Audrey MACCHI ép. DE LARAUZE (2001 PES
- DESS)
Audrey MACCHI (PES 2001 et DESS Métiers du développement social territorialisé 2002), par Audrey DE LARAUZE (la même, mariée, 18 ans plus tard, désormais DIRECTRICE PETITE ENFANCE ET VIE SCOLAIRE à la ville de Cachan)
Pourquoi Sciences Po ?
Mon entrée à Sciences Po Grenoble, c’était il y a 20 ans. Une autre époque déjà, où les résultats du concours tombaient par minitel et où l’on s’échangeait nos travaux de conf’ par Internet, qui faisait comme nous ses débuts (ah les joies du forfait 20h ADSL !).
J’ai choisi Sciences Po à 17 ans n’ayant aucune idée de mon orientation. Autant garder une voie généraliste le plus longtemps possible. Attirée par l’économie, les sciences sociales, l’histoire et les langues, j’y ai trouvé mon bonheur en découvrant pêle-mêle les joies de la vie étudiante (resto-U mis à part), la rigueur des profs (« 9 mn 52 de présentation, Mlle Macchi, il vous reste 8 secondes pour conclure ») et l’informatique (et oui, il fallait taper tous nos écrits, ce qui est maintenant une banalité). Le nez dans le Monde et la tête dans le guidon, je passe sans encombre la première année. Il est temps de choisir une orientation, je m’inscris en filière service public, pour garder une vocation généraliste et une dominante juridique et européenne.
Avec l’été, vient le temps de mon premier job étudiant (hourra, j’ai eu 18 ans!). Je travaille un mois à la Banque de France et n’en revient pas vraiment emballée. Au cours de l’été, je supplie le directeur des études, M. Falcoz-Vigne de me changer de section « pitiéééééééééééé je ne veux pas être fonctionnaire ! ». J’obtiens un laisser passer pour la section PES. Je n’ai aucune idée de la voie que je suivrai, mais les enseignements me passionnent. Je choisis un atelier habitat social et politique de la ville animé par M. Hofmann, qui m’ouvre son réseau et me permet de décrocher un stage à l’Opac 38. Une enquête de terrain dans une ville nouvelle, à la rencontre des locataires.
Déclic, je poursuis sur cette thématique en 3ème année, celle de spécialisation. J’oriente mes chois autour du logement social, du droit social, de la politique de la Ville, rédige mon mémoire sur le droit au logement. Diplôme obtenu j’intègre le DESS nouvellement créé à Sciences-Po, Métiers du Développement Social Territorialisé. Grâce au réseau des profs, je trouve un stage à l’observatoire associatif du logement de Grenoble. Je suis chargée d’études : statistiques, rapports d’activités, groupes de travail, je fais mes premières armes dans la vie professionnelle tout en poursuivant mes études. Je me créé un réseau. J’aime bouger, aller à la rencontre des professionnels, aller sur le terrain.
Premiers pas professionnels
Mon stage de DESS se termine en mai et je suis embauchée.
J’ai la chance de n’avoir pas eu à chercher de premier
emploi. Je boucle mon mémoire, passe ma soutenance en étant
en activité. 3 mois intenses. J’occupe des fonctions de chargée
d’études à l’observatoire du logement pendant
18 mois.
En parallèle, en DESS nos profs nous poussaient à passer
les concours administratifs. Même si j’étais toujours
décidée à ne pas être fonctionnaire, j’avais
suivi le mouvement et obtenu à 20 ans le concours d’attaché
que j’ai obtenu, sans trop savoir alors s’il me servirait.
En poste dans le milieu associatif, je suis les combats du DAL (Droit au logement) et des associations de défense des locataires, j’ai envie de faire bouger les choses, mais la voie associative me semble trop institutionnalisée par les pouvoirs publics (c’était l’objet de mon mémoire de DESS). J’ai 22 ans et me décide à aller au plus près des sphères de décision. Je quitte mon poste pour faire valoir mon concours dans la fonction publique.
Lauréate du concours mais sans expérience dans le milieu administratif, je ne trouve que des remplacements sur des postes de catégorie C. Douche froide salariale au passage mais qu’importe, je passerai par tous les grades s’il le faut. J’intègre une mission au CCAS d’une ville de 20 000 habitants, au service logement. Le directeur du CCAS, fraichement en poste, me pousse dans mes retranchements pour m’aider à prendre confiance, à parler en public, à rédiger des écrits professionnels. J’apprends le lien avec le politique, à tenir une position municipale auprès des partenaires. Un poste de catégorie A se libère en interne, DGA secteur social. Je postule sans trop y croire, mais je suis la seule candidature en interne. Je ne suis même pas reçue en entretien. Je peux avouer aujourd’hui, puisque le temps et le ton sont à la confidence, que par blessure d’orgueil je suis allée voir ailleurs.
Je trouve un poste à la communauté d’agglomération de Grenoble dans le cadre de la délégation des aides à la pierre. Tout est à construire, l’équipe est jeune, le secteur en développement, je prends mon envol mais le terrain me manque. Je découvre la gestion de budget, et pas les moindres, l’octroi d’agréments. Je dialogue avec les villes, les bailleurs, la Préfecture, la Région. J’élargis mon réseau à un large panel de collectivités. Bémol dans cette période, j’ai perdu la validité de mon concours, je fais partie des « reçus-collés ». En poste sur un emploi de catégorie B je n’ai pas été nommée.
