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« Un député expérimenté et reconnu pour la qualité de son travail parlementaire »

 

Christophe CARESCHE (1981 PS),
un député expérimenté et reconnu pour la qualité de son travail parlementaire.

Entretien avec Angelo LUSARDI, étudiant en M2 Carrières Publiques à Sciences Po Grenoble.

A la suite de sa scolarité à Sciences Po Grenoble, Christophe Caresche a décidé de poursuivre son parcours universitaire avec la réalisation d’une Maitrise de Sciences Politique à l’Université Paris I, avant de se lancer en politique et de devenir élu local à Paris.

Pour l’association des diplômés de Sciences Po Grenoble, il revient sur ses années d’études passées à Sciences Po Grenoble, sur son parcours à la sortie de l’IEP, sur son quotidien de député SRC de la 18ème circonscription de Paris, et enfin sur l’actualité politique.

D’ailleurs, c’est un peu par hasard que Christophe Caresche a décidé d’intégrer Sciences Po Grenoble puisque l’un de ses amis voulait y’aller. Finalement, il sera parti sans cet ami mais à deux tout de même. Durant ses trois années de scolarité à Sciences Po Grenoble, il a pu apprécier la qualité des enseignements au sein de la section politique. Il y a découvert la sociologie et un auteur en particulier qui l’aura d’ailleurs marqué : Pierre Bourdieu.

Ensuite, dans le cadre de sa poursuite de ses études universitaires à Paris I, il côtoya de grands chercheurs comme Pierre Baum et Bertrand Badie. Il décida aussi de faire un DEA qu’il n’aura malheureusement pas pu terminer en raison de sa volonté de faire de la politique.

Au cours de cet entretien, Christophe Caresche me confia que si ce n’était pas le cas, il aurait finis par faire de la recherche. Mais, la politique en a décidé autrement.
A la question de savoir si le pouvoir et la politique transcende, il me répond que la politique peut être très désespérante tout en se méfiant du pouvoir. En effet, il peut y’avoir un aspect narcissique et l’existence de dérives.

Mais, pour le député Christophe Caresche l’exercice du pouvoir est à la fois un travail dans lequel on s’épanouie, une responsabilité et une exigence de chaque instant. D’ailleurs, il considère que tout est factice en politique.

A.L : Le pôle des réformateursdont vous êtes membre a condamné le procès en trahison réalisé par les frondeurs. Que pensez-vous de l’attitude des frondeurs vis-à-vis du Gouvernement ?

C.C : Le procès fait par les frondeurs au Gouvernement Valls est un faux. En effet, on dit que le Gouvernement a mené une politique d’austérité, ce n’est pas vrai. La gauche au pouvoir fait-elle une politique de rigueur ?

D’ailleurs, les pays voisins de la France sont scandalisés par l’attitude de la France ces dernières années notamment en matièrede respect des engagements et critères budgétaires issus du traité de Maastricht (respect des 3% du PIB pour le déficit et des 60% du PIB pour la dette).

Cette critique à l’encontre de la politique économique du Gouvernement est donc fausse. Les frondeurs veulent faire exister un clivage artificiel qui n’existe pas dans la réalité. Les frondeurs ont une attitude conservatrice puisqu’il ne faut surtout pas réformer par exemple le droit du travail.

D’ailleurs, ils ne veulent pas assumer un nouveau compromis social.En effet, on est dans un pays animé par un certain inégalitarisme malsain qui n’aime pas la liberté d’entreprendre. Cet esprit s’explique par un vieux fond paysan et par l’existence d’une certaine gauche sectaire et moralisatrice.Je comprends assez bien ce que ressente beaucoup de gens de droite.

Ainsi, le Gouvernement mène une politique sérieuse et respectueuse s’inscrivant dans la réalité, c’est pourquoi il n’y a pas de politique alternative à Gauche.

A.L : Le Gouvernement n’aurait-il pas commis une erreur en mettant en place à mi- quinquennat des réformes économiques telles que le pacte de responsabilité et de solidarité afin de relancer la croissance en stimulant l’activité économique ?

C .C : L’erreur du début du quinquennat a été d’augmenter les impôts sous la pression des marchés. On a été incapable d’avoir une politique plus intelligente. D’ailleurs, je regrette que l’on ait fait trop en matière d’imposition.

Cela a eu, pour répercussion, un coup de frein et un vrai problème psychologique à travers un manque de confiance se traduisant par la fuite des cerveaux et par un arrêt des investissements. On aurait dû mieux répartir l’effort en augmentant les impôts et en réduisant les déficits publics.D’autant plus, que les salaires ont continué d’augmenter malgré la crise.

