Guillaume
NICOLAS (IEP 1998 EF - DESS Progis 1999) devient à 40 ans DG d'une
ONG de développement, après avoir travaillé plus
de 15 ans en entreprise.
Guillaume, tu viens de prendre une nouvelle orientation de carrière, peux-tu nous expliquer ton parcours et ce choix récent ?
J'ai débuté ma carrière par le métier de chargé d'études statistiques pendant près de 3 ans. C'était tout à fait en phase avec ma dernière formation (Progis 99, suite à Eco-Fi 98), qui nous préparait à ce métier. J'ai rejoint ensuite un service études chez France Telecom Mobiles (qui deviendra Orange) pendant 4 ans, pour ensuite faire davantage de marketing opérationnel pendant 2 ans, non pas par goût mais plus par besoin de me diversifier, estimant que le monde des études était un peu clos. Cette expérience m'a permis d'élargir mes compétences pour pouvoir me revendre au delà du monde des études.
J'ai ainsi vécu de l'intérieur l'ouverture du marché des Télecoms et les refontes de marque associées, ce que commençait à vivre le monde de l'énergie... J'ai été démarché en 2007 par un cabinet, qui s'est d'ailleurs appuyé sur l'annuaire de Sciences Po, pour me proposer de candidater à un poste de marketeur chez Gaz de France (qui deviendra GDF SUEZ puis Engie). L'expérience chez Engie a été très formatrice. J'ai eu d'abord à traiter une grande diversité de sujets pendant 5 ans, puis j'ai occupé pendant plus de 3 ans un poste de manager d'une équipe d'une quinzaine de collaborateurs, en marketing BtoB. Cette expérience de management a été dynamisante. Cela est venu réactiver mon goût pour les responsabiltés, l'animation, l'attention portée à chacun... activités que j'avais davantage exercées dans le monde associatif en qualité de bénévole.
Néanmoins, je n'ai cessé de questionner le sens de mon activité marketing ou commerciale depuis le début de ma carrière. A l'approche de mes 40 ans j'ai ressenti un besoin très fort d'activer enfin un changement. Pour la première fois, je ne parvenais plus à me projeter "dans le poste d'après", n'y trouvant plus suffisamment de sens. On parle souvent de la "crise de la quarantaine"... c'est sans doute cela qui s'est joué mais de manière totalement raisonnée et assumée ! Aussi, je ne l'ai pas vécu comme une crise, mais comme une nouvelle dynamique. Il n'était ni trop tôt ni trop tard pour changer : près de 20 ans d'expérience derrière soi, plus de 20 ans devant !
Je me suis donc lancé dans une réflexion pour me ré-orienter, et bien vérifier quelles étaient mes motivations, mes désirs de sens, les renoncements auxquels nous étions éventuellement prêts en famille... J'ai activité mes réseaux, rencontré à titre exploratoire des personnes du monde associatif. Enfin, j'ai saisi une opportunité de candidater à un poste de DG qui se libérait, pour une ONG que je connaissais de nom et de réputation, et avec laquelle je partageais de nombreuses valeurs (la DCC, Délégation Catholique pour la Coopération). En choisissant aujourd'hui de me re-orienter, je renoue en fait avec certaines de mes motivations initiales, laissées un peu de coté ces dernières années...
Je dois dire que dans ma réflexion de re-orientation, mes années Sciences Po me sont revenues à l'esprit. Pourquoi avais-je choisi cette formation plutôt qu'une autre ? Ce n'était pas un hasard, cela s'expliquait notamment par un goût de la diversité des sujets et des questions de bien commun... sans compter que nous pouvions combiner ski et amphi...
Quels seraient tes conseils pour ceux qui, comme toi, souhaiteraient rejoindre le monde associatif...?
Le monde associatif est assez attractif car il répond à une demande de sens. Néanmoins, je crois qu'avant de faire le pas il faut s'assurer de bien connaitre ce monde associatif, a minima en s'y investissant sur la durée - idéalement en y prenant des responsabilités - en tant que bénévole, et en essayant de côtoyer et de travailler avec des salariés d'association. Cela permet deux choses essentielles : pouvoir crédibiliser davantage une candidature en démontrant sa connaissance de la culture associative, et aussi mieux appréhender ce que vivent ces professionnels. En effet, la vie professionnelle n'y est pas nécessairement plus facile que dans le monde de l'entreprise. Les moyens sont plus sobres, les revenus plus modestes, le management parfois moins cadré, l'implication affective des équipes peut davantage créer des conflits de personnes, et les associations sont soumises à des logiques similaires à celles du commerce : importance de l'image, de la rentabilité, des logiques de positionnement avec des "concurrents" etc...
Quoi qu'il en soit, je conseille à chacun qui ressent une envie de transition professionnelle d'affronter ces questions concrètement et sereinement. Naturellement il faut bien gagner sa vie, mais c'est encore mieux de la vivre comme on le souhaite vraiment.
Guillaume NICOLAS
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