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« Catherine GIRARD, le souffle de l’innovation sociale »

 

Catherine GIRARD (SP 1986) - Directrice de la cohésion sociale et du CCAS d'Amiens - Vice-Présidente Anccas et Déléguée Hauts De France à Amiens Métropole.

Quel a été votre parcours scolaire et professionnel ?

Ma formation, mes activités professionnelles et associatives sont intimement liées.

J’ai fait mes études à l’IEP de Grenoble (SP 1986), où j’ai rencontré des personnalités qui m’ont marquées. Je pense à Etienne Lapassat, qui était à l’époque maire de Romans, ou Patrick Labeaune. Tous deux m’ont donné le goût du service public et des collectivités locales. J’ai ensuite fait une année de prépa ENA à l’IEP de Paris. En parallèle je m’occupais d’un mouvement étudiant au niveau national. Ce n’était pas une sinécure en pleine réforme universitaire (loi Devaquet), mais cette expérience a été extrêmement formatrice. L’année suivante, je suis devenue attachée parlementaire, et avec Georges Colombier, j’ai découvert que la politique était un art noble, au service de ses concitoyens.

Puis j’ai été pendant douze ans responsable académique d’une mutuelle étudiante. J’y ai appris l’art du management, que l’on ne nous enseignait pas à l’IEP à l’époque, ainsi que les techniques de promotion et de vente. En parallèle, je me suis impliquée dans un syndicat professionnel. J’y ai découvert le paritarisme, comme vice-présidente de la Caisse d’Allocations Familiales de Grenoble, puis des ASSEDIC Vallée du Rhône et de la Loire, et les questions sociales.

J’ai rejoint la ville de Vienne en 2000, comme directrice des Affaires Sociales et du CCAS, puis DGA en charge des Affaires Sociales, de la Culture et de la Promotion de la Ville. J’ai pu contribuer à réformer les structures sociales et culturelles locales et favoriser le lien entre ces deux univers, qui ont tout à s’apporter mais ne se rencontrent pas assez souvent.

Depuis 2011, je suis Directrice de la Cohésion Sociale et du CCAS d’Amiens. J’ai contribué notamment à l’élaboration et la mise en place du projet social du territoire, appelé Pacte pour le Bien Vivre à Amiens. Parallèlement je m’implique au sein de l’Association Nationale des Cadres Communaux d’Action Sociale (ANCCAS), pour développer ce réseau professionnel.

Que vous a apporté votre passage à l’IEP de Grenoble ?

J’ai adoré mes années à l’IEP de Grenoble. Nos enseignants étaient des personnalités. Je pense notamment à Pierre Broué, Pascal Perrineau, ou François d’Arcy. Ce dernier nous avait dit quelque chose que je n’ai jamais oublié : «écrivez tous les jours quelques lignes ». Depuis je m’efforce de suivre ce conseil, ce qui me permet structurer ma pensée et de faire partager mes idées. Je coordonne une équipe de 12 auteurs pour les éditions Weka, et nous avons rédigé un ouvrage intitulé « le projet social local » dont la 3e édition vient de sortir : le parfait manuel du cadre de Centre Communal d’Action Social (CCAS) innovant, où comment faire autrement dans un contexte économique contraint! D’autre part je rédige des notices historiques en m’inspirant de la méthodologie que m’a transmise Pierre Bolle.

Mais au-delà des enseignements, qui étaient de grande qualité, nous avions une vie associative très riche. Je me souviens avoir organisé le congrès national de mon mouvement étudiant, mais aussi des soirées, des conférences. Je me souviens notamment avoir fait venir Maurice Couve-de-Murville, ancien premier ministre, pour parler des relations internationales). C’était le premier grand évènement que nous organisions, pour nous cela représentait beaucoup.

Légende de la photo
Conférence de Maurice Couve de Murville IEP Grenoble 1985
De gauche à droite :
Valérie Grand, Laurence Confort, Lionel Faure, François-Pierre Salamand, ?, Olaf Babinet, Maurice Couve de Murville, Jacques Pichoud, Philippe Decottignies, Bertrand Lachat, Catherine Girard, Damien Guiguet.

 

L’IEP était aussi un lieu d’échanges bouillonnant et j’ai appris l’art du débat en argumentant face à Laurent Lesager, Laurent Furst, Jérôme Leyraud, et bien d’autres. Ces discussions étaient très animées, mais nous étions aussi tous très respectueux les uns des autres. L’IEP donnait à chacun d’entre nous la liberté de créer, de s’ouvrir sur le monde, et c’était une grande chance, car l’université n’était pas aussi ouverte sur l’extérieur à l’époque.

Qu’en est-il du métier de cadre de l’action sociale communale ?

Dans un contexte de crise économique et de vieillissement de la population, la baisse des crédits de l’Etat, oblige les communes à rechercher de nouvelles formes de réponses sociales de proximité : mutualisation des moyens, meilleure coordination des acteurs sociaux du territoire, adaptabilité aux nouvelles technologies dans la réponse au public, etc.

Développeur ingénieux au service du triptyque « habitants, élus, collaborateurs », le cadre de l’action sociale communale doit être un spécialiste des questions sociales locales mais aussi un manager du changement. La recherche de l’optimisation des moyens est devenue une activité essentielle. Mais elle doit aller de pair avec une vision stratégique et une anticipation indispensable compte tenu de la résistance au changement inhérente à chaque collectivité.

Le profil « d’ingénieur ingénieux » des futurs cadres de l’action sociale doit s’inspirer de la démarche d’innovation frugale consistant à répondre à un besoin de la manière la plus simple et efficace possible en utilisant un minimum de moyens. Elle est souvent résumée par le fait de fournir des solutions de qualité, d'innover mieux avec moins. Ce concept repris par les adeptes du « JUGAAD » (mot hindi qui veut dire débrouillardise) est pour l’instant peu compatible avec la lourdeur des procédures administratives. Faire "mieux avec moins" c’est le challenge à relever !

Le cadre de l’action sociale, doit aussi coordonner, animer le territoire communal. Le management par projet constitue une révolution culturelle, et un enjeu essentiel. Enfin il doit évaluer et promouvoir les politiques sociales du territoire, et développer une stratégie de « marketing social» pour une population de plus en plus au fait de ses droits, de ses attentes.

Dans ce contexte, le réseau professionnel revêt tout son intérêt, et l’ANCCAS joue parfaitement son rôle. (anccas.fr)

Quel message pour les élèves actuels de l’IEPG ?

Les métiers de l’action sociale sont en pleine révolution. Les communes et intercommunalités recherchent des cadres tournés vers l’innovation sociale, la réforme des organisations, et le développement de projets. Ces derniers doivent être capables de favoriser les partenariats pour rendre l’action publique plus efficace et plus lisible. D’autre part, une génération entière de cadres de l’action sociale va partir à la retraite dans les dix prochaines années. Le renouvellement des décideurs sociaux a déjà commencé.

Ce contexte offre de réelles opportunités pour les élèves de l’IEPG. Dans la perspective des prochaines évolutions en matière de décentralisation sociale, nous aurons besoin d’une génération dynamique, innovante, capable de construire l’Europe sociale, et de réussir les nouvelles réponses sociales de proximité.

Vous l’aurez compris, dans le secteur social souffle le vent de l’innovation ! Engouffrez-vous dans ce mouvement !

 

Catherine GIRARD
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13/12/2016


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