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« Directeur de recherche, spécialiste de l'insécurité »

 

Sébastian ROCHE (PS 1983)

Pourquoi Sébastian Roché devient-il directeur de recherche, et pourquoi se spécialise-t-il sur l’insécurité ? C’est sans doute une affaire de rencontres, pour l’étudiant ouvert à tout qu’il fut à l’IEP de Grenoble : Frédéric Bon et Hugues Lagrange l’attirent vers le quantitatif, ils le poussent à se saisir d’un sujet émergent, le sentiment d’insécurité, encore bien peu familier dans les cercles intellectuels en général, de gauche en particulier. Son esprit contre-intuitif fait merveille, il pose de nouvelles questions, trouve de nouveaux objets. Une deuxième bifurcation se présente à lui quand Yves Schemeil le pousse à se rendre à Oxford, puis Princeton auprès d’Ezra Suleiman. A chaque fois, il soupèse les arguments de ses « tuteurs », et fait le bon choix, celui d’embarquer la famille dans une aventure à l’étranger, à une époque où ce n’était pas fréquent car les supports et les incitations manquaient. Il découvre la richesse de bibliothèques de recherche de haut niveau, la convivialité des clubs d’enseignants qui lui permettent de tester ses hypothèses et ses avancées dans une ambiance décontractée et égalitaire où l’on n’attend pas qu’un étudiant ait fait ses preuves pour discuter avec lui comme avec un collègue.

Sébastian est persuadé qu’il a constamment été guidé, et aidé – sinon, il n’aurait pas forcément vu toutes les opportunités offertes, il n’aurait pas trouvé tous les moyens nécessaires pour se lancer dans ces aventures (soutiens financiers, contacts, filières). Rétrospectivement, il attribue à ce bon départ un parcours en ligne droite : contrat doctoral de trois ans, recrutement au CNRS lors de sa 1ère tentative, bourse à Oxford, délégation aux Etats-Unis. Il y observe une police plus fragmentée que celle qu’il connaît, ce qui lui permet de mettre le système de police français en perspective, de perfectionner sa maîtrise des méthodes de recherche en usage outre-Atlantique dans le pays où se fabriquent alors tous les instruments qui dominent la littérature sérieuse, et d’écrire un premier article remarqué dans une revue internationale.

Avec de tels fondamentaux, il n’a aucune peine à publier quasiment un livre par an durant des années. Mais il regarde toujours vers le large. Quand on lui propose en 2007-2008, parce que l’on cherchait un spécialiste français de la police connu par ses publications en anglais, de rejoindre un poste de conseiller du PNUD à Ankara il accepte sans hésiter. Pendant trois ans il sillonne la Turquie pour appliquer ses connaissances théoriques à un nouveau pays donc à un nouveau système de police. Il a le sentiment justifié de pouvoir convertir ses idées en réformes. Cette expérience l’accrédite pour donner des conseils à des administrations sous l’ombrelle d’autres organisations internationales qui encouragent elles aussi des Etats à se réformer, notamment en Égypte et au Maroc.

Il n’aurait pas voulu vivre autrement. Il s’estime programmé non pour suivre un itinéraire précis (par exemple, devenir professeur de science politique), mais pour éviter de prendre des directions inopportunes, au risque de se trouver plus tard dans une impasse. Dans le maelstrom des propositions qu’il a reçues il s’est laissé glisser sans trop réfléchir à l’avance aux objectifs qu’il visait, en improvisant toujours avec beaucoup de lucidité et de vision. De toute façon, quand il y réfléchit, il est convaincu que sa vie professionnelle se serait située au carrefour du monde académique et du monde réel. Rester dans le 1er interdit d’agir efficacement dans le 2d. Choisir l’action, à l’inverse, c’est faire l’impasse sur la théorie qui la rend possible. De surcroît, pour être à l’origine de décisions publiques en France dans le domaine qui est le sien il faudrait être selon lui préfet ou encarté. Les experts y ont difficilement accès à la mise en pratique de leurs arguments.

Sébastian Roché voulait par principe faire davantage que former des étudiants et des professionnels. Associer la théorie à la pratique, c’est contourner cet obstacle ; s’être donné des objets marginaux dans la science politique française tout en les travaillant avec des méthodes « mainstream » a aussi contribué au succès de sa démarche. Vous aurez noté que son prénom est Sébastian, avec un « a » et non un « e » ; et que son nom est Roché, avec un « é », et pas un simple « e ». Déjà, son patronyme le distinguait d’autres étudiants et permettait de mieux se souvenir de lui dans la masse de tous ceux qui ont tenté d’avoir la même trajectoire, mais n’y pas sont tous arrivés. Il se distingue encore aujourd’hui aux yeux de ceux qui le connaissent moins bien que ses anciens maîtres par sa capacité à toujours se situer au-dessus de la mêlée des institutions académiques saisie par des rivalités incompréhensibles, à être ici et ailleurs, à se placer au carrefour de plusieurs approches : sociologie, criminologie, science politique.



Par Yves SCHEMEIL
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Sebastian Roché est docteur des Universités en Science Politique. Il est directeur de recherche au CNRS (Pacte-Institut d'Etudes Politiques de Grenoble), enseigne à l'Ecole Nationale Supérieure de la Police, à l'université de Grenoble et de Genève. Il a reçu plusieurs distinctions (Palmes académiques, Prix de l’association française de criminologie, Prix Habert, Prix de la Gendarmerie Nationale, médaille de bronze du CNRS). Ses travaux portent sur la sociologie du sentiment d’insécurité et des incivilités, l’analyse des politiques publiques de sécurité et la gouvernance de la police. Il a été chercheur invité à l’université d’Oxford (GB) et Princeton (NJ) et il est invité régulièrement à donner des conférences aux Etats-Unis, en Europe, en Amérique Centrale, Latine et en Asie. Il est également expert pour les Nations Unies, l’UE et des gouvernements de pays tiers. Il a participé ou dirigé des groupes de travail pour le gouvernement français : dans le cadre du Commissariat Général au Plan, Centre d’Analyse Stratégique, Premier Ministère ; mais aussi pour la direction Générale de la Gendarmerie Nationale ; enfin au ministère de la Justice, de la Culture. Parmi ses publications : "Le frisson de l'émeute, violences urbaines et banlieues" (Le Seuil, 2006), Politique et administration dans la formulation d’une politique publique. Le cas de la police de proximité, RFSP, 2009, 59-6 : 1147-1174. “Performance Management in France: a police or an electoral issue?”. Policing, a Journal of Policy and Practice, 2008, 2-3: 331-339.

12/06/2014


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