Sortie de Sciences PO Grenoble en 1992, Sophie Laval s’est spécialisée dans l’administration de la culture et occupe actuellement les fonctions de secrétaire générale du FRAC Franche-Comté.
Quels souvenirs gardes-tu de l’IEP ?
J’y suis entrée en 1989, après une scolarité
sans histoire en Normandie… et quelques mois après la rentrée
nous avons assisté à la chute du mur de Berlin, puis à
celle de Ceaucescu… et durant l’été à
l’invasion du Koweït par l’Irak. Pour une première
année de sciences politiques, c’était une belle entrée
en matière !
Je me souviens aussi avoir été surprise par le fait que
les étudiants n’étaient pas très politisés
dans l’ensemble, et enfin que je me sentais un peu décalée,
car cela ne me semblait pas très sérieux d’imaginer
faire l’ENA quand on n’a pas 20 ans. J’y ai surtout
appris à développer mon esprit critique et j’ai été
marquée par les cours d’histoire des mentalités de
JPA Bernard, qui nous disait de ne pas lire la presse mais des romans
! Depuis un an et demi que je vis à Besançon, je chemine
rue Fourier, rue Proudhon, à la saline d’Arc et Senans toute
proche, et cela me renvoie vingt ans en arrière à mes cours
d’économie sociale !
Peux-tu résumer brièvement ton
parcours ?
Après l’IEP, j’ai fait un DESS d’administration
et gestion des collectivités territoriales à Orléans.
Le service public local, le monde des collectivités territoriales
m’attirait car cela touchait à notre vie quotidienne sous
tous ses aspects, et tous m’intéressaient : l’urbanisme,
l’environnement, la culture…J’avais aussi le sentiment
que cela me permettrait de bouger, d’aller travailler où
je voulais…en tout cas en France. Avant de passer des concours,
je suis partie étudier les langues et cultures européennes
en Espagne et aux Pays-Bas pendant un semestre. Puis, je suis rentrée
en France et j’ai commencé à travailler dans des services
techniques au Conseil Général de Seine-Maritime et ensuite
à la Ville de Rouen, ce qui m’a permis d’acquérir
des compétences administratives générales très
utiles par la suite. J’ai préféré d’emblée
exercer dans des services opérationnels plutôt que «
fonctionnels », et mes choix ont même souvent été
dictés par la qualité de leur environnement : après
la direction des parcs et jardins – j’adorais le jardin des
Plantes de Rouen – j’ai intégré la direction
des musées de la Ville en tant qu’administratrice. Les relations
sociales y étaient très tendues, d’anciens choristes
de l’Opéra venant d’y être reclassés comme
gardiens. Mais, avec un directeur qui venait également d’arriver
– et qui est maintenant à la tête de la Réunion
des musées nationaux - nous avons très vite pris la mesure
des enjeux de cette direction et je garde le souvenir d’un excellent
travail en binôme qui m’a permis de vraiment m’épanouir
professionnellement. Car être administratif(ve) dans le monde de
la culture n’est pas toujours chose aisée !
C'est-à-dire ? Peux-tu d’ailleurs
nous dire quelles sont les qualités nécessaires ?
Ce type de poste nécessite des compétences très étendues
(finances, ressources humaines, droit dans un secteur spécifique…),
il nous met en relation avec des personnes aux profils complètement
différents du sien, il y a des rapports de force inévitables
puisque l’on est du côté de la gestion et du droit
face à des « artistes », il faut donc à la fois
avoir de la souplesse et savoir s’imposer. Il faut également
accepter d’être un chef d’orchestre qui travaille dans
l’ombre et de récupérer les dossiers les plus épineux
voire ingrats ! Mais c’est justement cela qui est intéressant
: la diversité, l’altérité, l’humilité,
l’efficience.
Après avoir quitté les musées,
tu es donc restée dans la culture…
Au bout de quatre ans et demi sur ce poste, mon fils Ulysse est né
et nous avons rejoint son papa à Marseille où il dirigeait
un musée à proximité. J’étais en congé
parental, j’ai retrouvé un poste au bout d’un an et
demi au Conseil Général des Bouches-du-Rhône, à
la direction de la Culture. Ma recherche avait été longue
car je voulais désormais rester dans ce secteur impérativement.
Et il n’y a pas tant de postes ! J’ai été adjointe
à la directrice de la Culture pendant cinq ans, en charge des finances,
des marchés publics, du suivi juridique. Les Départements
sont des institutions mastodontes, et je garde de cette expérience
le plaisir d’avoir travaillé avec les musées départementaux,
je voulais en fait réintégrer une structure muséale
de l’intérieur !
Nous avons ensuite changé de région, en mon conjoint ayant
intégré les musées de Besançon, et j’ai
eu la chance d’être recrutée comme secrétaire
générale du Fonds Régional d’Art Contemporain
dans le mois qui a suivi sa nomination. C’est vraiment une chance
car il faut le dire, le rapprochement de conjoint ne fonctionne en fait
pas du tout dans la fonction publique territoriale ! Il est attaché
de conservation et les postes sont plus rares donc c’est moi qui
suis ! J’ai donc à nouveau changé radicalement de
climat et j’ai découvert l’autonomie administrative
car, pour la première fois, je travaille dans une structure qui
n’est pas en régie directe. Le FRAC est une Régie
Autonome Personnalisée qui va passer en EPCC. En attendant, nous
venons de nous installer dans un bâtiment tout neuf au bord du Doubs,
signé de l’architecte Kengo Kuma - la Cité des Arts
- que nous partageons avec le Conservatoire de musique. Après son
inauguration le 5 avril prochain, une nouvelle aventure attend le FRAC
qui aura à gérer pour la première fois un établissement
ouvert au public, mais je n’ai aucune crainte étant donné
le travail accompli en amont…
Comment envisages-tu ton avenir professionnel
?
Après dix sept ans de fonction publique territoriale et un tour
de France, j’aimerais à la fois me poser et voir un peu autre
chose. J’aimerais surtout partager avec d’autres mon expertise
dans la gestion administrative des structures culturelles sous une forme
qui reste encore à déterminer…
Sophie Laval
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19/03/2013