Lucas
GARDENAL, Amérique Latine 2013
Bonjour Lucas, deux ans et demi après avoir terminé votre Master "Amérique latine" à Sciences-Po Grenoble, que fais-tu actuellement ?
Bonjour, après avoir travaillé deux ans en VIA (Volontariat International en Administration) au Service Economique de l'Ambassade de France à Cuba, j'ai actuellement repris mes études et intégré le Master "Relations internationales et Diplomatie de l'Union Européenne" au Collège d'Europe de Bruges.
Avant de parler de ton expérience à Cuba, peux-tu revenir sur ton parcours ?
Oui, j'ai commencé par une licence d'économie-gestion à l'Université de Bordeaux, que j'ai terminé avec un échange Erasmus à l'Université de Iasi, en Roumanie. Contrairement aux clichés négatifs, la Roumanie est un très beau pays, c'est une véritable enclave "latine" en Europe de l'Est à laquelle on peut s'attacher facilement. De plus, les roumains sont très francophiles et beaucoup parlent même français. Par ailleurs, c'est aussi là que j'ai pu voir les effets bénéfiques de l'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenne et que je me suis intéressé aux sujets européens. Mais, comme j'avais toujours été attiré par l'Amérique Latine et que je voulais étudier les sciences politiques après ma licence, le Master Amérique Latine de l'IEP Grenoble m'a fortement intéressé. Il combinait les cours "classiques" de Sciences Po avec des cours centrés sur l'Amérique Latine et permettait en plus de faire deux mobilités à l'étranger.
Où as-tu réalisé ces mobilités ?
En Master 1, à la Faculté d'économie de l'Université de Buenos Aires. J'y ai perfectionné mon espagnol et puis étudié une vision de l'économie différente de ce que j'avais pu voir en France, ce qui était très enrichissant. Ensuite, en Master 2, à la Délégation de l'Union Européenne à Brasilia, au Brésil pour mon stage de fin d'étude. Le Brésil est un pays fascinant et travailler dans la diplomatie européenne m'a donné envie de continuer dans le secteur des relations internationales. J'ai aussi pu y apprendre le Portugais.
Revenons-en à Cuba, comment c’est passé cette expérience ?
Ce fut une expérience extrêmement enrichissante, notamment car le contexte actuel de Cuba est historique. Ce pays est en train de passer (difficilement) d'un système à un autre et c'était inespéré de pouvoir vivre tout cela depuis l'intérieur. Aussi, ce poste m'a donné la possibilité de prendre des responsabilités et de faire beaucoup de tâches différentes et intéressantes. J’ai beaucoup appris sur l’économie cubaine ainsi que sur le fonctionnement de la diplomatie française et tout le travail qu’il y a derrière les visites officielles, comme celle de François Hollande à La Havane en 2015 par exemple. Bien que les Volontariats en Administration soient peut-être un peu plus frustrant que ceux en entreprise (VIE), car les chances d'être embauché dans l’administration à la fin du contrat sont infimes, je recommande tout de même cette expérience car on est au contact d’autres institutions ou entreprises qui peuvent éventuellement représenter des opportunités professionnelles par la suite.
Alors, pourquoi as-tu choisi de reprendre tes études après ce poste ?
Je voulais intégrer le Collège d'Europe depuis plusieurs années déjà et après cette expérience professionnelle, je pensais que c’était le bon moment pour y postuler et reprendre mes études avec une autre maturité qu’en licence ou en master. J'ai donc posé ma candidature et été accepté, grâce au soutien de mes professeurs de l'IEP notamment. Aussi, à vrai dire, après deux ans passés à Cuba où l'on est en quelque sorte coupé du monde (pas d'internet, contrôle des medias, pénuries de divers produits…), la vie européenne me manquait un peu !
Peux-tu nous parler du Collège d'Europe ?
C'est une expérience très intense! Autant sur le plan académique, avec beaucoup de cours, conférences ou séminaires du lundi au samedi, voire les dimanches (!), que sur le plan social avec beaucoup d'associations étudiantes qui organisent divers évènements et soirées. Aussi, les professeurs ou intervenants sont de très haut niveau. Depuis la rentrée nous avons eu l’occasion de rencontrer 2 Premier Ministres, 2 Commissaires européens, une dizaine d’Ambassadeurs et d’autres personnalités très intéressantes. Au final, c'est une sorte de 'classe prépa' sur l'Europe mais avec une touche « Erasmus », du fait des 53 nationalités représentées et du multilinguisme quotidien.
Que comptes-tu faire par la suite ?
D'abord, terminer mon mémoire sur la place de
Cuba dans les politiques étrangères européenne et
américaine pour le Collège d’Europe. Ensuite, je chercherai
du travail dans les différentes institutions européennes
ou internationales, mais tout en gardant un œil sur le secteur privé
et les entreprises travaillant avec l'Amérique Latine, notamment
dans le secteur de l'énergie. En effet, lors de mon poste à
Cuba j'avais organisé un groupe de travail franco-cubain sur les
énergies renouvelables et cela fut très intéressant
de rencontrer les entreprises de ce secteur. Bien qu'ayant un profil "institutionnel"
et public, je pense qu'il est aussi important de savoir comment fonctionne
le secteur privé parce que beaucoup des solutions aux enjeux auxquels
sont confrontés les puissances publiques et nos sociétés,
dont la transition énergétique par exemple, passent également
par lui.
Lucas GARDENAL
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