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« Récit d’une carrière dans l’humanitaire »

 

Christelle LOUPFOREST (1994 PO)

J'ai obtenu mon diplôme de Science Po en 1994, après avoir complété les études grenobloises par une année ERASMUS au Trinity College de Dublin. Diplôme en poche, j’ai trouvé un stage au Centre des Droits de l'Homme à Genève au cours duquel j’ai travaillé sur la réalisation d’un manuel sur la création et le renforcement d'institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l'homme, publié en 1995. J’ai aussi traduit des publications au service de l’OMS.

En 1995, je pars comme volontaire des Nations Unies en Haïti où je passe 3 ans et demi. Je commence par six mois à Port de Paix dans le Nord-Ouest d'Haïti, où je visite les prisons, postes de police et tribunaux en vue de promouvoir la justice en conduisant des enquêtes sur les violations des droits de l'homme. J'organise aussi des formations sur les droits de l'homme en créole.

En Novembre 1995, le directeur Exécutif de la Mission Civile Internationale en Haïti (MICIVIH), l'Ambassadeur Colin Granderson me propose de devenir son assistante spéciale. Pendant trois ans, je le soutiens dans la gestion de la mission, les déploiements et rotations du personnel dans les provinces, la construction d'une équipe de management, les rapports avec le gouvernement haïtien en particulier le ministre de la Justice et l'Inspection de Police pour les cas de violations graves, les relations avec la mission de maintien de la paix qui est chargée de l’administration et du soutien logistique à la mission des droits de l’homme.

Comme la MICIVIH est une mission conjointe UN/OEA, l’OEA (Organisation des Etats Américains) nous demande aussi d'organiser l'observation des élections présidentielle, parlementaire et municipale. J'ai l'occasion d'accompagner M. Granderson dans les négociations avec le Président Préval et le Conseil Electoral Provisoire et de préparer la formation et les déploiements des observateurs de l’OEA sur le terrain. Je rédige le rapport de la mission d’observation électorale de l’OEA à partir des rapports de 300 observateurs sous la direction du Directeur Exécutif. Bref tout un travail pour soutenir la démocratie naissante en Haïti et les droits de l'homme.

Je suis contactée par le bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour remplacer l'assistance spéciale du Secrétaire-Général adjoint, partie en congé maternité. Me voilà transférée à New York où, en quelques mois, je découvre le fonctionnement de la grande bureaucratie onusienne, établie sur 39 étages. J’apprends comment fonctionnent le Secrétariat des Nations unies, le Conseil de Sécurité et l'Assemblée Générale à travers un prisme humanitaire.

Mon rôle consiste à gérer l'emploi du temps du Secrétaire-Général Adjoint, l'accompagner dans les réunions avec ambassadeurs et chefs d’agence humanitaires traitant des crises du jour, résumer les points essentiels et en assurer le suivi. Je dois aussi gérer sa correspondance externe et l’aider à gérer son équipe de directeurs et ses relations avec les autres départements Je croise parfois Bernard Miyet, également diplômé de Science Po Grenoble, qui est alors Secrétaire-General adjoint pour les opérations de maintien de la paix.

Au bout de cinq mois, je deviens « desk officer », chargée d'analyser les besoins humanitaires dans la Communauté des Etats Indépendants (les crises sont alors la Tchétchénie, la Géorgie et les problèmes liés à Tchernobyl). Puis on me confie l'Asie où je travaille sur la Corée du Nord et l'Indonésie alors en proie à des conflits internes et sur le Myanmar.

On me demande aussi de voyager en Haïti, Colombie et vers d’autres situations complexes. Mon travail consiste à mobiliser des ressources pour répondre aux besoins humanitaires décrits dans les appels de fonds, améliorer la coordination inter-agence et négocier avec les gouvernements des accords humanitaires pour faciliter l’accès aux victimes pour les organisations humanitaires.

En 2004, je deviens membre de UNDAC, « the UN Disaster and Assessment Coordination Team » qui me permettra ensuite de participer à des missions pour préparer ou répondre aux catastrophes naturelles au Suriname et au Bhoutan.

En 2004, je suis chargée des relations externes à OCHA et travaille pendant 5 ans sur les relations avec les gouvernements et le secteur privé pour mobiliser soutien politique et financier pour des programmes humanitaires à travers le monde. C'est une époque où je peux déployer toute ma créativité pour établir des partenariats, mettre sur pied des campagnes marketing pour mobiliser les consciences et les ressources pour l'aide humanitaire.

Enfin en 2010, je deviens chef d'équipe et gère un Secrétariat charge d'organiser les travaux de deux comités : le comité inter-agence connu sous le nom de IASC et le comité exécutif aux affaires humanitaires. Le IASC comprend la majorité des grandes organisations humanitaires. Ce forum est un lieu de collaboration entre les agences de l’ONU, les ONG et la Croix Rouge Internationale et décide des grandes orientations pour l’action humanitaire.

Quelques réflexions sur l'entreprise humanitaire et les carrières humanitaires :

C’est un secteur en croissance étant donné le nombre de conflits qui durent et forcent des millions de gens à fuir tout ce qu'ils ont pour survivre. Regardez sur Reliefweb pour voir les centaines de postes vacants et le type de profils recherchés. Il faut se spécialiser en fonction des tendances futures telles que l’urbanisation rapide.

C'est un secteur où les financements vont peu à peu aller de plus en plus aux organisations locales et beaucoup moins internationales. Certains donateurs trouvent que les organisations internationales coûtent trop cher et veulent transférer l’argent directement aux victimes.

C’est un secteur où les personnes en charge de la gestion humaine cherchent à recruter des gens de l'hémisphère Sud car il est perçu comme actuellement dominé par l'Ouest (beaucoup de Français, d'Anglais et d'Américains).

C’est un secteur confronté à une très grande insécurité qui limite les effectifs sur le terrain en particulier dans les conflits armés intenses. MSF a sorti un rapport en 2014 à ce sujet: « Where is everyone ? ». Il ya aussi d'autres risques (Ebola, Cholera) qui rendent les déploiements sur le terrain dangereux. Ce genre de carrière n’est pas toujours propice à la vie de famille. On a noté beaucoup d’attaques contre le personnel médical ces dernières années.

C’est un secteur qui a besoin de professionnels du développement car il faut créerdes opportunités économiques et mettre sur pied des services minimum dans les pays où les conflits perdurent.

Christelle LOUPFOREST
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26/08/2015


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