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« Informer, distraire et rendre service. C’est mon ADN journalistique »

 

Christian de Villeneuve, 1974 PS
Diplômé de l'IEP de Grenoble, il était le directeur des rédactions du groupe Lagardère. Arrivé à son poste début 2007 pour chapeauter l’ensemble des titres de presse du groupe, Christian de Villeneuve s’occupe en priorité de Paris-Match. Successivement rédacteur en chef du Reader’s Digest et du Parisien, il a commencé sa carrière au défunt Matin de Paris.
(Interview réalisée avant la nomination de Christian de Villeneuve à la rédaction du JDD)


- Jeune, vouliez-vous exercer le métier de journaliste ?

Devenir journaliste a toujours été une évidence. Je crois que j’étais en classe de 7ème lorsque j’ai formulé cette volonté pour la première fois. Et cela à la grande déception de mon père qui était notaire.

- Comment êtes vous rentré dans le métier ?

J’ai fait mes premiers pas en stage, au sein de la rédaction de Presse-Océan à Nantes et dans la presse des armées lors de mon service militaire. Puis, j’ai commencé ma carrière au Matin de Paris avant de rejoindre le Reader’s Digest. Je pensais travailler juste un an pour ce titre mais j’y suis finalement resté dix ans. Cette expérience m’a appris à faire le journal des lecteurs et non pas celui des journalistes. Le journaliste n’écrit pas un article pour être dans l’air du temps mais pour répondre à une triple mission : informer, distraire et rendre service. C’est mon ADN journalistique.
Ce parcours m’a mené jusqu’au Parisien. J’ai alors réalisé tout l’intérêt d’un journal grand public : apprendre rapidement l’essentiel au lecteur, sur tous les sujets, sans être vulgaire. J’adore les journaux grand public car il faut satisfaire un large échantillon de la population, du garde-barrière à l’ambassadeur.

- Selon vous, quels sont les critères pour être un bon journaliste ?

Le journaliste doit être positif. « Chaque matin, donner le goût du bonheur et le courage de se battre ». Ce slogan du Matin de Paris a guidé toute ma carrière. Même si les nouvelles peuvent être mauvaises, il y a toujours une raison d’espérer. Finalement, le journal doit être un compagnon de vie. Enfin, deux qualités sont indispensables pour un bon journaliste : aimer les gens et être curieux.

- En quoi consiste exactement votre fonction de directeur des rédactions du groupe Hachette Filipacchi Medias ?

Je suis là pour prendre le pouls des rédactions au sein des journaux et des magazines du groupe Lagardère. Stratégiquement, j’ai un œil sur tous les titres mais je suis opérationnel sur quelques-uns seulement. Je m’occupe prioritairement de Paris-Match car à mon arrivée, il fallait redresser un titre en sortie de crise. Avec le directeur de la rédaction, deux priorités guident notre travail : densifier le contenu du magazine et améliorer le confort de lecture. A l’heure du développement de l’accès gratuit à l’information, les lecteurs en veulent pour leur argent.

- Selon vous, quels sont les défis pour le journalisme aujourd’hui ?

Une vraie question se pose pour les journalistes : Internet va-t-il être le lieu de l’information ? Le problème d’Internet est de trouver un modèle économique stable. Je m’interroge encore pour savoir si la pub ne va pas aller davantage sur les sites de services que sur les sites d’information. Personne ne sait comment les gens s’informeront dans cinq ans mais je ne crois pas à la disparition du papier. Vous ne lirez jamais de très longs articles sur un écran d’ordinateur.
D’autre part, le journaliste n’a jamais été aussi nécessaire à l’heure où se véhiculent beaucoup trop facilement rumeurs, calomnies et ragots. Son métier consiste à valider et à donner le statut d’information à un fait après vérification. Le concept de journalisme citoyen est donc une bêtise. Etre témoin d’un événement ne donne pas le statut de journaliste.

- Vous faîtes désormais peu de terrain. Cela vous manque-t-il ?

Malheureusement, dès le début de ma carrière, j’ai fait très peu de terrain. Très tôt, Claude Perdriel, l’ancien directeur du Nouvel Observateur et du défunt Matin de Paris m’a dit que j’étais fait pour exercer des responsabilités.

- Dans quelles conditions travaille-t-on lorsque l’actionnaire principal de son journal est Arnaud Lagardère, le « frère » de Nicolas Sarkozy ?

Il y a beaucoup de fantasmes à ce sujet. Je ne suis pas offusqué si mon propriétaire ou mon actionnaire me dit : Ne crois-tu pas que…? Mais depuis que je suis ici, Arnaud Lagardère ne me m’a jamais rien dit. Dans tous les cas, j’exerce mon libre arbitre. Si mon patron n’est pas d’accord, il me vire.

- Lorsque vous étiez directeur de la rédaction du Parisien, des divergences vous ont opposé à votre adjoint, Jacques Espérandieu. Ce dernier a du quitté le quotidien au printemps 2005. Début 2007, à votre arrivée chez Lagardère, les mauvaises langues ont dit que vous souhaitiez le départ de Jacques Espérandieu, devenu le directeur de la rédaction du Journal du Dimanche…

Joker. Je ne veux pas évoquer le cas Espérandieu. Je me suis très bien entendu avec Jacques pendant plusieurs années. Nous avons très bien travaillé et puis il y a eu une violente rupture. Même si je suis directeur des rédactions, je ne m’occupe donc pas du JDD. J’ai tout de même une certaine idée de ce qu’il faut faire le dimanche.

- Votre écran de télévision diffuse une course hippique. Les courses sont une passion ?

C’est une récréation. L’information est diffusée toute la journée dans mon bureau en permanence, sauf de 14 heures à 17 heures où je regarde les courses hippiques.

- Quel bilan tirez-vous de toutes ces années de métier ?

Chaque matin, le journaliste ne sait pas de quoi sera faite la journée. C’est formidable. Le journaliste est l’historien du présent et doit être en éveil permanent. Je ne sais pas si je serai un jour à la retraite car mes vacances consistent à lire les journaux.


Ségolène de Larquier

2008 - Journalisme : 2008


Interview tirée du Magazine n°40 (Juillet 2008)



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