Hélène GLATZ EP. HOLLEDERER (1990 EPS)
Aujourd’hui Directrice régionale Mécénat Partenariats à Apprentis d’Auteuil, une fondation catholique reconnue d’utilité publique, qui éduque et forme des jeunes malmenés par la vie, mon parcours professionnel est marqué par le social et l’intérêt pour la chose publique.
A la sortie de l’IEP, j’ai effectué une année en Allemagne, à la faculté de Sciences administratives de Constance et j’ai validé mon année par un 3ème cycle « Etudes germaniques » à Strasbourg. J’ai démarré ma vie professionnelle en Allemagne, en travaillant pour le groupe parlementaire CDU/CSU, à la suite de ma participation à un échange entre l’Assemblée Nationale et le Bundestag allemand. Ne souhaitant pas faire de la politique mon métier, je suis rentrée en France pour préparer les concours administratifs et ai réussi le concours de l’école nationale supérieure de Sécurité Sociale (EN3S). Après la formation qui dure 18 mois, et qui alterne stages et formation à Saint Etienne, je suis retournée en Alsace pour exercer en caisse régionale d’assurance vieillesse. Les différentes fonctions occupées (chargée de mission, responsable communication, responsable action sociale) ne m’ont pas pleinement satisfaite : la gestion occupe un volet essentiel, les aspects plus politiques (négociation avec l’Etat notamment) sont gérés en caisse nationale. Or je souhaitais rester en Alsace, où je me suis mariée (avec un magistrat allemand, qui ne peut exercer que dans son pays) et qui permet à mes 4 enfants de grandir dans un environnement bilingue.
En 2000, Fabienne Keller, que j’avais rencontrée et aidée lors de sa première campagne (1ère femme à être élue au Conseil Général du Bas-Rhin) me propose de diriger sa campagne pour les élections municipales. Je prends 3 mois de congés sans solde et nous démarrons un combat que tous les sondages annoncent perdu d’avance. L’équipe UDF-RPR de l’époque l’emporte toutefois, dans le cadre d’une triangulaire provoquée par un dissident socialiste et à la suite d’une campagne axée sur les problématiques des quartiers périphériques de la ville, délaissés par une municipalité engluée dans ses divisions internes. Je prolonge mon congé sans solde de 3 mois, puis de 6… pour intégrer le cabinet commun Ville et Communauté urbaine de Strasbourg. J’y suis finalement restée 7 ans… comme directrice adjointe puis directrice les 2 dernières années. J’ai adoré la variété des sujets qu’on est amené à traiter, la richesse des contacts, l’étendu des informations auxquelles on a accès et, je le confesse, l’aspect parfois grisant du pouvoir. Je fais le choix de n’en garder que de bons souvenirs, malgré la rude défaite électorale de 2008, les mesquineries et divisions au sein de l’équipe municipale, notamment après la défaite.
Sur le marché du travail, n’ayant aucunement « préparé mes arrières », je fais le choix de ne pas retourner à la Sécurité Sociale, l’institution ne reconnaissant aucunement les compétences acquises durant 7 années de cabinet en me proposant le même niveau de responsabilité qu’à mon départ. Je m’oriente naturellement vers le milieu associatif et fais le choix d’une fondation que j’avais connue lors de son implantation en Alsace, Apprentis d’Auteuil. La cause de la jeunesse en difficulté, sociale et/ou scolaire est motivante et l’organisation est vivement intéressée par ma connaissance du fonctionnement des collectivités locales. Le poste est configuré autour de mes compétences et de mes contraintes : je suis embauchée par le siège national, qui accepte toutefois que j’exerce à partir de Strasbourg, en charge de la communication d’influence (le mot lobby reste tabou dans le social !) et du développement dans de nouveaux territoires (ce qui implique des négociations avec des élus locaux). Je suis surprise de la faible connaissance par les acteurs du social du fonctionnement réel et des modes de prise de décision en collectivité locale.
Aujourd’hui, depuis un peu plus d’un an, j’ai fait le choix de me spécialiser dans un secteur qui va nécessairement être amené à se développer en France dans les prochaines années suite à la raréfaction des moyens des collectivités publiques : la collecte de fonds privés ou fundraising. Apprentis d’Auteuil bénéficie d’une réelle compétence en matière notamment de philanthropie et de libéralités (legs et donations), principalement centralisée à son siège à Paris. La fondation fait le choix de la proximité en positionnant dans les grandes agglomérations des interlocuteurs relais de ses politiques et chargés de développer le mécénat et la notoriété dans les réseaux économiques (participation à des conférences, évènementiels, etc…). Ce métier requiert une bonne connaissance du secteur social mais également des connaissances juridiques (dispositifs fiscaux) et une aptitude à la communication et au travail de réseau.
Finalement, lorsque je regarde mon parcours, je m’aperçois
qu’il est fait de rencontres déterminantes mais aussi que
le fil rouge est celui de la Communication, voire de la « traduction
» : expliquer les réalisations d’une équipe
d’élus ou les projets d’une fondation requiert la même
capacité à donner du sens et à expliquer, sans jargon
technique. Or nous fonctionnons tous dans des bulles, pétris de
certitudes et de préjugés. Faire comprendre aux habitants
d’un quartier fragile les contraintes et les enjeux d’un tracé
de tram est aussi complexe et exaltant que d’expliquer à
un chef d’entreprise le quotidien d’une famille engluée
dans la pauvreté.
Hélène GLATZ EP. HOLLEDERER (1990 EPS)
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06/05/2014