Anne
Sophie DE LIMA LOPES, Élève directeur d'hôpital
EHESP (SP 2014)
J'ai de nombreuses fois lu, avec intérêt, les différents portraits de diplômés publiés régulièrement. J'ai souvent été surprise par la très grande diversité de parcours possibles à la sortie de l'IEP, ainsi que par le caractère exceptionnel de certaines trajectoires. J'en ai surtout retenu la possibilité d'atteindre son objectif de carrière, plus ou moins directement, à force de volonté et de travail, mais aussi que, même si rien ne nous destine à faire quelque chose, ou même si l'on peut échouer une première fois, la persévérance finit par payer.
C'est l'idée principale que j'aimerai transmettre à travers mon portrait car, finalement, chaque parcours est différent et individuel. Ce n'est donc pas tant le parcours lui-même qui importe, mais ce qu'il inspire et démontre.
À titre personnel, absolument rien ne me destinait
à devenir directrice d'hôpital. Personne dans ma famille
ou mon entourage ne travaille dans le milieu hospitalier ou médical.
J'ai découvert ce métier, emblématique du service
public et au cœur de la société, au cours de mon parcours
à Sciences Po Grenoble, lors des stages que j'ai sollicités.
Intriguée par les questions sociales, intéressée
par les grandes questions politiques et de société dès
le lycée, j'ai décidé d'intégrer un Institut
d’Études Politiques. J'étais également intéressée
par la grande diversité de débouchés possibles, mais
aussi par la caractéristique polyvalence de cette formation. N'ayant
pas eu le concours à la sortie du Bac (ES – Lycée
Vaugelas, Chambéry), j'ai intégré la Classe Préparatoire
aux Grandes Écoles littéraire (hypokhâgne) du Lycée
Champollion de Grenoble. Au cours de cette année, très enrichissante
bien que difficile, j'ai persévéré dans ma préparation
du concours des IEP. J'ai passé et réussi le concours d'entrée
directe en 2e année de Grenoble, dans la section Service Public.
Je n'ai pas choisi cette section par hasard. J'avais déjà,
au-delà de l'intérêt que je portais aux enseignements
proposés, l'envie d'exercer des fonctions d'encadrement dans le
secteur public. Je voulais approfondir les questions liées à
l'action publique et y prendre part, même si je ne savais pas trop
encore vers quel secteur ou niveau d'action (local, national, européen,
international) m'orienter.
Lors de ma 2e année à Sciences Po, j'ai
eu quelques problèmes de santé qui m'ont amené à
fréquenter l'hôpital de l'intérieur, à plusieurs
reprises. J'ai alors été fascinée par cette structure,
par toutes les procédures que je ne pouvais qu'entrevoir, mais
surtout par les interactions multiples entre les professionnels mobilisés
pour le soin et la prise en charge optimale des patients. À partir
de là, j'ai souhaité mieux connaître l'hôpital,
voir son mode de fonctionnement et ses enjeux. J'ai alors découvert
le métier de directeur d'hôpital, les fonctions de cet administrateur
du service public hospitalier, son rôle de manager et de gestionnaire
d'une structure centrale, tant pour son territoire d'implantation que
pour le système de santé plus globalement.
J'ai souhaité, dès l'été suivant, faire un
stage pour observer ces fonctions sur le terrain. J'ai sollicité
un stage au Centre Hospitalier de Chambéry, où j'ai eu la
chance de pouvoir observer le travail de la directrice générale
adjointe, ainsi que de différents directeurs adjoints (DRH, directeur
référent de pôle...). Cette expérience a été
révélatrice ! J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce
métier particulièrement intéressant de par sa polyvalence,
la diversité de fonctions possibles mais aussi ses responsabilités.
À partir de là, j'ai orienté mon
parcours vers les questions sanitaires et sociales, notamment hospitalières,
et la préparation des concours, surtout celui de directeur d'hôpital.
J'ai donc choisi le Master Carrières Publiques, dédié
à la préparation aux concours de la fonction publique, et
notamment aux concours A+ d'administrateur, même si la 2e année
est très orientée sur l'ENA. J'ai bénéficié
de l'éventail de cours proposés pour préparer au
mieux les épreuves classiques des concours (dissertation de culture
générale, épreuves de droit public et finances publiques
ainsi que les notes administratives ou de synthèse), même
si j'ai continué à travailler parallèlement les questions
sociales, sanitaires et surtout hospitalières pour coller aux exigences
spécifiques des concours sociaux (DH, D3S et l'EN3S).
