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De manière synthétique, quel est ton parcours scolaire et
professionnel ?
Mon parcours scolaire est plutôt atypique. Après un bac Scientifique,
j’ai opté pour une classe prépa HEC avant d’intégrer
l’IEP Grenoble (IEPG). Ensuite, après avoir travaillé
trois années, j’ai réalisé un mastère
spécialisé en management des systèmes d’information
(SI), en part time, avec une école de commerce et d’ingénieur.
Côté professionnel, j’ai démarré en août
2001 (juste avant que les recrutements s’effondrent suite au 11
septembre) dans un cabinet de conseil en SI. Puis, j’ai ensuite
intégré mon client (en l’occurrence le Groupe La Poste)
avant de repartir dans le consulting, pour enfin aller dans une entreprise
du secteur des utilities, GDF SUEZ.
- Quelle est la cohérence derrière
ces choix ?
Mon idée lorsque j’ai rejoint l’IEPG était de
devenir fonctionnaire dans le domaine informatique. J’ai toujours
été passionné d’informatique et l’idée
de reproduction sociale ne me déplaisait pas : je suis fils de
fonctionnaires ! Puis, au cours de ma scolarité à l’IEPG,
j’ai eu l’opportunité de réaliser deux stages
professionnels de plusieurs mois au sein de la Direction des Systèmes
d’Information (DSI) de la Ville de Grenoble.
- Quels enseignements as-tu tiré de tes
stages ?
J’en ai tiré deux enseignements. D’une part, je ne
souhaitais pas travailler dans la partie technique (c’est la partie
la plus visible avec l’informatique et les télécoms)
mais dans le volet fonctionnel des systèmes d’informations.
D’autre part, j’ai estimé que les perspectives d’emploi
m’étaient plus favorables dans le secteur privé. Aussi,
j’ai souhaité démarrer mon parcours professionnel
en rejoignant un cabinet de conseil en SI à Paris. En 2001, la
fin de la bulle internet offrait l’opportunité à des
non informaticiens de rejoindre directement des cabinets de consultings
en SI pour les former.
- Selon ton profil sur les réseaux sociaux
professionnels LinkedIn / Viadéo, tu es aujourd’hui «
urbaniste en systèmes d’information ». Que fais-tu
?
On ne construit pas une maison sans architecte, comme on ne construit
pas une ville moderne sans urbaniste. Cette métaphore a été
reprise dans le domaine des systèmes d’information.
La fonction d’urbaniste SI est apparue dans les grands groupes il
y a quelques années pour mettre sous contrôle le processus
d’évolution des SI : l’informatique a tendance à
croître avec le temps. A chaque besoin, il y a une nouvelle solution,
ce qui engendre des coûts supplémentaires, une complexité
accrue, des problématiques de maintenance, de maîtrise de
l’existant et des difficultés à le faire évoluer.
Un urbaniste en SI travaille sur des activités très diverses,
pour faire en sorte que l’évolution du SI soit plus en phase
avec les attentes des parties prenantes (direction générale,
directions métiers, utilisateurs et clients finaux) et que le SI
soit lui-même plus évolutif et modulaire.
Pour en savoir plus sur les métiers en systèmes d’information,
le Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises (CIGREF)
met à jour régulièrement la nomenclature des emplois
dans ce domaine.
- Concrètement, sur quoi travailles-tu
?
Dans ma fonction actuelle au sein d’une DSI à GDF SUEZ, je
travaille sur des sujets divers et variés comme la veille, l’innovation,
l’architecture SI, les schémas directeurs, l’émergence
de projets SI, la gestion de risques SI... Dans une DSI européenne,
je suis amené à travailler dans un contexte plus anglophone
et à appréhender les différences de culture. Au sein
d’un service de gouvernance SI, mes activités visent par
exemple à donner un cadre, des règles ou un langage communs
et à lancer des initiatives pour faire avancer des sujets transverses.
Cela passe par de l’animation fonctionnelle et du travail en réseau
avec de nombreux interlocuteurs.
- Travailler dans les systèmes d’information
en provenant de l’IEP de Grenoble, est-ce une chance ?
Quand on travaille sur un projet SI qui vise à construire une nouvelle
application informatique ou à bâtir un schéma directeur
SI pluri-annuel par exemple, penser que leur réussite se réduit
à la seule gestion du tryptique classique (qualité, coût
& délais) est une illusion. Lorsque l’on travaille dans
ce domaine, de surcroît dans une entreprise large et complexe, il
convient de prendre en compte la résistance au changement, les
croyances, les relations d’organisation et de pouvoirs ainsi que
les enjeux personnels.
En outre, je reste convaincu qu’une formation pluridisciplinaire
en sciences sociales comme celle délivrée à l’IEPG
est un formidable atout, parce que la première ressource qui constitue
le système d’information d’une organisation est l’humain.
- Que t’as apporté ton passage à
l’IEP de Grenoble ?
Au-delà des bons souvenirs et de personnes que je n’oublierai
pas, l’IEPG m’a permis de travailler mon savoir-être
(sens critique, capacité d’analyse, synthèse, polyvalence,
sens de l’adaptation, curiosité, ouverture, décryptage
du monde environnant) et d’affiner mon projet professionnel.
- Quelle est la prochaine étape ?
Je n’exclus pas l’idée de transmettre (par exemple
en donnant des cours sur les SI, l’urbanisme SI, l’innovation
SI…).
- Un dernier message pour les élèves
actuels de l’IEPG ?
A l’heure où vous réfléchissez à votre
avenir professionnel, n’oubliez pas que le domaine SI est un secteur
d’activité relativement large qui continue de recruter en
France et en Europe. Qui peut aujourd’hui travailler sans informatique,
sans télécoms, sans Internet ?
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aller au-delà de
votre rôle de simple utilisateur. Il y a des postes en SI dans l’administration,
les grandes entreprises … et même les startups ! Certes, la
concurrence est rude avec des candidats en provenance d’universités,
d’écoles de commerce ou d’ingénieurs : mais
vous avez des atouts.
Enfin, à l’heure de la génération Y et du Web
2.0, n’oubliez pas les réseaux sociaux professionnels et
le networking, en particulier pour clarifier votre projet professionnel
!
Nicolas Verney
nicolas.verney@gdfsuez.com
05/12/2012