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« Un homme au service de la paix »

 

Guillaume Chartres, IEP 1999 EF.

Diplômé en 1999 de la section éco-fi de l’IEP de Grenoble et avec un DEUG d’histoire en poche, j’avais monté à l’IEP avec d’autres complices la Junior Entreprise qui n’existe plus aujourd’hui. Je me souviens que l’association des anciens était déjà très active avec Stéphane PUSATERI aux commandes et Jonathan MASCIAVE - on ne change pas une équipe qui gagne. Depuis ces années je travaille dans le secteur du développement et de l’assistance électorale et je réponds régulièrement aux questions d’étudiants de l’IEP ou d’anciens diplômés qui sont intéressés par ce secteur.

Après Sciences Po j’ai passé mon master en management à Sydney afin de polir mon anglais et j’aspirais à démarrer une carrière à l’international dans le management et le secteur de l’environnement ou de l'énergie. J’ai terminé mes études un mois avant le 11 septembre 2001 et par un concours de circonstances je suis entré en contact peu de temps après avec un ancien de l’IEP qui travaillait en Afghanistan. Il m’a fait rencontrer son employeur - ACTED – une ONG française qui m’a proposé d’aller le rejoindre à Kaboul. Le patron de cette ONG est un ancien de Sciences Po Paris. A ACTED on appréciait les jeunes IEPiens, et je me suis décidé le lendemain à partir pour l’inconnu à Puli Khumri en tant que logisticien, un poste dont je n’avais pas vraiment l’expérience. C’était un peu un défi, l’idée pour moi était de « vivre » 6 mois d’humanitaire puis de revenir à mon projet initial,… 10 ans après j’ai évolué dans différents postes mais toujours dans le secteur du développement et je ne regrette pas ce tournant du destin.

Avec ACTED j’ai commencé à développer un réseau d’amitiés et de confiance et à la fin de ma mission un ancien collègue m’a appelé pour travailler avec l’UNOPS - une agence des Nations Unies – comme coordinateur régional dans le programme de soutien aux premières élections Afghanes de 2004. J’ai rallongé mon séjour en Afghanistan et j’en ai profité pour y rencontrer ma femme. Je me suis ensuite spécialisé dans la gestion des missions électorales, ce qui avait comme double avantage de me faire travailler dans deux domaines qui m’intéressent tout particulièrement - le management et la politique - et toujours à l’étranger. J’ai ainsi participé à l’organisation des processus électoraux en Haïti en 2005, à Madagascar en 2006, au Soudan de 2007 à 2011 avec principalement le PNUD et l’UNOPS. J’ai aussi effectué des missions dans d’autres secteurs qui m’attiraient de par leur objectif ou leur localisation avec UNICEF en Indonésie sur la reconstruction post tsunami et dans le nord Caucase en Russie. Aujourd’hui je suis en Libye où je suis chef des opérations du projet d’assistance électorale du PNUD. Le 10 juillet dernier, les libyens ont pu voter pour la première fois depuis 50 ans et cela fut une belle réussite à laquelle je suis fier d’avoir pu participer.

En 10 ans, sur mes 12 missions, 10 d’entre elles me furent proposées par cooptation, les Nations Unies et les ONG restant des organisations avec des besoins particuliers, où qui se fait confiance se recommande à condition d’avoir les compétences. Mais la contrepartie et qu’il faut être très mobile, ne pas avoir peur de changer de travail, d’employeur, de collègues et d’environnement à chaque mission et à être prêt à être déployé d’urgence dans des pays pas toujours faciles. En Afghanistan et dans le Caucase l’insécurité était présente, au Soudan nous tombions souvent malades, en Indonésie nous habitions dans une cabane et en Libye on vit entre quatre murs. Mais il y a la contrepartie du privilège de rencontrer des populations souvent mal connues, de mieux comprendre leurs cultures, leurs aspirations et d’avoir une vision souvent différente de ces gens et de ces pays que ce que les média nous montrent parfois.

