Benjamin
BECHAUX, 32 ans, diplômé de l'IEP Grenoble (2004 PO), est
directeur de la communication de la ville de Lille depuis deux ans. Rencontre
avec un passionné.
Dircom d'une grande ville de France à
30 ans, c'est peu fréquent. Quel a été ton parcours
?
J'ai été diplômé de Sciences Po Grenoble en
2004. Après une première expérience aux Etats-Unis,
je me suis spécialisé en communication politique à
la Sorbonne et en politique comparée à Sciences Po Paris.
Cela m'a permis d'intégrer immédiatement un institut d'études
et d'opinion. Très instructif pour développer ses capacités
d'analyse, mais cela manquait un peu d'action à mon goût.
En 2007, le directeur de cabinet de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire
d'Etat chargé des Affaires européennes m'a proposé
de rejoindre son équipe pour préparer les échéances
de la Présidence française de l'Union européenne.
Je n'ai pas hésité une seconde. Niveau action, j'ai été
servi! Ce fut passionnant et épuisant. Une formation accélérée
pour découvrir les joies (et les peines!) de la vie de cabinet,
la pression quotidienne, des enjeux politiques forts. Nous avons organisé
toute une série de grands débats en régions pour
sensibiliser les citoyens aux enjeux européens. Au total, des dizaines
d'ateliers, forums, débats, pour près de 10 000 participants,
120 articles de presse, 4 émissions de TV. Bref, ce fut un beau
dispositif pour mettre la société civile en mouvement. Et
la présidence a été unanimement saluée en
France comme en Europe...
… Mais Jean-Pierre Jouyet a quitté ses fonctions…
Oui, une fois la présidence terminée, le Ministre a souhaité
retrouver sa liberté. L'arrêt fut un peu brutal. Dans ces
cas-là, il faut savoir rebondir vite et bien!
Au Service d'information du gouvernement ?
Le Service d'information du gouvernement (SIG) avec qui je collaborais
depuis le Quai d'Orsay m'avait déjà proposé de les
rejoindre. Quand Jean-Pierre Jouyet a annoncé sa démission,
c'était le bon timing. L'aventure a duré près de
4 ans. Le SIG est relativement méconnu du grand public. C'est pourtant
l'édifice central de la stratégie de communication gouvernementale.
J'ai orchestré de très nombreuses campagnes de communication,
sur les thématiques de la santé, de l'éducation,
de la culture, rencontré les meilleures agences de communication,
développé tout un champ de compétence en com, aussi
bien sur les volets prints que digitaux, les créas, plans média
etc. C'est aussi un poste privilégié pour s'apprivoiser
à la complexité de l'appareil d'Etat.
Et Lille alors ?
J'avais très envie de porter l'intégralité d'une
stratégie de communication. Un ami (ancien de l'IEP) collaborateur
de Martine Aubry m'a indiqué qu'elle cherchait un nouveau directeur
de la communication pour sa ville. J'ai postulé, passé plusieurs
entretiens avant d'être reçu par le Maire pour évoquer
les contours du poste et l'ensemble des chantiers à venir. Le courant
est bien passé. Le challenge était fort : piloter une direction,
développer une communication nouvelle et de proximité, pour
une ville en pleine mutation. A mon arrivée, j'ai découvert
une équipe de qualité qui avait besoin d'être restructurée,
rassurée sur son champ d'action et sur son expertise. Ensemble,
nous avons remis à plat les process pour repositionner la communication
au centre du jeu et des décisions stratégiques. J'ai étoffé
l'équipe avec des professionnels d'expérience et de jeunes
diplômés bien formés et motivés. Nous avons
en quelques mois élaboré une nouvelle identité visuelle
pour la ville, refondu intégralement le journal municipal (primé
depuis) et retravaillé l'ensemble des supports. Les Lillois sont
désormais au cœur de notre communication pour informer, expliquer
et assurer le rayonnement de la ville. Aujourd'hui, nous développons
des stratégies de communication multicanal avec une présence
renforcée sur les réseaux sociaux et prochainement une nouvelle
offre numérique pour tous les Lillois.
Qu'est-ce que l'IEP t’a apporté dans ta (jeune) carrière
?
Tous les fondamentaux : le sens de l'analyse, le souci de la synthèse,
une curiosité sur le monde, les enjeux publiques ou sociétaux…
Et du réseau ! Dans un monde du travail hyper concurrentiel, le
réseau ne fait pas tout, loin de là, mais c'est un levier
essentiel pour identifier les bonnes opportunités.
A 32 ans, quelle sera la prochaine étape ?
Je l'ignore, il y a encore beaucoup à faire ici. Le champ de la
communication est large et manager une équipe de 30 personnes permet
d'ouvrir d'autres perspectives, dans le public comme le privé.
J'aime bien relever de nouveaux défis, cela permet de se confronter
à des environnements différents, quitte à se remettre
en question.
Tu as (encore) un peu de temps pour toi ?
Oui, trop peu, mais c'est indispensable pour bien se
construire, rester vif et éveillé. J'ai aussi d'autres passions.
Je cours des trails pour me dépasser et m'évader sur les
sommets dès que je peux. J'ai également écrit un
livre pour enfants aux éditions Bayard jeunesse sur un sujet sensible
("T'es où papa?" L'histoire d'un petit garçon
qui part à la recherche de son père NDLR) qui a reçu
un écho favorable. J'aimerais prolonger ce travail d'écriture
et de transmission d'une manière ou d'une autre. Tout ceci n'est
qu'un début !
Benjamin BECHAUX
Afficher
son courriel
31/10/2014