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« Mon Paris de la montagne »

 

Nicolas GOUVERNEL, SP – GE 2014
Chargé de mission développement des territoires de montagne
Commissariat général à l’égalité des territoires – CGET

Que suis-je devenu un an après Sciences-Po Grenoble ?

Je suis Chargé de mission développement des territoires de montagne à Paris, au sein du Commissariat général à l’égalité des territoires - CGET ; un service interministériel, sous autorité du Premier ministre, qui est l’héritier de la Délégation interministérielle à l’aménagement des territoires et à l’attractivité régionale – DATAR.

Travailler au développement montagnard à Paris, quelle idée ?!

Étant moi-même moitié vosgien, un quart cantalien et grenoblois d’adoption depuis l’âge de quatre ans, j’ai toujours baigné dans le milieu montagnard et en ai épousé les valeurs fondamentales : la solidarité, l’effort, le respect de l’environnement. Aussi, quand s’est présentée l’opportunité de servir les territoires de montagne et leurs citoyens, résidant permanents comme pratiquants occasionnels, je n’ai pas hésité une seconde et j’ai fait le pari de la montagne.

Au cours de ma dernière année à Sciences-Po Grenoble, en Master 2 Gouvernance européenne, j’étais impliqué dans l’association Alp’Europe avec laquelle mes camarades et moi avions organisé le 18 octobre 2013 une conférence inédite, réunissant les ministres des affaires européennes français, allemand et italien. Cette conférence avait été rendue possible parce que le jour même était lancé en grandes pompes à Grenoble le processus d’élaboration de la Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (SUERA) ou couramment appelé Stratégie macrorégionale alpine.

Quelque peu impressionné par l’ampleur de l’évènement qui projetait Grenoble au cœur de la coopération européenne alpine, je me suis intéressé à ce processus. Et j’en ai même consacré mon stage de fin d’études, au Conseil régional Rhône-Alpes, Région proactive dan le processus. Au terme de ce stage passionnant, j’ai été appelé par mon homologue du CGET travaillant sur processus pour poursuivre mon travail. C’est comme cela que je me suis retrouvé en octobre 2014 à Paris pour participer à la coordination de la Délégation française au sein de la SUERA.

En quoi consiste cette Stratégie macrorégionale alpine ?

Conçu comme un outil innovant de coopération multiniveaux transfrontalière, les stratégies macrorégionales sont proposées depuis la fin des années 2000, par la Commission européenne, à des États et Régions membres ou non de l’UE, d’un même ensemble géomorphologique, pour apporter des réponses communes à des problématiques partagées ; l’objectif étant d’édifier une coopération européenne à une échelle territorialisée, au plus près des enjeux du terrain et des préoccupations des citoyens.

Ainsi, très concrètement, concernant la région alpine, il s’agit d’apporter des solutions communes des sept États alpins (Allemagne, Autriche, France, Liechtenstein, Italie, Slovénie, Suisse) et de la cinquantaine de Régions alpines aux problématiques majeures telles que le changement climatique et ses enjeux environnementaux et énergétiques, les mutations socioéconomiques liées à la mondialisation et à la métropolisation, les flux de passagers et de marchandises.

Ma mission au quotidien ?

Animation du réseau de partenaires français travaillant à cette Stratégie (les Régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, les ministères concernés, des ONG et acteurs économiques et socioprofessionnels alpins) et coopération avec les partenaires alpins (les sept États et les grandes Régions comme la Bavière et la Lombardie) constituent les deux volets de mon action quotidienne.

Régulièrement, je participe aux réunions du Comité de pilotage de la SUERA et à ses groupes de travail, pour définir les objectifs prioritaires de cette Stratégie et les actions de mise en œuvre qui devront en découler. Cela m’amène donc à me déplacer dans les grandes cités alpines et du pourtour du massif alpin telles que Chambéry, Lyon, Ljubljana, Milan, Munich, Vienne, Zurich, ainsi qu’à de fréquentes rencontres avec la DG Regio de la Commission européenne à Bruxelles.
Un travail politico-diplomatique des plus épanouissants que j’étais loin d’imaginer il y a encore un an, et qui s’est complété récemment par un volet national du développement des territoires de montagne.

