Annie CAMPILLO ép. GRATIER (1987 EF), Esthéticienne Facialiste chez Naturelle Studio à Château Arnoux Saint Auban.

Pour Annie Gratier, son parcours a toujours fonctionné par opportunité, il n'y a jamais eu de plan précis. Cela commence avec l'IEP de Grenoble, auquel Annie s'intéresse par hasard, après avoir rencontré des étudiants de Sciences Po sur le campus de l'UGA. Elle vient d'arrêter un cursus DEUG (diplôme d'études universitaire générale), spécialisé dans les sciences de la nature et de la vie, car ces études ne lui correspondent pas. À cette époque, la formation de Sciences Po se fait en trois années, et Annie fait partie de la première promotion à expérimenter le concours d'entrée. Durant ces trois années, elle cherche à aller étudier un an en Italie pour perfectionner son apprentissage de la langue (et parce qu'elle apprécie le pays), mais le processus est trop complexe. En 1987, elle sort de Sciences Po avec un diplôme section économique et financière qui lui a beaucoup plu.

Par la suite, en 1989, Annie fait une préparation au D.E.S.C.F. (Diplôme d’Études Supérieures Comptables et Financières) à l’Ecole Supérieure des Affaires. De 1989 à 1991, elle est embauchée comme assistante commerciale puis export par TNT Express international.

Après cette expérience, Annie souhaite se réorienter. Elle obtient un DEA Échanges et relations culturelles internationales et suit une formation de médiateur culturel en 1992. Elle se dirige finalement vers le secteur parapublic et les services à la personne après avoir effectué une formation de gestion des ressources humaines en 1994. La même année, elle est embauchée à Pôle emploi comme conseillère à l'emploi. En 1999, elle devient coordinatrice départementale dans le Programme d’Insertion des Travailleurs Handicapés (PDITH) jusqu'en 2007.

De 2007 à 2014, Annie travaille comme déléguée départementale pour l'Union nationale de l’Aide, des Soins et Services à domicile, puis en 2014, elle devient directrice générale d'ADPA (Association gestionnaire de services médico-sociaux). Elle passe d'une équipe de quatre-cinq membres à la gestion de 800 salariés. Les premières années de travail s'avèrent alors très envahissantes vis-à-vis de sa vie privée. Le secteur de l'aide à la personne change fortement et voit apparaître des contraintes sur le secteur associatif historique et un manque de main-d'oeuvre alarmant. Faire évoluer une structure dans ces conditions s'avère compliqué et en 2022 Annie a eu le sentiment de ne pas pouvoir apporter plus. Elle décide alors de chercher un nouvel emploi.

Comme elle l'explique, ce qui l'a fait rester dans ces différents postes en moyenne six-huit ans, c'est la présence stimulante de projets. Créer son poste et le développer, accompagner les demandeurs d'emploi dans leurs projets de formations et leurs projets artistiques, puis les personnes en situation de handicap dans leurs projets de vie... Cependant, elle reconnaît aussi des contraintes à cette dimension, notamment en ce qui concerne la question des finances et du budget.

Après son poste de directrice générale, Annie envisage tout d'abord de trouver un autre emploi similaire, mais finit par changer d'avis. Elle souhaite faire de ses dernières années de travail quelque chose de nouveau et d'agréable. C'est pour cette raison qu'elle se tourne vers le secteur du cosmétique, avec une volonté de revenir au B.A.-BA du métier. Annie passe donc un CAP Esthétique cosmétique et parfumerie, puis fait plusieurs formations de haut niveau pour se spécialiser dans les soins pour la peau et l'anti-âge. Elle est inscrite à la Chambre des métiers et de l'artisanat, en tant qu'artisan, et crée sa microentreprise en janvier 2022. Être esthéticienne implique de nombreuses missions : maîtriser les protocoles de soin, connaître les produits utilisés, aller chercher la clientèle, accueillir et trouver le soin adapté, ainsi qu'avoir une force d'argumentation et être capable de créer une relation de confiance. Le secteur est très concurrentiel et il faut se donner les moyens de se différencier.

Selon Annie, la formation de Sciences Po Grenoble a apporté à toutes les phases de son parcours, en lui permettant une ouverture d'esprit et un horizon de vue large. Sans Sciences Po, elle n'aurait pas navigué dans des secteurs si différents et n'aurait pas pu autant développer sa capacité d'adaptation. Sa formation lui a aussi été utile pour sa reconversion dans le domaine du cosmétique, notamment en ce qui concerne la création d'entreprises au niveau micro. C'est même le cas pour la méthodologie de travail enseigné à Sciences Po Grenoble qui l'a poussée à avoir des bases dans différents sujets autour de l'esthétique pour pouvoir guider au mieux ses clientes. Cependant, elle reconnaît aussi qu'il lui a été compliqué de revenir aux gestes techniques nécessaires à la formation de facialistes.

Les conseils d'Annie sont clairs et vont à l'essentiel : se fier à son intuition, ne pas avoir peur et se faire plaisir. Sciences Po Grenoble donne des opportunités formidables, et tout dépend de là où on a envie d'aller.

Interview réalisée par Mélissa Jarillot (étudiante IEPG)
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31/01/2023