veulent s’exprimer, ou de personnalités qui organisent une conférence de presse à la dernière minute, la diplômée de Sciences Po découvre la politique politicienne sauce béninoise. Entre temps, je suis devenue maman et courir partout à tout moment, n’est plus possible.

Depuis mon arrivée à Cotonou, j’enseigne aussi dans une école de journalisme, le reportage télé et la présentation du JT. En 2018, j’arrête tout, l’actu et l’école. Je pense même arrêter le journalisme.

Et oui, le cap de la quarantaine est passé, je réfléchis à ce que je voudrais faire, à ce que je pourrais faire. Mais je ne trouve pas. Parce qu’en fait, j’aime vraiment ce métier ! Ne plus avoir la tête dans le guidon (décidément) me permet de réaliser le rôle que nous journalistes jouons pour changer les stéréotypes et les schémas de pensée. Et de décider que c’est via des formats plus longs, avec des récits que l’on choisit et construit qu’on peut donner une représentation plus juste, moins formatée et plus élaborée de là où on se trouve.

Aujourd’hui je continue les reportages pour RFI, France Inter, La Croix et son magazine La Croix L’Hebdo. En 2020, je gagne un prix du Centre International pour les Journalistes qui récompense un récit sur les Béninoises, qui travaillent en majorité dans l’informel, en temps de Covid. L’enseignement m’a aussi rattrapé puisque je rejoins l’équipe de la licence en ligne de l’ESJ à destination des consoeurs et confrères africains et haïtiens.

Reportage et formation : mon objectif est de trouver comment concilier les deux pour impacter le journalisme en Afrique de l’Ouest car il faut de plus en plus que les récits sur le continent soient pensés et produits d’un point de vue africain.

Delphine BOUSQUET
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01/04/2022

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