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« Sociologue, spécialiste des classes populaires »

 

Julian MISCHI (1996 PO)

Je suis entré directement en seconde année à l’IEP et j’ai été profondément marqué par les conférences de méthodes données par Agnès Roche, alors enseignante vacataire, et Jean-Pierre Arthur Bernard ainsi que par les cours d’Olivier Ihl sur la socio-histoire du politique. C’est sous la direction de ce dernier que j’ai réalisé un mémoire en 1996 qui m’a donné le gout de la recherche dans une visée pluridisciplinaire associant science politique, sociologie et histoire.

Un parcours tourné vers la recherche

Le monde de l’entreprise ou de l’administration publique ne m’a jamais intéressé et je souhaitais continuer dans le domaine de la recherche. J’ai donceffectué une thèse à l’Ecole des Hautes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris grâce à une allocation de recherche obtenue maissans avoir bien conscience des difficultés qui m’attendaient à la sortie de ces 5 années de recherche intensive et assez solitaire. L’obtention d’un doctorat est en effet loin de garantir une stabilisation professionnelle rapide. J’ai dû d’abord enseigner sur des contrats temporaires à Sciences-Po Toulouse, réaliser un postdoc au CNRS à Rennes puis passer une année à l’Université d’Oxford comme chercheur invité avant d’être finalement recruté en CDI dans un organisme de recherche. Avant cette embauche, mis à part une année de chômage durant la rédaction de la thèse, j’ai eu la chance d’être toujours en contrat mais ce n’est pas toujours le cas : le monde de l’enseignement et de la recherche n’échappe pas à la précarisation générale qui touche les jeunes diplômés.

J’ai donc été recruté en 2004 comme chargé de recherche en sociologie à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique). Je suis désormais directeur de recherche toujours dans le même laboratoire, le CESAER, basé à Dijon. Mes recherches portent sur les classes populaires, l’engagement et les espaces ruraux. Comme lors du premier mémoire réalisé à Science Po Grenoble, je réalise des enquêtes de terrain au sein des milieux populaires en faisant des entretiens, des observations et des recherches documentaires. Parmi tout un ensemble d’activité, je m’efforce de publier régulièrement des ouvrages afin de diffuser mes travaux et d’alimenter les débats autour de la place des classes populaires dans la société et la vie politique française.

Saisir le communisme « par en bas »

A partir de ma thèse, j’ai d’abord publié en 2010 l’ouvrage Servir la classe ouvrière. Sociabilités militantes au PCF aux Presses universitaires de Rennes. Il s’agit d’une étude sur l’ancrage local du Parti communiste français des années 1920 aux années 1970 à partir d'une enquête menée dans quatre départements (Allier, Isère, Loire-Atlantique, Meurthe-et-Moselle). En croisant documents internes et entretiens, j’analyse l’organisation des militants dans les quartiers, les villages et les usines, et leur implication dans les réseaux syndicaux et municipaux. À rebours de l’image monolithique couramment associée au PCF, mon étude permet de souligner le caractère pluriel de la mobilisation communiste des classes populaires en fonction des territoires et des trajectoires militantes. Un chapitre de ce livre est consacré aux communistes de l’agglomération grenobloise où je reviens notamment sur l’établissement de municipalités communistes en banlieue et sur la rivalité opposant les communistes aux militants « gauchistes » dans les années 68.

Comprendre le déclin du PCF

Mon deuxième livre issu de ma thèse paraît en 2014 : Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970 aux Editions Agone. C’est la période récente, allant de la fin des années 1970 à nos jours, qui est cette fois-ci explorée avec un souci d’écriture visant à toucher un public au-delà du seul monde universitaire. Ce livre assume la dimension politique de son questionnement autour de la représentation politique des classes populaires qui n’est progressivement plus assurée par les partis de gauche. Analyse du déclin d’un parti qui avait produit une élite politique ouvrière, il propose une réflexion sur la construction d’un outil de lutte collectif contre l’exclusion politique des classes populaires. Je montre comment, au-delà des transformations des milieux ouvriers, les classes populaires sont marginalisées au sein du PCF. En traquant toute divergence interne et en changeant continuellement de ligne, l’appareil central provoque des départs massifs de militants. Prêter attention à ce qui se passe à « la base » rend compte des transformations des manières de militer dans un contexte de fragilisation du mouvement ouvrier.


Une sociologie du combat syndical

Dans la continuité de mon intérêt sur le rapport des classes populaires au politique et à l’engagement, j’ai mené ensuite une recherche de terrain auprès d’ouvriers de la CGT, qui a donné lieu à la rédaction d’un mémoire dans le cadre d’une Habilitation à diriger des recherches (HDR) soutenue en 2015. Ce travail a été publié sous le titre Le Bourg et l’atelier. Sociologie du combat syndical (Agone, 2016). La question que traite ce dernier ouvrage est la suivante : pourquoi et comment des ouvriers continuent-ils à se syndiquer et à militer malgré la force des processus favorisant leur exclusion politique ? