Thomas Bertrand, 2004 PO
Il a grandi dans la commune. Il y a cinq ans, il est parti au Japon
pour ses études et n’en est jamais revenu.
Je ne pensais pas rester au Japon plus d’un an au départ.
Le travail et les rencontres ont fait que j’y suis toujours, marié
à une Kyotoïte ». Thomas Bertrand, 27 ans, ne compte
pas revenir vivre à La Tour-en-Jarez. C’est pourtant là
qu’il a grandi. Et sa terre natale lui manque. Sa famille et ses
amis bien sûr. Mais aussi la cuisine française et le climat
: « Il fait très chaud et humide à Kyoto l’été
», précise-t-il. Il revient pourtant dans la commune deux
fois par an. « Et bien sûr, à chaque fois, j’espère
pouvoir assister à un match des Verts ! Je suis un peu déçu
des résultats actuels, surtout avec Matsui, qui est originaire
de Kyoto… » Mais la culture japonaise l’a séduit
d’emblée. « Tout Français remarque, dès
l’arrivée à l’aéroport, la qualité
extraordinaire du service. La politesse et le respect quotidiens sont
essentiels au Japon. Être au Japon, dans un pays où les
étrangers sont très minoritaires, permet de mieux comprendre
ce que veut dire sa nationalité », dit-il, philosophe.
Salarié puis travailleur indépendant, Thomas Bertrand
n’a eu qu’un rêve pendant ces cinq années passées
au Japon : créer son entreprise. Un rêve qu’il vient
de réaliser. « L’attrait pour les produits japonais
en France et la culture japonaise en général m’ont
toujours fait penser qu’il y avait de nombreuses opportunités.
C’est vrai aussi dans l’autre sens : l’image de la
France est plus que bonne au Japon. Cela facilite le commerce ! »
Forts de ces constats, Thomas Bertrand a donc créé, il
y a deux mois, un site marchand, www.bentoandco.com. Il y vend des boîtes
à bento. « Généralement, il n’y a pas
de cantine scolaire au Japon. Les enfants apportent donc leur déjeuner
préparé le matin par leur maman. C’est le cas aussi
de salariés qui ne souhaitent pas manger dans un restaurant à
midi. » Le bento est le contenu. C’est le contenant que
propose son site. Des boîtes « que tous les Japonais possèdent
», jolies, gaies, colorées, pratiques et de différentes
tailles. « Elles permettent de contrôler les calories avalées,
puisque l’espace de la boîte est déterminé,
et de faire des économies, puisqu’elle permet de ne pas
manger au restaurant. Préparer un bento, c’est être
inventif et varier les plaisirs, qu’ils soient visuels ou gustatifs
», explique Thomas Bertrand. En deux mois, les boîtes de
Bento & Co (de 3 à 33 euros environ) ont séduit plus
de 500 clients. « Nous avons déjà envoyé
deux ou trois colis vers Saint-Étienne », sourit Thomas
Bertrand.
Un retour aux sources grâce au design
Tout a commencé il y a cinq ans. Thomas Bertand part effectuer
sa dernière année universitaire à Kyoto. «
Cette année terminée, j’ai été diplômé
de l’Institut d’études politiques de Grenoble et
j’ai choisi de rester à Kyoto pour me perfectionner en
japonais et y vivre mes premières expériences professionnelles
», se souvient-il. C’est au sein d’une compagnie japonaise
spécialisée dans le design qu’il décroche
un emploi. « Je m’occupais des ventes à l’étranger.
Dès mon arrivée, j’ai établi un dossier pour
que la compagnie participe à la Biennale du design en 2006. Une
belle occasion de rentrer, grâce au travail ! », s’exclame-t-il.
En dehors de ses heures de travail, il lance un blog sur Kyoto (http://lariviereauxcanards.com).
« Celui-ci est devenu assez populaire auprès des amoureux
du Japon et cela m’a permis de pouvoir développer une activité
professionnelle en indépendant ». En effet, il a travaillé
pour une agence de voyage parisienne spécialisée dans
le Japon afin d’écrire un guide sur les bonnes adresses
de Kyoto.
© autorisation La Tribune - Le Progrès - Edition St Etienne.
10 février 2009
Mélina Rigot
mrigot@leprogres.fr
Interview tirée du Magazine n°42 (Juin 2009)