En 9 mois, j’ai fait le tour de mon poste et me décide à chercher un poste d’attaché. Je traverse la rue (il ne s’agit pas d’une allusion à notre Président de la République, mais à l’époque la Métro et la Ville de Grenoble étaient séparées par une passerelle !) et intègre la Direction du logement de la Ville de Grenoble sur un poste d’attaché vacant. Me voilà donc à nouveau dans la démarche concours, avec un nouveau job. Je travaille sur le renouvellement urbain de la cité Mistral. Je découvre le management fonctionnel et le pilotage de projets. Je me forme en management je négocie, j’anime, je rends compte en gardant un pied sur le terrain.
Me voilà titulaire de la fonction publique. Oui M. Falcoz-Vigne, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je suis bel et bien devenue agent de la fonction publique territoriale. Me voilà également sur le départ.
Arrivée en Ile-de-France, où mon déroulé de carrière s’accélère
Ma vie personnelle m’amène à Paris. J’y retrouve mes sciences-potes. 10 ans ont passé depuis notre entrée à Science-Po et nous voilà presque tous en région parisienne. J’ai 27 ans et ma carrière décolle en 2 ans. Je trouve un poste de responsable de service habitat et manage une équipe de 5 personnes. Ville de gauche dans un département de droite je m’aperçois que la politique est plus présente en Ile de France dans les relations entre collectivités. Je recrute mon adjointe, mais à 2 nous sommes rapidement à l’étroit. Je souhaite évoluer, à la faveur de mon retour de congés maternité, on me propose une Direction. Je troque le logement social pour l’éducation.
Changement de périmètre de 5 agents à 400, et un service qui tourne pour une direction à restructurer, avec des domaines de compétence qui ne sont pas les miens. Je suis plus jeune et moins expérimentée que les chefs de service que j’encadre, j’en fais une force : je cherche à comprendre, passe du temps à leurs côtés mais aussi sur le terrain. La formation reçue à l’IEP me sert plus que jamais : à partir du terrain il me faut en un temps record analyser, synthétiser, identifier les problématiques, échanger avec les agents, les élus, chefs de service. Un regard neuf permet de bousculer les évidences, les logiques institutionnelles et de trouver d’autres réponses que « parce que c’est comme ça » à des pourquoi.
2014, année électorale, changement de majorité
politique et coup de balai de l’exécutif et de la Direction
générale. Pour moi c’est l’année la mise
en œuvre de la réforme des rythmes scolaires qui impacte très
fortement les organisations et métiers. Alors que le projet était
quasiment bouclé tout est à reprendre en 2 mois. S’ensuit
une année particulièrement difficile, je tiens un an et
change de collectivité.
Le métier de Directeur de services à la population, la fonction
publique territoriale
Voilà 9 ans désormais que je travaille dans en tant que Directrice de l’Education, dans diverses villes avec différents périmètres selon les collectivités : restauration, entretien et personnel de service des écoles, accueils de loisirs, centres de vacances, petite enfance (crèches). Depuis 2015, j’ai changé deux fois de collectivité, eu des moments de doute, parfois eu l’envie de reprendre mes études et de changer de voie.
En poste depuis un an désormais à la Ville
de Cachan, les doutes sont balayés. J’aime mon métier
qui a du sens, servir la population, qui est basé sur l’humain.
Si les journées et les années scolaires se suivent elles
sont ne se ressemblent pas.
Etre Directeur dans la fonction publique c’est aider à la
décision des élus, mesurer risques et avantages, intégrer
les contraintes budgétaires et environnementales, évaluer
les politiques et projets mis en œuvre, développer de nouvelles
actions en maitrisant les budgets, le défi est de taille, la formation
reçue à Sciences-Po est un atout.
L’avenir professionnel, 20 ans après Sciences-Po
La fonction publique territoriale permet d’être acteur de sa carrière et de son parcours professionnel. Je suis loin d’avoir fait le tour de mon poste, mais pourrai évoluer vers un autre poste de Direction, pour mettre d’autres cordes à mon arc. Dans quelques années, peut être un poste de Directeur général adjoint. J’ai déjà été approchée pour ce type de poste, mais pour l’heure j’ai à concilier deux emplois à plein temps, celui de maman de deux jeunes enfants et de Directrice Petite Enfance !
Mes conseils aux jeunes diplômés (es)
Les premières expériences peuvent faire la différence pour un premier emploi : jobs d’été, stages réseau, mettez toutes les chances de votre côté. La plupart des profs de sciences-po n’hésitent pas à ouvrir leur carnet d’adresses, tous comme les anciens de Sciences-Po.
Si vous ne trouvez pas non plus le premier poste de vos rêves, un poste moins intéressant qui vous mettra le pied à l’étrier, vous donnera confiance, vous aidera à préciser votre projet ou à élargir votre réseau peut vous permettre de chercher sereinement le job d’après en étant déjà en activité professionnelle.
Enfin, l’Ile de France offre de formidables opportunités.
Je n’aurai pu accéder à un poste de Direction à
30 ans en restant en région grenobloise. Les collectivités
d’Ile de France n’hésitent pas à recruter des
profils juniors y compris sur des postes à responsabilité.
Audrey MACCHI
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