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« Faire Sciences Po pour devenir déménageur... »

 

Claude Noëlle TOLY (1980 EF) est Gérant chez Le Fanion Inc. à New York City.

 

J’ai eu mon bac très jeune, à 16 ans, avec aucune idée de quoi faire ensuite. Un prof que j’aimais bien au lycée m’a suggéré Sciences Po et l’idée m’a plu: “Sciences Po mène à tout” m’a-t-il dit...

Le campus de St Martin d’hères avec ses 30 000 et quelques étudiants, beaucoup d’entre eux, surtout à Sciences Po, étrangers et plus âgés que moi, m’a propulsée d’enfant à adulte en un clin d’oeil. Je venais de la campagne, j’avais passé 7 ans pensionnaire dans un lycée publique de la Drôme ; j’avais jusque là été couvée, encadrée à chaque minute presque de mon existence soit par mes parents soit par les surveillants du lycée. Je devais maintenant décider quoi et quand manger, à quelle heure me coucher et me lever, prétendre dans les cours en amphi que je comprenais tout, que j’étais cool et tout à fait à l’aise.

Tous ces changements pratiques dans ma vie m'ont tellement occupée pendant la première année que j’avais parfois l’impression que les cours étaient secondaires... Mais, l’année s’est passée. Je suis passée en 2nd année et Sciences Po a suivi son cours jusqu’au diplôme. Une fois Sciences Po terminé je ne savais toujours pas vers quel horizon me tourner... Je me retrouvais devant le même problème: et maintenant, je fais quoi ?.... Une perche m’a été tendue: dans l’été 81 un ami et moi avons décidé de partir découvrir les USA en auto-stop (c’était toujours un peu à la mode à cette époque, bien que sur sa fin). Ça a été le coup de foudre. C’était comme l’étape suivante naturelle sur mon chemin, celle qui me libérait finalement et totalement de mon enfance étriquée et limitée.

Le retour en France après deux mois a été dur. Au bout de quelques mois il était évident qu’il fallait que je reparte. C’était réellement comme être amoureuse et être séparée de celui que j’aimais. Personne autour de moi ne comprenait. Je n’étais pas malheureuse en France: je voulais juste retourner là où mon coeur était. La seule explication que j’ai jamais eue pour cette sensation si forte c’est que dans une vie passée j’ai dû habiter New York. Comment moi, une fille de la campagne, qui avait du mal à vivre en ville à Grenoble, pouvait-elle se sentir si bien dans une métropole pareille ? Tout me semblait familier, j’étais à l’aise, je me sentais enfin totalement “chez moi” et je pouvais y être vraiment moi. C’était Avril 1982. Nous sommes en 2020 et j’habite toujours NY que j’aime. Après des jobs variés et de courte durée, j’ai ouvert en 1987 ma propre galerie d’antiquités et de céramiques anciennes. J’y ai rajouté depuis des céramiques neuves, des tableaux, etc.

Au cours d’un de mes tous premiers voyages pour acheter des meubles, ma mère qui n’a jamais accepté ma “désertion” m’a dit: “avoir fait Sciences Po pour finir déménageur !!!”... Comme quoi cela prouve bien que mon prof de lycée avait raison: Science Po mène à tout ! Ma galerie m’a permis de venir en France plusieurs fois par an, de garder une intimité avec mes parents avec qui j’étais très proche. Mais surtout elle m’a fait découvrir le monde fabuleux des potiers français, un monde dont j’étais complètement ignorante auparavant. Ça a été un coup de foudre merveilleux. Ce sont des artistes avec un plus: ils ont cette relation directe avec la terre qui les rend organiques par évidence; ils sont ancrés dans la terre. Ce sont pour la grande majorité des gens qui ont une appréciation de la vie dans ses formes les plus simples mais essentielles. Cette connection organique en font des gens qui aiment partager, échanger, manger et boire, faire la fête, se rencontrer, raconter des histoires de potiers, rire; ils sont en parfaite symbiose avec le monde qui les entoure. Je les appelle des artistes-paysans. Ils ont un talent peu, ou tout du moins pas assez, reconnu et gagnent peu d’argent par rapport à ce talent.. Ils sont un monde à part, en marge. Mais quelles personnes extraordinaires, sincères. Au fil des ans je suis devenue leur ambassadrice aux US et nous avons une relation nous aussi qui est une symbiose parfaite entre la grande ville de NY et la campagne française !

Au fil des ans, j’ai développé une profonde gratitude pour mes années à Sciences Po. J’y ai appris à apprendre, à découvrir, à être ouverte à de nombreux sujets et le côté pratique de la section Economie et Finance m’a aidée dans la gestion de mon entreprise. Etre ma propre patronne m’a permis d’avoir du temps libre. Je l’ai occupé à voyager et à cultiver une certaine qualité de vie tournée vers une richesse intérieure plus que exterieure. J’ai éventuellement découvert le yoga et suis maintenant aussi prof de yoga. Et après ce long chemin le cercle commence à se refermer. Je me tourne de plus en plus vers la France, vers la région où j’ai grandi, où je me sens maintenant si bien, où j’ai tant plaisir à revenir et passer du temps, dans cette belle Drôme de mon enfance.

Claude Noëlle TOLY
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27/10/2020



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