Xavier HOUNIEU (2019 - Master SGC), Fondateur de Thillio à Paris.

“Ici on va vous apprendre à apprendre”.

Ce sont les premiers mots que j’ai entendus quand je suis arrivé à Sciences Po. Faire Sciences Po, c’était pour moi un rêve, un objectif, une porte vers un autre monde.

Fils d’agriculteurs, l’IEP représentait la voie royale pour réussir sa vie professionnelle. J’ai rejoint le Master SGC dans l’école d’ingénierie et gouvernance de l’action publique après une licence de sociologie à la fac de Pau. Je voulais à l’époque faire un doctorat ou rejoindre la fonction publique. L’avenir en a décidé autrement. La première année de Master a été l’occasion de découvrir l’IEP, son cadre familial, ses cours passionnants et de partir un semestre à Turin. Cette première année a été très épanouissante, j’ai découvert de nouvelles matières, appris l’italien et fait de nombreuses rencontres.

Ensuite, j’ai décidé de faire une année de césure pour découvrir le monde professionnel. Passionné de relations internationales, j’ai fait un stage à l’Ambassade de France à Rome. Une expérience inoubliable. A l’Ambassade, j’ai côtoyé un monde complètement différent de celui que je connaissais : diplomates, haute société et codes aristocratiques. Si les missions demandées étaient passionnantes : assister à des conférences, rédiger des synthèses de documents, préparer le courrier de l’Ambassadeur… ce monde n’était pas le mien. La rigidité et les codes de la haute fonction publique n’étaient pas adaptés à ma personnalité. J’étais perdu et j’avais du mal à me fondre dans le décor. Ce stage, je l’ai vécu comme un échec car pour la première fois, je me heurtais à un plafond de verre. Revenu de Rome, j’étais perdu. Que faire maintenant à part la diplomatie ? La recherche ne m’attirait plus. Une chance sur cinq de devenir maître de conférence après des années de doctorat et de postdocs… J’ai terminé mes études par un stage dans une agence de relations presse à Paris. Une opportunité que j’ai saisie sans savoir réellement ce qui m’attendait. Les relations presse m’ont plu sans s'enthousiasmer. Ce travail consiste à gérer l’image d’entreprises ou personnalités dans les médias : rédaction de communiqués de presse, organisation d’interviews, de conférences de presse…

Le diplôme en poche, j’ai été embauché dans une autre agence. Toujours les mêmes missions même si l’entreprise était plus petite. Et là le drame, les relations managériales difficiles, moi qui me sentais de moins en moins à ma place et un sentiment de perdre mon temps. Sur un coup de tête, je quitte l’agence.

De mon côté, j’avais continué à développer des compétences. Depuis quelques temps, je montais des comptes Instagram et je faisais un peu de pub sur Facebook. J’ai donc décidé de me lancer en Freelance.

Je continue à me former via internet : prospection, vente, marketing digital… des choses que je ne connaissais pas du tout ! Heureusement, on m’a “appris à apprendre”.

Pendant des mois, j’ai enchaîné les coups de fils, les rendez-vous de vente sans signer un client. J’ai décidé de faire des essais gratuits pour monter en compétence. Au bout de 4 mois je signe mon premier client, puis un deuxième la même semaine. L’aventure était lancée !

Petit à petit, je diversifie mon portefeuille clients et mes méthodes d’acquisition : Linkedin, plateforme Malt, bouche à oreille…

Au bout de 9 mois, ça y est j’ai des revenus stables (Meilleurs que quand j’étais salarié !) et une base de clients fidèles.

Mon quotidien, aujourd’hui, je l’organise comme je veux. Je garde un équilibre entre prospection, écriture de contenu sur les réseaux, gestion de mes clients et apprentissage. Bien sûr, ça nécessite de l’organisation et de la discipline. Deux compétences clés pour réussir dans l’entrepreneuriat. D’ailleurs, depuis le début d’année je suis parti vivre en digital nomade. Je suis en Thaïlande au moment où j’écris. Je gère mes clients à distance. Un luxe que ma situation m’offre.

Ça fait deux ans ce mois-ci que je me suis lancé. C’était la meilleure décision de ma vie. Bien sûr, j’ai toujours des hauts et des bas. Des mois où je gagne très bien, d’autres où je gagne moins. Des clients heureux, d’autres qui partent. Je suis challengé tous les jours et j’ai appris à être à l’aise avec l’incertitude et l’échec.

L’entrepreneuriat demande d’être généraliste, débrouillard, ouvert à l’apprentissage, aux autres et de s’adapter en permanence. Finalement des choses enseignées à Sciences Po !

Un conseil à un étudiant qui s’intéresse à l’entrepreneuriat ? Se lancer !

Comme pour le concours Sciences Po : il faut tenter sa chance. C’est beaucoup plus simple de signer un client qu’on le croit. Il suffit de trouver une compétence à vendre et de briser certaines barrières mentales.

Pour trouver le premier, n'hésitez pas à demander à votre réseau ou à faire des essais gratuits. Je conseille même d’apprendre son service en travaillant avec ses premiers clients. Le terrain est le meilleur professeur. Soyez simplement honnête avec eux et adaptez le coût de vos prestations. D’ailleurs, c’est très possible de gérer un ou deux clients en parallèle de ses études.

Pour ceux qui veulent se lancer dans le marketing c’est le meilleur complément de formation. Et ça paie beaucoup mieux qu’un job étudiant !

Pour conclure : Sciences Po a été une étape qui m’a changé la vie. L’IEP m’a beaucoup apporté. Intellectuellement avec des cours passionnants, des matières riches et nombreuses enseignées par des experts.

Professionnellement car Sciences Po c’est un sésame sur son CV, un titre qui vous mettra toujours en valeur.

Culturellement : je suis parti un an en Italie, pays que j’affectionne et dont j’ai appris la langue.

Surtout, Sciences Po a tenu sa promesse : “m’apprendre à apprendre”. Et m’a ouvert des portes. Ces portes, il ne reste qu’à les franchir.

Xavier HOUNIEU
https://thillio.com/
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10/01/2023