Joachim
SOETARD (1994 PO - DESS Progis 1995 )
Directeur de la Communication
Membre de la Délégation générale
UNION NATIONALE DES FÉDÉRATIONS D’ORGANISMES HLM
J’ai rejoint l’IEPG en 1992, après une maitrise de Lettres modernes acquise à l’Université de Lille III. Ce qui m’avait frappé à l’époque, et qui ne s’est jamais démenti dans les IEP que j’ai pu fréquenter en tant qu’étudiant ou chargé d’enseignement, c’est la modernité de la relation pédagogique, à l’exact contrepoint des classes préparatoires, qui finalement tiennent leur valeur d’une imposture : comment éviter de se noyer dans la masse universitaire ? Par ailleurs et pour l'anecdote, j’avais été saisi du fait que le centre de documentation de l’IEP comptait plus d’ouvrages que celui de Lille III, qui accueillait pourtant 20.000 étudiants à l’époque. Plus personnellement, il s’agissait aussi pour moi de quitter mon Nord natal, d’abandonner mes compagnons de formation initiale – qui se destinaient pour la plupart à l’enseignement - et finalement de reconfigurer à 22 ans mon parcours de formation en lui redonnant une ouverture intellectuelle plus généraliste.
S’est ensuite posée la question de la spécialisation à l’issue des deux premières années à l’IEP. Je m'étais particulièrement intéressé à la sociologie politique, parce qu’elle propose un mode de lecture de la société et de ses évolutions, et que les méthodes utilisées renvoyaient à la fois à des registres mathématiques et littéraires, deux registres en apparence opposés, mais qui ont de fait trait à deux manières complémentaires d’organiser et d’analyser l’information. J'ai donc intégré Progis. Il s'agissait à l'époque - Bernard Denni le confirmerait sans doute - de temps héroïques, où chaque promotion devait prouver la pertinence de la formation.
Les premiers pas professionnels ont été, comme pour beaucoup, affaires de rencontres, d’opportunités et de chance. Ce qui doit, en passant, nous rappeler à la modestie d’une part, tout en nous obligeant, nous qui sommes des professionnels « installés », à toujours être attentifs à l’intégration des jeunes générations. Lorsque je me suis positionné dans le champ des études politiques, la totalité des postes en instituts de sondages étaient confiés à d‘anciens étudiants de Sciences Po Paris. On peut dire, pour faire court, qu’il s’agissait d’une chasse gardée, concentrée sur quelques instituts et qui plus est avec des effectifs très réduits. En clair, sans l’appui de la filière alternative composée par les anciens élèves de l’IEPG – c’est aussi l’occasion ici de les remercier : Marie-Hélène Piovano, Stéphane Marcel, Edouard Lecerf – il aurait été très difficile de pénétrer ce milieu.
Mais les études politiques en instituts, si prestigieuses paraissent-elles vues de l’extérieur, étaient, à l’époque, un exercice professionnel et intellectuel finalement peu stimulant : méthodes artisanales, suspicion concernant toute évolution méthodologique permise par le web, entre-soi professionnel et corporatiste, etc. L’innovation n’était pas portée par ces départements, mais bien plutôt par les départements marketing. Je note d'ailleurs que le commentaire politique des sondages - à quelques exceptions près - se résume trop souvent à un commentaire "à plat" de résultats de baromètres, ce qui relève dès lors plutôt du commentaire hippique. Et donc mon passage des études politiques aux études Corporate et institutionnelles, nécessairement tournées vers plus d’innovation, plus d’international, a été un élément régénérant après plus de dix ans d’exercice. J’ai eu la chance – là encore – de pouvoir interagir avec de grandes personnalités. Jean-Marc Lech, cofondateur d’Ipsos et disparu il y a quelques mois, et Pierre Giacometti, qui a dirigé Ipsos Public Affairs puis Ipsos France pendant plusieurs années, ou Edouard Lecerf, qui lui a succédé à la tête d’Ipsos Public Affairs et avec qui j’ai vécu les dix premières années de mon parcours professionnel, avaient en commun la culture obsessionnelle du « plan B », celle de la différence. Etre différent pour vendre (Jean-Marc Lech employait justement l'expression "sociologues commerçants" pour qualifier les sondeurs, certes, mais aussi penser différemment pour être différent et encore plus pertinent.
A l’issue de ce nouveau cycle de trois ans, on m’a proposé en 2010 de passer de l’« autre côté », autrement dit de devenir Directeur du Marketing et de la Communication d’une agence d’Etat, créée en 2005 dans le cadre du Plan de cohésion sociale porté par Jean-Louis Borloo, et visant à l’organisation et à la professionnalisation du secteur des services à la personne. Au-delà du thème et de sa consonance sociale, l’idée de ne plus être le commentateur ou l’évaluateur, mais pour partie le promoteur, en l’occurrence d’une politique publique, a été un élément déterminant dans ce choix professionnel. En d’autres termes je suis devenu un « communicant »... sans jamais avoir appris à l’être. En revanche je suis entré dans cette activité avec une culture de l’évaluation et de l’analyse ce qui, compte tenu par exemple des tensions budgétaires existantes depuis plusieurs années sur les budgets, ou encore de la nécessité de rassurer les directions générales sur l’emploi efficace des ressources, est sans doute un élément positivement différenciant par rapport à d’autres profils.
Enfin mon poste actuel – Directeur de la Communication de l’Union sociale pour l’habitat, qui est la confédération qui regroupe la totalité des 750 bailleurs sociaux français, ces bailleurs gérant 4,5 millions de logements et accueillant 11 millions de personnes – est la poursuite de cette trajectoire. Avec une ambition passionnante : comment faire comprendre qu’au-delà des a priori, le logement social est plus que jamais une nécessité dans un pays qui connaît une profonde crise sociale, économique, morale et où le modèle social, constitutif de notre identité, est régulièrement mis à mal. A tous ceux qui doutent de la pertinence de ce modèle, j’invite à réfléchir à une question : que serait la France d’aujourd’hui sans les Hlm ? Un pays où 11 millions de personnes supplémentaires vivraient dans des taudis. A charge pour nous d’écrire l’histoire contemporaine du logement social, en considérant ce que la société attend aujourd’hui des Hlm. C’est tout le sens du projet stratégique que l'USH porte actuellement et que j'ai eu le bonheur de conduire ces derniers mois, baptisée Cap Hlm. Ou comment, en 45 propositions, moderniser notre approche et mieux répondre aux attentes des Français.
Repères :
1970 : Naissance à Lille
1988 : Bac A1, mention Bien
1992 : Maitrise de Lettres modernes, Lille III, Mention Très bien,
1994 : Diplôme de l'IEPG - Section Politique
1995 : DESS Progis
1995 : Chargé d'étude au sein du Département Politique
de CSA, puis chargé d'études au sein de la cellule Sondages
du Service d'Information du Gouvernement
1996/1998 : Chargé d'études au sein du Département
Politique et institutionnel de Louis Harris France
1998/2000 : Directeur d'études au sein d'Ipsos Opinion
2000/2002 : Directeur adjoint du département Politique d'Ipsos
Opinion
2003/2010 : Directeur du développement d'Ipsos Public Affairs
2007/2010 : Directeur du Département Corporate et Stratégies
d'entreprise d'Ipsos
2010/2013 : Directeur du Marketing et de la Communication de l'Agence
nationale des services à la personne
Depuis 2013 : Directeur de la Communication de l'Union sociale pour l'habitat
Joachim SOETARD
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