Céline NADAL ép. TRUONG (2002 SP)
- Que retiens tu de ton cursus à l'IEP de Grenoble entre 1998 et 2002?
Je suis entrée en première année à l'IEP de Grenoble à 17 ans avec un bac scientifique, passé au lycée français de Dakar. J'étais donc assez loin de ma famille (il faut se rappeler que nous n'étions pas aussi connectés qu'aujourd'hui...) et la première chose qui me revient en mémoire lorsque j'évoque cette époque est que j'ai trouvé dans cette école un fort esprit d'entre-aide et de solidarité, et beaucoup d'amis.
J'avais choisi de passer le concours parce que j'étais curieuse des sciences humaines et politiques en général, et c'est la découverte du droit public qui fut le fil rouge de mes études finalement, section SP, avec une année à l'étranger sur une question des droits de l'Homme qui me passionnait : la santé des femmes. j'ai partagé cette année entre l'université de Warwick (GB) et un stage à Djibouti avec l'UNFPA.
Je retiens non seulement la richesse et la diversité de tous ces enseignements, mais également la rigueur, la méthode, et l'autonomie acquises qui sont encore le socle solide de ma "boite à outils" tous les jours au travail. Je me dis souvent qu'aucune autre école n'aurait mieux répondu à mes attentes pour cette formation initiale.
- Inspectrice des finances publiques... une vocation ?
Non, un concours de circonstance.
Comme pour beaucoup de métier du secteur tertiaire, personne bien sûr, enfant ou adolescent, ne rêve de devenir "inspecteur des finances publiques" - et très peu de citoyens en réalité connaissent le panel de missions de cette administration.
J'ai intégré la classe de préparation à l'ENA au sein de l'IEP en septembre 2002. Cette année était le prolongement des apprentissages et des travaux de troisième année d'une étudiante en SP, particulièrement exigeante, sous pression constante, mais réellement formatrice.
Lorsque nous nous retrouvons en septembre pour la semaine d'épreuves écrites du concours de l'ENA, un collègue de promo, qui avait passé et réussi le concours de catégorie A de la Direction générale de la comptabilité publique (à l'époque Inspecteur du Trésor public), nous en avait fait la pub. J'ignorais tout de ce qui se cachait derriere ce nom. Je me souviens encore qu'il était venu avec des plaquettes de présentation ! et dans la dynamique de préparation de concours dans laquelle nous étions, nous avons été plusieurs de notre promotion à nous être inscrits et avoir réussi ce concours dans les mois qui suivaient.
La raison principale pour laquelle j'avais accepté le bénéfice de ce concours plutôt qu'un autre, est que cette administration forme ses cadres pendant un an avant leur prise de poste, et que cette formation allait m'ouvrir encore des domaines inexplorés : la comptabilité, le droit budgétaire, l'analyse financière..
Mais devenir inspecteur des finances publiques c'est avant tout devenir fonctionnaire de l'Etat. Cela est valable pour tous les concours et signifie que l'on ne passe pas un concours administratif de catégorie A pour exercer un métier, mais pour acquérir un niveau de polyvalence et d'adaptabilité assez élevé pour en changer toute sa vie!
- Alors concrètement, que fait un inspecteur des FP ?
Comme je l'indiquais, il ne fait pas un seul métier.
La direction générale est finances publiques offre de ce point de vue un large champs d'activités : la tenue des comptes de l'Etat, l'exécution des dépenses et notamment la paie des fonctionnaire, le recouvrement des créances de l'Etat fiscales et non fiscales, la tenue des comptes des collectivités territoriales et des hôpitaux, le conseil financier et fiscal à ces partenaires, mettre en oeuvre la politique immobilière de l'Etat avec France Domaine, accompagner les chantiers de certification des comptes avec la cour des comptes, les chantiers innovants de l'administration numérique avec la dématérialisation des échanges et les moyens modernes de paiement... La DGFIP est issue de la fusion de la comptabilité publique et des impôts en 2008, ce sont donc désormais aussi tous les métiers de l'assiette de l'impôt, du cadastre, la lutte contre la fraude…
Pour illustrer ceci, à l'issue de ma formation j'ai participé trois années au programme de développement d'un progiciel sur un plateau informatique en région parisienne; actuellement je suis responsable au sein de la direction à la Réunion d'un (petit) service en charge de l'animation du réseau des trésoreries des collectivités locales. c'est à dire que nous sommes le 'back office' des centres de finances publiques pour la partie tenue des comptes et conseil aux collectivités, et donc le premier niveau d'assistance juridique et comptable de ces trésoreries, le lien avec l'administration centrale, le pilote des indicateurs. j'anime des réunions métiers et des formations.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les missions qui m'ont été confiées jusqu'à présent n'ont jamais été routinières, mais au contraire très évolutives dans un contexte de réformes structurelles et numérique. Enfin, ces métiers sont au coeur de la vie administrative française, et je précise que je ne suis pas tout le temps seule face à mes dossiers! mais au contraire en contact avec beaucoup de personnes.
J'estime que j'ai encore des choses à faire et à voir en tant qu'inspecteur, mais il existe bien entendu la perspective du concours d'inspecteur principal pour ouvrir plus grand l'éventail des métiers au sein de la même administration (les missions d'audit, d'encadrement supérieur), ou celle du détachement auprès d'un autre établissement public.
Je voudrais également signaler deux derniers
points forts que je ne voyais pas lorsque j'ai passé et choisi
ce concours : le premier est le maillage territorial de cette administration,
avec des centres des finances publiques dans tous les départements
et parfois encore en milieu rural; le second est la conciliation aisée
avec une vie de famille en reportant à plus tard la possibilité
de passer le concours A+.
Céline NADAL ép. TRUONG (2002 SP)
Afficher
son courriel
20/12/2013