Iye-Ali MOUSSA (1981 PS - DEA Et. Pol. : 1982 - Doct Univ Sc Pol : 11/07/88)
Diplômé
de Sciences Po Grenoble en 1981, Moussa Iye-Ali se souvient de ses années
à Sciences Po comme des années de débats fructueux
entre enseignants et étudiants et d’une grande ouverture
d’esprit permise également par le contexte de l’époque.
Il décide d’intégrer Sciences Po Grenoble principalement pour sa formation pluridisciplinaire permettant d’acquérir une véritable culture générale et un socle solide de connaissances sur des sujets variés tels que l’histoire, la politique, la sociologie, l’anthropologie ou encore les institutions politiques. Il choisit la section “Socio- politique” pour sa diversité des enseignements.
Il retient de sa formation à Sciences Po Grenoble la liberté des débats au sein de l’Institut permettant de se construire un libre artiste solide et de renforcer son ouverture d’esprit, dans un contexte où toutes les questions pouvaient être posées et toutes les idées remises en causes.
Après sa formation à Sciences Po, il retrouve ses origines à Djibouti où il est à la fois pigiste pour un journal hebdomadaire et vacataire dans un institut de recherche en sciences sociales et humaines. En tant que personne issues de différentes origines culturelles, il choisit d’abord d'axer sa thèse sur l’interculturalité dans un contexte de globalisation. Cependant, en retrouvant ses racines djiboutiennes, il redécouvre les connaissances et les savoirs traditionnels de la corne de l'Afrique. Ainsi, il va mener un véritable travail de terrain auprès des dépositaires de ces connaissances orales et s’intéresser aux codes pénaux et contrats sociaux qui organisent ces sociétés. Il inscrit sa thèse de science politique soutenue en 1988 à Grenoble dans une logique de devoir de mémoire, car ces traditions orales peuvent parfois être menacées de disparition.
Ce travail doctoral prendra la forme d’un ouvrage intitulé “Le Verdict de l’arbre. Le xeer issa : essai sur une démocratie endogène africaine” qui est reconnu en 2024 par l’UNESCO comme un bien relevant d’une grande valeur patrimoniale et a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial matériel et immatériel de l’UNESCO. Cette candidature a été soutenue par la Somalie, l’Ethiopie et Djibouti, où il a ensuite beaucoup voyagé pour présenter son travail de recherche.
Par la suite il intégré l’UNESCO, où il occupe différentes fonctions. Tout d’abord, il est tout d’abord le coordinateur du programme “Culture de la paix” pendant trois ans à Addis Abeba et en Ethiopie. Puis il retourne au siège de l’UNESCO au sein de la section démocratie. En 2001, il est chargé de suivi de la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance à Durban en Afrique du Sud. A partir de 2003, il est chargé de l’élaboration de la stratégie de lutte contre le racisme.
Enfin, il postule au poste de chef du département histoire et mémoire pour le dialogue où il a trois missions principales.
Tout d’abord il est en charge de la finalisation des collections sur l’histoire générale de différentes régions du monde comme l’Afrique, l’Asie orientale ou encore l’Amérique Latine, s’inscrivant dans un réel travail de protection et transmission de la mémoire.
Sa deuxième mission porte sur le projet de la route de l’esclavage, qui étudie les processus, les résistances et les conséquences de cet épisode historique tragique.
Enfin, sa dernière mission porte sur les routes de la soie, où l’objectif est de comprendre le dialogue interculturel, religieux et scientifique existant le long de ces routes de la soie.
En 2020, il quitte son poste pour se concentrer sur ses projets personnels. Il fonde en 2022 un think tank nommé “Afrospectives” dont la vocation de repenser la présence africaine dans le monde et la contribution des africains à l’histoire de l’Humanité. « Afrospectives » entend mobiliser l’intelligence continentale et diasporique à travers la publication de livres et d’échanges pour participer activement à la réflexion et à l’action sur les enjeux contemporains. En 2024, il publie un livre intitulé “Beyond Mimicry, The potential of africain endogenous gouvernance systems”, où il examine de manière critique les systèmes de gouvernance endogènes africains et explore l’idée qu’il ne faut pas forcément reproduire les modèles de démocraties occidentales mais “élaborer des constitutions africaines propres aux cultures africaines”.
Son quotidien est aujourd’hui rythmé par
la gestion de ce think tank et de nombreux voyages dans la corne
de l’Afrique et les diasporas africaines.
Réalisé par Sidonie SAILLARD, étudiante
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30/01/2025