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« Deputy Resident Representative »

 

Stephen KINLOCH PICHAT (1987 PO), acteur de la construction de l’organisation internationale et du développement humain

Qu’est-ce qui t’as conduit à rejoindre l’IEP de Grenoble ?

Ma principale motivation pour aborder l’étude des sciences politiques fut une découverte et une prise de conscience, enthousiaste et tardive à la fois : celle de la nécessité du service public, et d’en équilibrer les exigences avec le respect des droits de la personne humaine. Je rejoignais l’IEP après deux ans d’études de l’hébreu et de l’arabe et des civilisations moyen-orientales à Lyon. Je voyais alors un peu naïvement dans l’IEP et la faculté de droit une sorte de préalable incontournable à l’action politique (au sens le plus noble du terme). Je ne souhaitais pas me spécialiser trop tôt, et cherchais au contraire à ouvrir et élargir mes horizons.

L’IEP a t’il été pour toi un tremplin professionnel? Quels souvenirs en gardes-tu ?

Les années à l’IEP furent des années intenses et formatrices. Elles m’ont structuré durablement et elles ont contribué à enrichir ma conception du monde. Elles m’ont aussi ouvert des portes. Au-delà de l’apprentissage académique, ce fut une période d’expériences humaines et de découvertes intellectuelles extrêmement variées: l’initiation à la recherche historique (dans les archives de Tunis), la participation aux mouvements sociaux en France (manifestations d’étudiants); les débuts dans le monde du travail (serveur de café, porteur dans un hôtel); et la rencontre, aussi, d’étudiants étrangers sur le campus.

J’ai le souvenir, chez les étudiants, d’une assez grande diversité de parcours et d’une réelle curiosité intellectuelle; de la part du corps enseignant, une assez grande exigence et une volonté de non-conformisme. Je pense au spécialiste de sociologie électorale, Pascal Perrineau, à l’historien Pierre Broué, auteur d’une biographie de Trotski, ou encore à Thora van Male joua un rôle considérable dans les partenariats avec d’autres institutions. C’est par l’intermédiaire de Thora que je fus sélectionné pour une bourse de voyage, et ai pu assister à une conférence sur la course aux armements à Dubrovnik. C’est aussi Thora qui me mit sur les rails de l’admission au doctorat ès Sciences politiques à l'Institut Universitaire des Hautes Etudes Internationales de Genève.

Tu as travaillé dans plusieurs pays. Peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Un bref passage par un peloton préparatoire aux élèves officiers de réserve me fut utile, plus tard, sur le terrain, dans mes relations avec les contingents militaires de diverses opérations de maintien de la paix, ou des groupes armés. Je trouvai ensuite mon premier emploi stable à Genève, avec la télévision publique japonaise, la NHK. Cela m’introduisit au Palais des Nations, dans le monde des médias, de l’information, des conférences de presse, au cœur de l’actualité internationale.
C’était la fin de la guerre froide. Les Nations Unies recrutèrent des centaines de volontaires pour superviser les élections au Cambodge. Apporter la démocratie à un peuple victime du régime des Khmers rouges était un défi immense, quasi-insurmontable, mais motivant. Les élections eurent lieu, devant beaucoup à la détermination du peuple cambodgien et au soutien des Volontaires sur le terrain. Je repartis ensuite pour l’ex-Yougoslavie, le Rwanda (avec le Haut-Commissariat pour les Réfugiés, en passant par la Somalie. Suivant les missions, je me retrouvai ainsi propulsé à la tête d’une équipe électorale dans un territoire contrôlé par les Khmers rouges, organisant des parachutages ou des convois humanitaires dans une Bosnie en guerre, ou soutenant le rapatriement volontaire de milliers de personnes déplacées après un génocide.

Le spectacle de l’impuissance - parfois tragique - des forces militaires internationales dans les conflits internes nourrit ma recherche de thèse. Après la soutenance, je publiai des articles, et travaillai pour le siège du programme des Volontaires de Nations Unies à Genève. Je fus ainsi amené à mettre sur pied de nouveaux programmes de volontariat, au Kosovo, au Rwanda, en République Centrafricaine.

En 2000, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), cherchait de nouveaux cadres et lança une campagne de recrutement, le Leadership Development Programme. Je postulai et fus sélectionné. J’accédai progressivement à des fonctions d’encadrement et de gestion, d’abord à New York, puis en Angola, en Afghanistan, à Haïti, au Darfour, au Somaliland, et au Yémen. J’y trouvai finalement le mélange d’action, de réflexion, et de responsabilités auquel j’aspirais, avec en prime - ce qui permet de continuer en dépit des difficultés - la conviction de servir et de contribuer à une transformation positive du monde.

Cela fait maintenant plus de 25 ans que je travaille pour l’ONU, sur tous les fronts, y compris le maintien de la paix, l’action humanitaire, le relèvement et le développement durable.

Quelles sont tes responsabilités maintenant ?

Depuis plus d’un un an, j’assume la fonction de Représentant Résident Adjoint du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à Pyongyang, en République démocratique et populaire de Corée.

Les projets du PNUD répondent aux défis auxquels font face les populations: les déficits alimentaires chroniques, le manque de solutions énergétiques, les catastrophes naturelles, et réduisent leur vulnérabilité tout en renforçant leur résilience. Ils offrent aux communautés rurales des alternatives nutritionnelles, proposent des solutions énergétiques renouvelables et efficientes pour les services sociaux prioritaires, et soutiennent la préparation et la réponse aux désastres et une meilleure gestion des risques au niveau local. Lors du cyclone Lyonrock, en 2016, nous avons contribué par des actions concrètes à la réponse humanitaire d’urgence et au relèvement des populations.

Comme dans d’autres pays, le Représentant Résident du PNUD est en même temps le Coordinateur des activités opérationnelles des agences des Nations Unies dans le pays. Il/elle délègue donc à son adjoint la gestion du bureau. À ce titre, Je supervise directement la mise en œuvre des projets et leur soutien opérationnel, et interagis aussi régulièrement et directement avec le gouvernement.

Comme tu peux l’imaginer, dans le contexte géopolitique actuel, travailler à Pyongyang n’est pas un travail de tout repos, mais passionnant !

Un conseil pour les étudiants de l’IEP qui te liront ?

Rétrospectivement, ce qui m’a réussi, au plan personnel et professionnel, c’est le fait de ne pas avoir peur des risques ou de prendre des responsabilités. Il faut savoir sortir des sentiers battus, et considérer les différentes voies qui s'offrent, y compris celles que d’autres délaissent parfois. J’ai appris qu’en priorité, et dès qu’on en a la possibilité, il faut privilégier ce que l’on aime faire, car on y met suffisamment de passion pour pouvoir y exceller un jour. Il faut parfois renoncer à l’avancement pour faire ce qui vous intéresse le plus !

Ce que j’ai appris ? Une des règles cardinales de toute politique: garder toutes les options ouvertes le plus longtemps possible. Dans les situations d’urgence, et les pays en crise, on apprend à travailler intensivement, toute en faisant des calculs de probabilité pour investir plus stratégiquement. On s’habitue à ne pas tout prévoir, et surtout à laisser une part de flexibilité suffisante pour les contingences. Et puis, et surtout, on privilégie les relations humaines, essentielles pour survivre, et qui donnent du sens et ouvrent de nouvelles portes.

Est-ce que je recommencerais une thèse de doctorat ? Oui, sans hésitation. C’est un formidable défi, un investissement formidable, un exercice exigeant, mais qui mérite d’être relevé - à condition d’être suffisamment convaincu par son sujet, bien sûr !

Stephen KINLOCH PICHAT
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18/01/2018


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