Ainsi, il aurait fallu faire un certain nombre de réformes dès le début du quinquennat notamment en matière économique avec le pacte de responsabilité et de solidarité qui a été mis en place trop tard. Je regrette qu’Emmanuel Macron n’est pas été nommé dès le début du quinquennat comme ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique pour réaliser ces réformes.

A.L : Le Président de la République a reçu récemment les frondeurs de la majorité pour leur réaffirmer que la politique économiquerestera la même. Quelle est votre réaction ?

C.C : D’accord, reste à savoir si le Président de la République considère que son quinquennat est terminé ou au contraire qu’il doit continuer sur un certain nombre de réformes. En ce qui concerne les frondeurs, il aurait fallu affirmer assez d’autorité à destination des frondeurs pour les faire réfléchir. Je regrette que les dirigeants du PS ne soient pas assez ferme. En effet, quand on est élu sur l’étiquette « majorité présidentielle », il faut par la suite faire en sorte que le Président et le Gouvernement réussissent dans leurs actions.

A.L : Pourriez-vous nous décrire votre quotidien de député SRC réformateur voire social-libéral ?

C.C : A l’Assemblée nationale, on a plus de capacité de peser et d’infléchir beaucoup plus de chose. C’est pourquoi, je suis un député présent à l’Assemblée nationale d’autant plus que j’ai décidé de ne pas avoir d’autres mandats locaux.

Ainsi, je passe beaucoup de temps sur le travail parlementaire à travers la rédaction de rapports parlementaires et l’audition en commission spéciale de membres du Gouvernement.

En ce moment, je fais partie d’un groupe de travail parlementaire en charge de réaliser un rapport sur la réforme des APL dans le cadre de la commission des finances dont je suis membre.

J’ai donc une vision assez claire et assez large sur beaucoup de sujets puisque je connais les questions de sécurité, de justice, d’écologie à travers les problématiques écologiques sur le logement et la taxe carbone.

De plus, depuis deux mandats au sein de la commission des Affaires Européennes, j’ai pu suivre les problématiques économiques et financières à travers le suivi du semestre européen et des textes sur l’union bancaire. Je m’occupe aussi du suivi du rapport du texte de transposition sur l’union bancaire avec les DADU. Par exemple, sur les directives européennes en matière d’open data, on va faire ce travail de transposition dans le droit national par ordonnances.

Autre exemple, le sujet de la médiation d’entreprise à travers le règlement extra judiciaire des conflits de consommation. J’ai pu découvrir le système de médiation en France marqué par une multitude de médiateurs, car on a des médiateurs d’entreprise, des médiateurs interprofessionnels et des médiateurs publics comme le médiateur de l’énergie.

La France a obtenu quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs avec le maintien de médiateur d’entreprise externalisé. On doit peaufiner l’architecture, c’est pourquoi j’ai décidé de mettre en place un comité de pilotage (COPIL) avec des parlementaires, des associations de consommateurs, le MEDEF. Ainsi, la ou il y’a un médiateur public, il ne doit pas exister d’autres médiateurs. Il est donc important de modifier ce système de médiation à la commission. Désormais, quand il y a un médiateur public, il ne doit pas y’avoir de médiateurs interprofessionnels.

A.L : Votre clip de campagne la CareschExpérience avait fait le buzz en 2012 puisqu’il a été visionné plus de 23 000 fois sur YouTube. J’ai lu dans de nombreux articles que vous aimiez bien la provocation, est-ce vrai ?

C.C : C’est un jeu médiatique. Une façon de se donner des moyens pour faire des choses.

A.L : Qu’attendez-vous du congrès de Poitiers qui se déroulera les 5, 6 et 7 juin prochain ?

C.C : Pas grand-chose. Comment un parti au pouvoir et aux responsabilités peut faire un congrès ? Soit il ne se passe rien, soit on se divise. Il faut faire un congrès avant et après l’exercice du pouvoir.

L’idée que l’on puisse changer de ligne à mi-mandat, est une idée folle. Cela consisterait à dire du jour au lendemain que la politique menée par les Gouvernements successifs depuis 2012 en particulier la politique économique ne serait pas la bonne. Il faut être schizophrène.

A.L : Pour que la gauche puisse s’imposer en 2017, vous demandez une grande clarification du PS. Cela ne risque-t-il pas de diviser les forces de gauche ?

