Lucille FLORENZA, 2016 PES - Org-int, doctorante
en anthropologie à l’EHESS Marseille au Centre Norbert Elias
Lucille Florenza fait son lycée dans « un petit lycée de campagne » en Provence. « Mes parents n’ont pas fait d’études supérieures, je ne savais pas qu’une université comme Sciences Po existait, on était un peu perdus pour mon orientation. ». C’est à l’époque son professeur de SES qui lui conseille de s’orienter vers des études pluridisciplinaires comme Sciences Po parce qu’elle avait des vagues idées d’orientation dans « les sciences sociales - je ne savais pas à l’époque que ça s’appelait comme ça - je disais j’aime bien la géographie, j’aime bien l’histoire, j’adore la socio, je ne sais pas ce que c’est l’anthropologie mais ça m’attire... ». Elle réalise donc après son bac (et une première tentative ratée des concours des IEP) une année en classe préparatoire aux grandes écoles à Aix-en-Provence pour se mettre à niveau, à la suite de laquelle elle réussit les concours de Sciences Po Grenoble et de l’IEP d’Aix en Provence. « J’ai choisi Grenoble pour sortir de ma région natale, pour le choix de masters proposés, et puis pour la montagne ! ». Elle choisit le parcours Politiques et Pratiques des Organisations Internationales (PPOI) pour « cette dimension internationale, géopolitique, humanitaire, développement, et car, même si je n’avais pas encore touché à l’anthropologie, j’avais toujours dans un coin de ma tête cette idée, et ce master semblait proposer des modules d’anthropologie, avec un côté international, enquêtes de terrain ».
« C’est donc là que j’ai eu mes vrais premiers cours d’anthropologie, dont un cours d’anthropologie du développement avec une professeure de l’EHESS. Donc c’était la première fois que j’ai croisé une "vraie anthropologue" et puis que j’entendais parler de cette école ». Parallèlement, lors d’un semestre de mobilité en Australie à l’UWA PERTH UNIVERSITY, Lucille Florenza s’inscrit à des cours en anthropologie et approfondit ses connaissances dans ce domaine. « Mais je n’avais vraiment pas du tout l’idée de faire de la recherche, même si j’ai adoré écrire mon mémoire d’initiation à la recherche dans le séminaire d’Elsa Guillalot. ».
À la fin de son diplôme de Sciences Po Grenoble en 2016, elle réalise un stage prolongé d’un petit contrat en tant que responsable de projet jeunesse et éducation populaire dans une association de coordination d’acteurs de sports de montagnes, puis elle voyage en travaillant pendant une année. « En revenant de voyage, j’abandonne l’idée de travailler dans le soi-disant « développement », et puis je réalise que pour l’anthropologie, il me restait quand même une frustration de ne pas y avoir assez regardé de près ». Elle commence donc un Master 1 à l’université de Aix-en-Provence en anthropologie. Lors de sa recherche d’encadrant pour son mémoire, elle est invitée à rencontrer Dorothée Dussy qui travaillait à l’époque sur les constructions genrées dans les savoirs scientifiques. Cette dernière lui dit alors que son sujet de mémoire est davantage un sujet de thèse, et accepte de l’encadrer pour son Master 1 mais aussi, si elle trouve un financement, pour une thèse. L’année d’après, avec la bourse doctorale de la région PACA, elle entre à l’EHESS Marseille dans le cadre de sa thèse. « Un aspect très intéressant de notre laboratoire de recherche à Marseille [Centre Norbert Elias] c’est qu’il est pluridisciplinaire : on a des historiens, des sociologues et des anthropologues, et aussi des info-com, ce qui est super enrichissant ». Elle commence donc une thèse intitulée : « Sous les oliviers, le genre. Mutations dans les sociétés oléicoles méditerranéennes et division sexuelle du travail. (Andalousie & sud-Maroc). » depuis 2019 sous la direction de Dorothée Dussy et Céline Lesourd (CNRS).
Elle effectue un premier terrain au Maroc de plusieurs mois, puis il lui est impossible d’y retourner à cause de la pandémie. Elle effectue donc la majeure partie de son enquête en Espagne, ce qui lui permet de pouvoir continuer au mieux ses recherches. Lucille Florenza effectue de nombreuses missions et tâches en tant que doctorante. Elle effectue donc ses terrains ethnographiques « en 2 ans, j’ai passé l’équivalent de trois mois au Maroc et sept mois en Andalousie » et occupe aussi son poste à Marseille à l’EHESS où elle analyse ses matériaux de terrain (retranscription d’entretien, photos…) et participe à la vie du laboratoire. Elle publie également des articles dans des revues scientifiques et participe à des colloques.
De Sciences Po, même si maintenant elle préfère aux
approches hypothético-déductives les méthodes inductives de l’anthropologie,
elle garde de nombreuses qualités et savoirs de son apprentissage ; notamment
« l’esprit de synthèse et la pluridisciplinarité », ainsi que la méthodologie
et la rigueur scientifique. « Le plus important, c’est l’autonomie
(…) et puis la capacité à travailler sur une très longue durée sur la
même chose ». C’est également sa rigueur qui lui a été reconnue pour
l’entrée en doctorat, par la rédaction de deux mémoires, un à Sciences
Po Grenoble et un en Master 1 en anthropologie. Le master choisi ne détermine
pas systématiquement, selon Lucille, le parcours professionnel, mais «
il ouvre plutôt des portes à la réflexion sur de nombreux sujets et
méthodologies, ensuite à toi de voir ce que tu en fais ».
Interview réalisée par Quentin BOUCHU (étudiant
3A)
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07/02/2023