Pour revenir plus spécifiquement sur la préparation des
concours, ce furent deux années relativement difficiles, même
si j'en garde personnellement de très bons souvenirs. Évidemment,
il y a beaucoup de travail à fournir. La préparation aux
concours demande de nombreux sacrifices personnels. C'est un rythme de
vie particulier, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de fiches de révisions
! Une organisation personnelle rigoureuse est nécessaire, même
si cela est plus facile à dire qu'à faire ! J'ai souvent
fait des plannings de travail... mais je ne les suivais pas souvent.
Avec le recul, je me rends bien compte que j'ai fait beaucoup de choses
inutiles, et si c'était à refaire, il y a beaucoup de choses
que je ferai différemment. Mais on ne peut réellement connaître
son mode de fonctionnement et de préparation qu'après quelques
mois d'essai... C'est tout à fait normal ! Il faut surtout faire
le tri entre la masse d'informations reçues, prendre les conseils
et les orientations des professeurs et des intervenants, mais en les adaptant
toujours à son mode de fonctionnement ainsi qu'au(x) concour(s)
souhaité(s).
Le plus important il me semble est de se concentrer
sur le nécessaire, on ne peut pas tout apprendre ! Il ne s'agit
évidemment pas de faire des impasses sur les programmes, mais il
est plus « rentable » de passer plus de temps sur les thématiques
et grandes notions incontournables que de s'acharner sur des points de
détails.
De la même manière, il faut accepter de « rentrer dans
les cases » et de se plier aux règles de chaque concours.
Le fond compte évidemment, mais les épreuves sont surtout
des exercices de forme. Il faut rassurer les correcteurs, leur montrer
rapidement que l'on a les connaissances de base nécessaires, une
réflexion claire et pertinente, mais surtout le profil recherché.
Néanmoins, il faut savoir s'octroyer des moments
de détentes et de loisirs, selon les goûts de chacun. Pour
ma part, il était important d'aller au cinéma, de lire des
livres pour le plaisir (sans les ficher pour une fois), mais aussi de
cuisiner, de sortir, de retrouver ma famille et mes proches. Cela fait
aussi partie du processus d’enrichissement qui pourra « payer
» lors d’un oral de personnalité et qui contribuera
à faire des candidats des personnes épanouies.
Je trouve également nécessaire et très pertinent
de travailler en groupe. Pour ma part, c'est l'un de mes meilleurs souvenirs
de prépa ! Au vue de la quantité de travail à fournir,
il est impossible de tout faire seul. La prépa est semée
d'embûches et il est plus facile d'y faire face à plusieurs.
On travaille et on s'organise ensemble, on se soutient, on se motive,
mais surtout on croise nos points de vue, nos domaines de compétences
et de prédilection.
Enfin, au-delà de l'apprentissage et des révisions nécessaires
à la préparation des concours, l’entraînement
en conditions réelles reste la meilleure école, surtout
pour les oraux d'admission. Il est donc intéressant de passer plusieurs
concours pour s'entraîner et se tester lors de « vraies »
épreuves. Néanmoins, il faut trouver un équilibre
car il ne s'agit pas de passer tous les concours possibles. Il vaut mieux
cibler car les concours sont épuisants et dans le cas où
l'on est admis, il n'est pas toujours évident de renoncer à
un emploi !
Pour ma part, j'ai passé plusieurs concours dès
la fin de la 4e année, dont celui d'inspecteur des Finances Publiques.
Au-delà de l'objectif d’entraînement, j'étais
bien consciente de la sélectivité du concours de directeur
d'hôpital et j'ai voulu diversifier mes candidatures pour maximiser
mes chances de réussite. Je me suis donc inscrite aux concours
qui m'intéressaient, parmi ceux qui offraient des fonctions managériales
et de gestion, avec divers métiers possibles et des perspectives
de carrière porteuses (DGFiP, EN3S et D3S). J'ai été
admissibles à plusieurs d'entre eux, faisant que j'ai pu passer
plusieurs épreuves orales et développer des réflexes
et des méthodes qui m'ont été très utiles
à l'heure des oraux d'admission de directeur d'hôpital.
De la même manière, j'ai fini ma préparation en sachant
que j'avais obtenu un concours (les résultats du concours d'inspecteur
DGFIP sont tombés fin février) et j'ai donc pu me concentrer,
plus sereinement, sur la préparation des concours sociaux, qui
restaient mon objectif principal.
J'ai donc commencé la formation d'inspecteur stagiaire des finances
publiques à l’École Nationale des Finances Publiques
de Clermont-Ferrand en septembre 2014. Ainsi, j'ai donc préparé
et passé mes oraux pour le concours de DH en parallèle de
cette formation.
Maintenant, une nouvelle vie commence. Je vais intégrer la formation
de directeur d'hôpital en janvier 2015, pour 24 mois, à l'EHESP
de Rennes. Celle-ci est composée de 3 stages qui représentent,
au total, la moitié de la formation. C'est une formation professionnalisante,
portant sur de nombreuses matières, en cohérence avec la
polyvalence du métier de DH.
Concernant Sciences Po Grenoble, je retiens surtout
la diversité de notre formation. Nous avons des connaissances,
basiques ou approfondies en fonction de nos cursus et orientations personnelles,
dans de très nombreux domaines. Cela a réellement été
utile pour les concours. De la même manière, chacun peut
trouver sa voie, en fonction des sections, mais encore plus grâce
aux différents masters et possibilités de mutualisation
avec les autres IEP.
Au-delà du fond, la formation de l'IEP offre vraiment des compétences
sur la forme, notamment pour les épreuves orales. Il en est de
même pour les capacités de synthèse et de rédaction.
Ce sont des avantages incontestables, notamment pour les concours.
Je retiendrai aussi des enseignements mémorables, portés
par des enseignants emblématiques, qui nous ont tous marqués
par leur enthousiasme, voire leur passion, pour leurs thématiques
de travail, ainsi que par leur implication pour les étudiants et
la transmission de savoirs et de réflexions. Ainsi, ces années
passées à l'IEP ont surtout été des moments
d'évolution intellectuelle, de construction, d'épanouissement
personnel, de découverte et de débats. Enfin, l'IEP c'est
aussi de très belles rencontres, de grands moments (le grand O
ou le mémoire par exemple) qui, sur le moment, sont difficiles
à vivre mais dont on garde, a posteriori, de très bons souvenirs
!
Si j'avais quelques conseils à donner aux actuels
étudiants de l'IEP, je leur dirai d'abord de profiter de leur période
d'études, d'une certaine manière de la savourer et de se
faire plaisir ! C'est réellement l'occasion de travailler et d'approfondir
des thématiques qui les passionnent. De la même manière,
il me semble essentiel de faire des stages, ou de travailler, de saisir
et d'aller chercher des opportunités – notamment grâce
à l'annuaire des diplômés – pour enrichir leur
parcours et approfondir leurs compétences sur le terrain.
Ensuite, je leur conseillerai de croire en eux, en leurs projets et en
leurs capacités. Il ne s'agit pas de s'autocensurer mais de se
fixer des objectifs et de se donner les moyens de les atteindre, plus
ou moins directement. Pour ce qui est des concours plus spécifiquement,
certains peuvent sembler trop difficiles ou inatteignables mais ils le
seront d'autant plus si l'on considère que l'on ne les aura jamais
ou si l'on ne se donne pas les moyens de les obtenir ! Il faut avoir une
vision réaliste en ce sens qu'il faut avoir conscience du niveau
à atteindre et du travail à fournir pour obtenir le concours
mais il faut y croire, s'accrocher, beaucoup travailler, et tout donner
pour ne rien regretter.
Enfin, je pense qu'une vision de plus long terme est aussi pertinente
et plus rassurante. D'autres concours existent et permettent de très
bien lancer une carrière, tels des tremplins, pour retenter ensuite
les concours A+ en interne. Il faut surtout ne pas avoir d’à
priori et réellement chercher à connaître les différents
métiers possibles, au-delà du concours lui-même qui
n'est finalement qu'une porte d'entrée.
Anne Sophie DE LIMA LOPES
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02/02/2015