C.C : Aujourd’hui, le problème de la gauche c’est qu’elle obéit à des règles très différentes qui font que ça n’est pas simple si vous êtes sur les positions de Manuel Valls. D’autant plus, qu’il y’a un problème de tempéramententre le Président de la République et le Premier ministre. Je me reconnais plus dans l’attitude et le comportement davantage dynamique de Manuel Valls.

Cependant, ce besoin de clarification est en cours du fait que la gauche se fracture avec l’exercice du pouvoir. Ce qui d’une certaine manière est tragique pour l’ensemble de la gauche.

A.L : Etes-vous favorable à la tenue d’une primaire en 2016 pour désigner le ou la futur(e) candidat(e) du PS à la présidentielle de 2017 comme l’appelle de ses vœux par exemple l’ancienne ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti ?

C.C : Je ne souhaite pas de primairepuisque le Président a vocation à se représenter comme le veut la logique institutionnelle et politique de la Vème République. Je suis un fervent défenseur de la logique parlementaire et institutionnelle. D’ailleurs, c’est une logique politique que les frondeurs ne veulent pas admettre, puisque la majorité et l’exécutif c’est un bloc.

Le problème de ces élections là c’est qu’elles sont très particulières puisqu’elles passionnent les foules.

A.L : A l’approche du premier tour des élections départementales, quelle est votre opinion sur la division des forces de gauche? D’ailleurs, le premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis dénonce un suicide politique de la gauche.

C.C : Je suis en faveur de la suppression des conseils départementaux en zone urbaine. La gauche est divisée dans des cantons ce qui signifie que l’on ne sera pas au second tour. Ces élections vont reposer sur une tripartition entre la gauche (PS et alliés), la droite (UMP-UDI) et l’extrêmedroite (FN).

D’ailleurs, Jean Guarrigues évoque une énième supercherie de l’histoire protestataire. Il y a une gauche, une partie des élus qui pensent pouvoir créer une alternative.Cette stratégie est suicidaire pour la gauche et eux-mêmes. Le pôle des réformateurs a pour objectif dans le cadre du futur congrès de porter une contribution reposant sur des idées réformistes.

A.L : Sur la métropole du Grand-Paris, vous avez déposé avec le député SRC Razzy Hammadi un amendement prévoyant que la métropole du Grand-Paris puisse donner son accord (avis conforme) aux PLU. Pourquoi cet amendement a-t-il été critiqué par le président de Paris métropole ?

C.C : L’association du Grand-Paris créée par l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, pour promouvoir la métropole de Paris est aujourd’hui le principal opposant du Gouvernement sur le projet du Grand-Paris. On avait fait un vrai saut dans la loi métropole avec une métropole très intégrée et ambitieuse. Les élus locaux se sont réveillés et ont fait pression sur un certain nombre de sujets dont il n’est pas acceptable de reculer notamment en matière de PLU.

Le texte arrive en deuxième lecture au Sénat puis en deuxième lecture ici afin que l’on remuscle un peu le texte.

Le problème de Paris est son morcellement politico-administratif en raison d’élus qui ne coopèrent pas pour des motifs purement électoralistes. C’est comme cela qu’a été créé un Apartheid, c’est la vraie réponse.

A.L : Avez-vous une idée pour la suite de votre carrière politique ?

C.C : Allez jusqu’au bout de mon mandat de député que m’ont confié les électeurs et électrices de la 18ème circonscription de Paris. D’ici là, on verra…

Angelo LUSARDI
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Bio express

Député PS de Paris depuis 1997.

Vice-président de la mission d’enquête de l’affaire Outreau en 2005.

Elu municipal du 18e arrondissement jusqu’en 2008 :
• d'abord en tant que premier adjoint au maire du 18e
• puis en tant qu’adjoint au maire de Paris en charge de la sécurité.

Co-fondateur du pôle Ecologique du Parti socialiste qui s'est constitué en 2008.

Fin 2011, j'ai rejoint la campagne de François Hollande, en charge des questions européennes.

Co-animateur du Pôle des réformateurs du PS.

Membre de la Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Vice-Président de la Commission des affaires européennes.

Membre de la Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi pour la croissance et l'activité.

Vice-président du groupe socialiste chargé des questions européennes.

Co-rapporteur de la mission d’information sur l’Investissement productif de long terme.

Président du groupe d’étude sur la Diversité et les discriminations liées à l'origine.

18/06/2015


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