Il y a ceux qui ont toujours su qu’ils avaient une vocation, et puis il y en a d’autres qui la découvrent en chemin. Je fais plutôt partie de deuxième catégorie et c’est Sciences PO Grenoble qui m’a aidé à la découvrir et à la faire grandir. Aujourd’hui, je crois non seulement que sa vocation on la découvre au fur et à mesure mais aussi qu’on en a plusieurs et c’est ce pourquoi je travaille aujourd’hui : accompagner les organisations dans leurs évolutions et les hommes et les femmes dans leur développement professionnel et ce, dans le respect de valeurs économiquement et socialement responsables.
Mon orientation, je l’ai construite au fur et à
mesure. A la base, je voulais être journaliste économique.
Au cours de la troisième année à Sciences PO et notamment
grâce à des stages, je me suis rendue compte que je voulais
avoir un rôle actif sur les questions de l’emploi et du travail
qui étaient celles qui me passionnaient le plus dans la section
PES. Je me suis alors orientée vers le master Ingénierie
Juridique et Financière option Organisations privées
pour apprendre les fondamentaux de la gestion financière d’une
entreprise.
Ce sont ensuite les deux dernières années à Sciences
PO en master qui ont confirmé mes choix : un séjour en Ecosse,
un stage en Ressources Humaines Généralistes à Marionnaud
Italie a Milan et surtout l’année d’apprentissage au
Département Corporate RH Formation au sein du groupe Société
Générale à Paris.
Au cours de ces expériences, j’ai toujours
été confrontée à trois thématiques
quelle qu’aient été mes missions : d’une part,
l’internationalisation grandissante des activités des entreprises
comme facteur de croissance, d’autre part la rationalisation des
coûts comme critère d’exigence pour les prochaines
années, et par conséquent, la nécessité pour
la fonction RH de prouver sa capacité d’adaptation et sa
force de mobilisation. L’internationalisation des entreprises françaises
est devenue un axe stratégique incontournable.
La majorité des groupes du CAC40 réalise deux tiers de leur
chiffre d’affaires à l’étranger (+66% du C.A.)
et la moitié de leurs effectifs se situent hors de France. L’internationalisation
est donc aujourd’hui au cœur des changements économiques,
sociaux et culturels qui se profilent et dans ce contexte, la fonction
Ressources Humaines est un pilote essentiel dans l’accompagnement
du changement.
Consciente de ces enjeux et ayant toujours été
attirée par l’international, j’ai poursuivi les études
avec un mastère spécialisé en Ressources Humaines
Internationales. Cette formation était en quelque sorte une exigence
professionnelle pour maîtriser les outils RH à l’international
et développer l’expertise indispensable pour piloter des
projets RH internationaux. J’ai donc réalisé le mastère
spécialisé « Gestion des Ressources Humaines et
Mobilité internationale » aux Arts et Métiers
à Paris co-accrédité par l’ENS Cachan dans
l’optique d’évoluer à termes sur des projets
RH internationaux.
Ce dernier offre une formation complète en RH et c’est le
seul aujourd’hui à offrir une expertise technique en mobilité
internationale c’est-à-dire dans l’accompagnement des
organisations et des salariés qui partent a l’étranger.
On apprend vite en mobilité internationale que chaque situation
est unique et c’est la diversité des domaines sur lesquels
on peut intervenir (droit du travail fiscalité, immigration, Comp&Ben,
carrière, gestion des transitions et accompagnement du changement)
et la dimension multiculturelle qui m’intéressent. Envoyer
un Malaisien aux Etats-Unis, un Mexicain au Canada, ou un Américain
en Chine, nécessiteront une préparation organisationnelle
et humaine propre à chaque mouvement. J’ai fini ce mastère
spécialisé avec le sentiment d’avoir trouvé
ma voie et avec la fierté de finir majore de ma promo et majore
sur les 15 dernières années depuis la création du
mastère.
Apres avoir continué sur une mission avec Alstom
ou je gérais le personnel expatrié sur la zone Europe Moyen
Orient et Afrique, j’ai souhaité vivre aussi l’expatriation
de mon côté pour pouvoir mieux appréhender les attentes
et les besoins des entreprises et des salariés.
Je suis donc aujourd’hui en VIE à Dallas, Texas, aux Etats-Unis
pour le groupe aéronautique Safran. Je gère les expatriés
du Groupe sur la zone Nord-Amérique et j’apporte assistance
et conseils à nos filiales aux Etats-Unis et au Canada sur les
questions liées à la mobilité internationale.
Le statut de VIE permet d’avoir rapidement des
responsabilités, d’être totalement opérationnelle
en anglais et d’apprendre de nouvelles méthodes de travail.
Sur le plan professionnel, ce VIE m’a permis de voir une autre facette
de mon métier et d’être totalement immergée
dans la culture de travail américaine. Le travail aux Etats-Unis
se caractérise par exemple par une certaine fluidité des
mécanismes d’emploi, une rapidité des mouvements du
personnel et un dynamisme important dans les relations de travail.
Le contrat de travail dit « at will », qui est la règle
sur le marché du travail américain, fluidifie clairement
les mécanismes de rupture de contrat de travail et ce des deux
côtés, employeur et employé. Dans l’heure, un
salarié peut poser sa démission et partir et inversement.
Cette fluidité implique à la fonction RH un renforcement
de la stratégie au niveau du recrutement ainsi qu’un développement
décuplé de la stratégie de rétention et de
fidélisation du personnel. La fonction RH doit être réactive
et aussi créative, et on a par exemple beaucoup à apprendre
des techniques de management américaines, de l’importance
du positivisme, à la valorisation de la prise du risque ainsi qu’à
l’encouragement continu des équipes.
Sur le plan personnel, il est intéressant d’expérimenter
les clichés qu’on peut avoir sur les texans outre-Atlantique,
en passant par l’univers impitoyable de Dallas, les cow-boys, les
rodéos, à la culture des armes. Quand on arrive au Texas,
on comprend assez vite les particularités de cet Etat ne serait-ce
que par ces slogans « everything is bigger in Texas »,
« don’t mess with Texas », « we don’t
dial 911 ». Tout est disproportionné par rapport à
la France, la nourriture, les espaces, les voitures, même la politique…
j’ai vécu la campagne présidentielle en direct depuis
le QG démocrate de Dallas et ce, dans l’un des Etats les
plus républicains des Etats-Unis, un vrai show politique !
En tout cas, je n’ai jamais été aussi bien accueillie
qu’au Texas et c’est un Etat qui mérite vraiment qu’on
s’y intéresse de plus prés pour ses fortes influences
amérindiennes, Afro-Américaines, et hispaniques qui font
que le Texas a développé une identité forte et dispose
d’une vraie culture du folklore.
Et bizarrement, je n’ai jamais eu le sentiment de comprendre aussi bien notre culture française que depuis que je suis aux Etats-Unis, je ne me suis jamais sentie aussi française depuis que je suis loin de mon pays. L’expatriation c’est peut-être aussi partir pour mieux revenir.
Je recommande donc fortement cette expérience et je serai ravie d’apporter quelques « tips » aux étudiants sur les RH, les Etats-Unis, le VIE ou tout simplement pour échanger.
Jessica PORRE
International Mobility Specialist
jessica.porre@gmail.com
05/12/2012