30 ans après son adoption, l’Acte II de la Loi montagne.

Décidément, c’était apparemment le bon « moment montagne » car au début de cette année 2015, le Premier ministre a confié à la Députée de Savoie Bernadette Laclais (PS, ancienne maire de Chambéry et diplômée de Sciences Po Grenoble) et à la Députée du Doubs Annie Genevard (LR, maire de Morteau), la mission de préparer un Acte II de la loi relative au développement et à la protection de la montagne, datant du 9 janvier 1985, soit il y a exactement 30 ans.

Et c’est le CGET qui a été chargé d’apporter son expertise pour accompagner les Députées tout au long de leur mission. Depuis quelques mois, je collabore donc, avec mon collègue Xavier Chauvin, Secrétaire général du Conseil national de la montagne (instance nationale consultative ad hoc), avec les Députées pour actualiser une loi et in fine une politique montagne pour faire face aux enjeux du XXIème siècle.

Adaptabilité des normes, développement soutenable et transition écologique, accessibilité aux services publics et au public (notamment de santé), couverture numérique, mobilités internes et traversées des massifs montagneux, diversification touristique « quatre saisons » et emploi saisonnier, ainsi que le renforcement et la démocratisation des instances consultatives nationale et territoriales de la montagne sont autant de questions à l’ordre du jour de cette mission dont le rapport final et les conclusions seront remis au Premier ministre à la rentrée, avec à la clé un certain nombres de décisions gouvernementales et éventuellement un projet de loi.

Quelles perspectives maintenant ?

J’ai à cœur de mener à bien cette mission préparatoire de l’Acte II de la Loi montagne, en apportant ma modeste contribution à l’exercice (production de notes thématiques, organisation d’auditions, co-rédaction d’éléments du rapport). Et, restant toujours activement mobilisé sur l’élaboration de la SUERA dont le Plan d’Actions devrait être adopté à l’été par la Commission européenne et définitivement validée par le Conseil européen au second semestre, j’espère pouvoir, à l’issue de ces échéances, être en mesure de participer à la mise en œuvre de la Stratégie, au plus près des Alpins et des amoureux de la montagne.

Reconnaissant de l’Institut.

Près d’un an après avoir été diplômé, je me rends compte que mon parcours symbolise bien l’IEP de Grenoble - les sciences de gouvernement au cœur des montagnes, et son Master Gouvernance européenne - les Alpes au cœur de l’Europe et de la coopération européenne.

J’ai pu saisir l’opportunité du lancement de la Stratégie de l’Union européenne pour la Région alpine à Grenoble et grâce aux précieux outils conceptuels étudiés dans le Master tels que la gouvernance multiniveaux, j’ai pu aisément aborder cet objet innovant de coopération alpine au cours de mon stage de fin d’études au Conseil régional Rhône-Alpes, puis actuellement au Commissariat général à l’égalité des territoires.

L’année effectuée à l’étranger en Master 1 m’aura également permis une ouverture académique anglo-saxonne complémentaire (premier semestre Erasmus à Cardiff au Pays de Galles) et le second semestre effectué en stage à la Délégation permanente de l’Union européenne auprès des Nations unies à Genève aura constitué pour moi une solide première expérience professionnelle, dont j’ai notamment retiré des enseignements utiles pour la coopération.

Aujourd’hui, je peux donc dire merci à Sciences-Po Grenoble pour tout que ce bel Institut m’a apporté, pour les opportunités qu’il m’a permis de saisir, et pour ce qu’il m’a, pour l’instant, donné de réussir à Paris, mon pari de la montagne.

Nicolas GOUVERNEL
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27/08/2015


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