Caroline ROUX (PO 1993)
« à la juste place »
En régie, les dernières minutes avant le direct de C dans l’air, sur France 5, sont précieuses. Une vingtaine d’écrans crachent en continue les images des chaines d’informations, des concurrents et du tournage. Un nombre aussi important de personnes s’affairent dans un rythme soutenu. Les visages sont fermés. Impassible, Caroline Roux répète en plateau avec ses invités. Seul indice de l’agitation du moment, une oreillette, par laquelle elle reçoit les derniers ajustements. L’animatrice ne laisserien transparaître, ou presque. Dans sa maitrise, dans son professionnalisme, elle dégage l’impression de « coller à l’émission », d’être « à la juste place ». L’ancienne de Sciences Po Grenoble raconte ses années étudiantes et le chemin parcourujusqu’à cette fructueuse rencontre« entre un présentateur et un format » qui a fait d’elle le nouveau visage de C dans l’air.
« Quand je suis rentrée le premier jour dans cette école, je me suis dit que je ne m’étais pas trompée ». Caroline Roux intègre l’IEP en 1991. Elle a encore en tête « le visage de certains professeurs de droit constitutionnel et d’histoire ». A l’époque, elle apprendà composer avec les nombreux éléments qui constituent sa journée. « Je faisais de la musique, et je jonglais entre les concerts, à l’entrepôt ou sur la place du tribunal... J'arrivais avec mes dossiers de droit constit' aux répétitions devant des musiciens qui se demandaient ce que je foutais là ».
Pour elle, Sciences Po Grenoble est « une formation qui ouvre l’esprit ». Elle apprend à organiser sa pensée, sans être « formatée », mais en s’appuyant sur un solide « socle de connaissances ». Si elle n’est pas vraiment engagée dans la voie du journalisme, Caroline Roux cultive déjà un attrait certain pour la machine médiatique : « J'étais du genre à lire tous les journaux, du début à la fin. Je voulais faire de la recherche en Sciences Politiques. J'ai fait un DEA et au milieu je me suis dit « non ». »
Lorsqu’elle entre à l’école de journalisme de Marseille, en 1993, elle s’exerce à « la prise de parole en public, à affronter la caméra et à improviser ».Aujourd’hui rien ne permet de deviner que celle qui prend l’antenne chaque jour sur France 5 devant plus d’un million et demi de personnes était à l’époque « très timide ».
Même si elle reconnait qu’une école de journalisme facilite l’entrée dans le métier, Caroline Roux met un point d’honneur à mettre en valeur l’enseignement de l’IEP. « C'est une des meilleures formations. Pour moi, l'intelligence c'est la mise en relation des connaissances. Sciences Po apporte ça. Je suis obligé de m'approprier des connaissances très rapidement, et de trouver une forme d'agilité entre les concepts et les problématiques et c'est vraiment cette formation qui me l'a apprise. »
Après Marseille, Caroline Roux intègre sur concours Europe 1 où elle fait ses armes, avant de réaliser les interviews politiques « 4 vérités » de la matinale de Télématin sur France 2. A partir de septembre 2013, elle devient le Joker d’Yves Calvi en parallèle de l’émission C politique qu’elle présente. C’est elle qui reprend les rennes de C dans l’air après le départ de l’animateur.
Comment se fait-il qu’une émission comme C dans l’air marche autant, à l’heure où l’on réunit des millions de personnes « en faisant une vidéo depuis sa cuisine ou sa salle de bain » ? Si l’émission est autant regardée malgré l’absence de buzz ou de débats véhéments, c’est par ce qu’elle est singulière et rigoureuse. L’animatrice surf sur ce carton d’audience pour lancer des formats plus longs, des documentaires sur de grandes questions sociétales.
« On l'a fait il y a 6 mois sur la tentation des populismes en Europe. Je suis très fière de ce format, c'est un très haut niveau de jeu dans ce qu'on apprend, sans être dans la caricature. On n’était pas dans le dogmatisme des progressistes contre les populistes. On est allé en Hongrie, en Italie, voir les gens qui ont choisi ces personnages politiques ».
A la rentrée 2019, deux nouveaux primes sont attendus,
sur la Chine et sur l’endettement. C’est devenu une tradition, l’émission
se termine « toujours avec de la Science politique ».
Interview réalisé par Antoine BEAU (Etudiant IEP)
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