Je conseille toujours aux jeunes diplômés qui veulent travailler dans ce secteur de maitriser l’anglais, de ne pas avoir de complexes sur leur inexpérience et surtout de ne pas hésiter à aller sur le terrain par n’importe quel moyen pour se faire une réputation, développer un savoir faire et élargir son réseau, c’est là que vous montrerez votre vraie valeur. Il est bien sûr possible aussi de commencer par des stages, où des postes à faible responsabilité à Genève ou à New York dans les grandes maisons, mais il y a plus de monde et on apprend moins vite. Vu les conditions de vie parfois difficiles de ce genre de métier, il est toujours préférable d’apprendre à connaître les besoins du terrain en étant jeune et en bonne santé, pour pouvoir ensuite un jour éventuellement travailler au siège.

L’assistance électorale est différente de l’observation électorale que l’on connait mieux et qui consiste à envoyer des observateurs pendant une courte période (de 3 semaines à 6 mois). L’assistance électorale fournie à la commission électorale du pays un soutien technique et direct et participe à part entière à l’organisation des élections. Elle implique de faire venir des experts dans tous les domaines électoraux tels que en loi électorale, en logistique électorale, en éducation civique, en relations extérieures, en bases de données, etc. Elle permet également de soutenir les commissions électorales en leur fournissant du matériel électoral (urnes, isoloirs, bulletins de votes), de l’équipement de transport, de communication ou tous autres achats nécessaires pour réussir l’évènement. Cette grosse machine peut impliquer plus de 500 internationaux et des programmes de plus de 200 millions de dollars dans des pays en général post- conflit qui n’ont pas eu d’élections depuis des décennies et qui ont une très faible expérience électorale. Mon rôle y est de gérer les projets d’assistance électorale afin que l’argent des bailleurs de fonds puisse être utilisé pour former les ressources locales, acheter le matériel et organiser toutes sortes d’événements pour permettre la tenue d’élections les plus libres et transparentes possibles, tout en respectant les procédures des Nations Unies. C’est un exercice d’équilibriste car il faut concilier la lourdeur du système onusien, tout en fournissant un service aussi rapide et de qualité qu’une entreprise privée. Et c’est un stress permanent car une élection a lieu à une date précise et a toujours un calendrier trop court face a l’ampleur de la tâche. Il faut imaginer courir un marathon à la vitesse d’un sprint.

Et ça use, donc il faut du repos entre les missions qui est mis à profit à réactiver ses contacts et rechercher une nouvelle mission. Il faut se remettre en cause chaque année, mais c’est le prix d’une certaine liberté de travailler pour des projets à durée déterminée plutôt que fonctionnaire permanent des Nations Unies sans le choix de ses affectations et de la durée de son temps libre pour faire d’autres choses. C’est une précarité choisie, mais à risque limité car ce secteur recrute toujours plus de personnel grâce à la vague de démocratisation qui déferle sur le monde depuis la fin de la guerre froide.

En ce qui concerne la vie personnelle dans ce genre de métier, ma chance est que ma femme et moi travaillions dans le même secteur, alors nous réussissons souvent à être déployés dans le même pays, et si nous ne le sommes pas alors nous sommes capables de comprendre la réalité de l’endroit dans lequel l’autre travail. Cela a un net avantage quand on sait que l’ONU et les ONG ont un taux de divorce des plus élevé parmi les expatriés. En tout les cas, il vaut mieux avoir un(e) partenaire solide.

Nous attendons une petite fille pour décembre, alors 2013 pourrait être l’année d’un retour à mon objectif de départ, travailler dans le secteur de l’environnement ou de l'énergie entre la France et l’étranger, toujours dans le management et le développement de projet, ou en tout cas je l’espère dans un métier qui me fait rêver et vous donne l’excitation de vous lever le matin en vous disant que ça peut être utile aussi à l’intérêt général et aux générations futures.

Guillaume Chartres

05/09/2012

 



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