Isabelle FACCO ép. DELAUNAY (1988 PO)
Directrice régionale et départementale de la jeunesse, des
sports et de la cohésion sociale, vous occupez des responsabilités
de directeur de l’administration territoriale de l’Etat dans
un contexte de profondes réformes et de modernisation de l’administration
publique. Votre parcours professionnel est marqué par la mobilité
fonctionnelle et géographique avec une expérience de près
de 2 années au Québec au Secrétariat au loisir et
au sport.
Pourtant intégrer l’administration n’était pas
du tout dans votre projet initial d’étudiante. Est-ce «
l’effet Sciences Po » ?
En effet, depuis mon adolescence je souhaitais embrasser
une carrière de journaliste politique ; j’étais investie
dans le journal du lycée, j’assurais une émission
sur une radio associative, et j’animais un club de cinéma
le weekend.
Mon objectif était clair et j’y mettais toute mon énergie:
intégrer l’ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) de
Lille et être trilingue anglais-allemand !
C’est pourquoi, en sortant du lycée, j’ai passé le concours d’entrée pour la filière très sélective, à l’époque, de la Maitrise en Sciences et Techniques Trilingues anglais-allemand option Sciences politiques qui me permettait d’être diplômée de l’université Stendhal en langues étrangères et de l’IEP de Grenoble.
En fin de deuxième année, quand la promo a appris que nous ne bénéficierions plus de cette double certification, il a fallu revoir mon projet.
Ainsi, après avoir réussi mon DEUG LEA et mon CP MST –Trilingue science po, je décide d’intégrer définitivement l’IEPG en deuxième année. La voie royale pour être préparée au concours de l’ESJ !
En 3ème année, j’ai pu suivre en
parallèle, pendant deux trimestres, des cours de cinéma
(histoire) à l’université Stendhal. Je me souviens
avoir travaillé sur les œuvres du cinéaste russe Eisenstein.
Tout ceci répondait à ma soif de connaissances.
Mon diplôme en poche et du fait de circonstances familiales, j’ai
dû opter au final pour une voie professionnalisante et reporter
mon projet de journalisme.
Déception, amertume mais ma détermination
était malgré tout intacte !
J’ai été reçue à l’ENSSIB de Villeurbanne
où j’ai préparé durant cette année le
Diplôme Supérieur de Bibliothécaire car je souhaitais
obtenir des techniques et compétences dans la recherche documentaire
et d’information qui pourraient m’être utiles dans mes
responsabilités futures ainsi qu’un DESS de politiques culturelles.
Après un stage au sein d’une médiathèque, je me suis aperçue que le métier de « rat de bibliothèque » ne me convenait pas du tout, moi qui avais envie d’espace, de mobilité et d’ouverture !
De ce fait, je me suis présentée la même année au concours de catégorie A+ d’Inspecteur jeunesse et sports, un peu par hasard je dois dire (!), même si j’étais investie dans l’animation volontaire et que j’avais une pratique sportive compétitive …
En 1989 c’est le début de mon activité professionnelle loin de mes montagnes natales ; je ne renonce cependant pas à me former puisque j’intègre en 1992 le Master of Arts de management du sport de l’ESC Marseille Provence, je réussis en 1998 le concours d’Inspecteur principal et je suis reçue la même année en PrépEna.
J’opte pour rester dans mon Ministère d’origine par « militantisme » et attachement aux valeurs portées par cette administration. L’accès à l’ENA me « titille » encore puisqu’en 2010 je suis admissible au tour extérieur d’administrateur civil mais j’échoue à l’admission sur une question sur les « niches fiscales en France » …déception et remobilisation nécessaire !!!
2010 reste malgré tout une excellente année car j’accède quelques mois plus tard à mon premier poste de Directrice régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, la plus jeune fonctionnaire du réseau à cet emploi ! J’en suis ravie !
Durant vos trois années au sein de l’IEPG, quels sont les souvenirs qui vous ont marquée ?
Sans hésitation l’opportunité de
partir avec un petit nombre d’étudiants à l’université
de Californie à Berkeley pour la « summer session »
en fin de deuxième année ! Là-bas, j’ai choisi
de suivre des cours de journalisme et de cinéma. Cette expérience
dans un milieu anglophone avec des étudiants étrangers sur
un campus particulièrement riche fut une sacrée aventure
et une vraie découverte. Les méthodes d’enseignement
sur le campus étaient fort différentes et parfois un peu
déconcertantes, et quel dépaysement ! Ceci m’a également
permis d’obtenir la mention « compétence langues »
au diplôme de l’IEPG.
J’évoquerais également les cours en amphi de première
année de Pascal PERRINEAU. C’est sans doute une des raisons
qui a motivé mon choix pour le sujet du mémoire de troisième
année. J’ai décidé d’allier mon intérêt
pour la langue anglaise et la science politique en effectuant des recherches
sur l’extrême droite en Angleterre (National Front). J’ai
fait plusieurs séjours à Londres pour compléter mes
informations dans les bibliothèques universitaires.
Quelque chose à changer ?
Oui et non ! Peut-être encore une légère frustration de ne pas avoir pu accéder à mon rêve d’ado mais mes responsabilités actuelles m’ont permis de me réaliser pleinement et de me mettre en pratique les fondements enseignés à Sciences Po : curiosité, ouverture d’esprit, interdisciplinarité et adaptabilité en toutes circonstances !
Isabelle FACCO
Afficher
son courriel