Béatrice CALO DURET (1986 EcoFi) a travaillé pendant de nombreuses années en agences media pour de grandes marques dans le secteur de la Toilette/Beauté, de l’Alimentaire, et de l’Electroménager – En 2010, elle décide de s’orienter vers le conseil annonceurs et se lance en freelance. Elle nous éclaire sur son activité : le conseil en stratégie des moyens et en achat d’espaces.
En quoi consiste exactement votre métier ?
Mon métier consiste à accompagner les annonceurs dans leurs
réflexions marketing/media, à les aider à définir
des stratégies media/moyens en phase avec leur projet d’entreprise,
leur stratégie de marque, puis à mettre en œuvre ces
campagnes et mesurer l’efficacité des actions menées
dans un cadre budgétaire.
N’est-ce pas le rôle des agences
media de conseiller les annonceurs ?
Les agences ont souvent des approches cloisonnées par media et
par métier, les prestations sont traitées par des experts
presse, des experts TV, des experts web, …. Ces intervenants ont
souvent une connaissance partielle de l’annonceur, de son marché,
de ses attentes.
Ils proposent ainsi des recommandations qui manquent d’intégration
avec la stratégie globale ; il est donc indispensable que le responsable
media chez l’annonceur valide la cohérence de l’ensemble
des recommandations.
En ce qui concerne les achats, les agences mènent les négociations
dans un cadre annuel avec subtilité et agilité mais un prolongement
au quotidien est indispensable sous la forme d’une collaboration
de proximité.
Le responsable media travaille aussi étroitement avec de nombreux
services internes : le CODIR, les études, la publicité,
les achats, le trade, les boutiques en ligne, le CRM, les community managers…
Vous êtes une forme de contre-pouvoir
?
Notre métier a fortement évolué ces dernières
années, avec la multiplication des points de contacts, la consommation
simultanée des media, la montée en puissance du digital…
Nous sommes encore en phase de test and learn sur certaines actions.
Il s’agit donc plutôt de mettre en place avec l’agence
media un partenariat gagnant-gagnant.
Ainsi l’agence s’appuie sur un interlocuteur chez l’annonceur,
qui connait bien son métier pour l’avoir pratiqué,
et qui la nourrit. En effet sa compréhension des problématiques
business, marketing, communication de l’annonceur est essentielle.
L’enjeu est de faire en sorte que la stratégie des moyens
qu’elle recommande s’intègre de façon cohérente
à la stratégie marketing/communication et réponde
aux enjeux business de l’annonceur.
Mon rôle est aussi de challenger l’agence sur les moyens recommandés
pour plus de pertinence, plus d’innovation, plus d’efficacité
et sur la stratégie de négociations pour veiller à
ce que les plans soient optimisés et que les indicateurs de productivité
des achats soient au rendez-vous.
L’échange est riche, constructif, quotidien, l’agence
media qui dispose d’outils performants me nourrit également
avec sa veille pro-active des media, sa veille concurrence, elle m’aide
à optimiser les budgets, à suivre les indicateurs de performances,
elle est force de proposition …
Vous évoquiez l’évolution
de votre métier, pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous vivons une époque passionnante car notre métier se
réinvente : la relation des consommateurs aux marques évolue
: plus de points de contact, des contenus liquides consommés en
mobilité d’un device à un autre, des comportements
multi tasking,…
Le nouveau défi des annonceurs est de trouver des expériences
à faire vivre aux consommateurs qui créent de l’engagement,
celui des agences est de délivrer des solutions intégrées,
performantes et innovantes pour servir ces expériences.
Et en ce qui concerne les achats d’espaces,
comment voyez-vous cette évolution ?
La aussi, la relation avec les régies évolue, nous leur
demandons plus de convergence dans leurs propositions, de réfléchir
à des espaces d’expression plus dynamiques qui intègrent
de l’espace classique, mais aussi du digital, des contenus qui peuvent
être délivrés sur différents devices.
J’ai travaillé avec la direction des programmes d’une
marque media sur un partenariat qui permette aux 2 marques : marque annonceur
et marque media de se nourrir et de se valoriser l’une l’autre…
Un autre exemple : lorsque l’on achète un espace classique
30s en télévision, non seulement on doit envisager la catch
up, mais surtout se demander comment ce message pourrait se décliner
pour servir la marque : susciter l’échange avec ses publics,
déclencher ou prolonger l’expérience de marque, …c’est
pourquoi la réflexion sur les contenus à délivrer
et les leviers digitaux à actionner est stratégique.
Et aujourd’hui, qu'est ce qui vous passionne
le plus dans votre travail ?
J’aime travailler au plus près des marques, réfléchir
à des modes de communication innovants, disruptifs, qui vont permettre
à la marque de se différencier ; le stress quand le décompte
d’une grosse campagne est lancé. Quelle satisfaction quand
les résultats sont au rendez-vous tant en termes de croissance
du CA, de productivité des achats, que de renfort de l’engagement
client, de sa fidélité, de l’image, de la création
de valeurs. J’aime aussi la richesse des rencontres, mes interlocuteurs
sont le plus souvent des directeur marketing ou de la communication. Ils
m’expliquent leurs problématiques, c’est à chaque
fois différent et passionnant : chaque mission est une nouvelle
aventure.
Pas trop dur de devenir freelance ?
Il faut oser et surtout ne pas se précipiter ; se donner du temps
pour structurer son offre de services, cultiver son réseau, identifier
les besoins des entreprises, apprendre à vendre ses services, se
nourrir de l’actualité de son métier en participant
à des salons ou à des rencontres professionnelles. L’avantage
est d’être autonome, de bénéficier d’une
flexibilité tout au long de l’année qui permet de
gérer idéalement sa vie de famille, sa vie personnelle,
et sa vie professionnelle ; c’est un privilège mais aussi
un défi enthousiasmant.
Sciences Po, c’est une bonne porte d’entrée
dans le conseil media ?
Ce métier a considérablement évolué ces dernières
années ; le responsable media, hier directeur conseil en espaces
classiques est aujourd’hui un vrai architecte capable de comprendre
les problématiques business, marketing et communication de son
client ; de mesurer les enjeux, et d’élaborer la stratégie
ad-hoc du moment.
Analyser, structurer, avoir une vision transverse des enjeux, communiquer,
convaincre, sont des pratiques quotidiennes dont l’apprentissage
a démarré sur les bancs de Sciences Po.
Ce sont de vrais atouts différenciateurs dans mon métier.
Béatrice CALO DURET
beaduret@orange.fr
28/03/2013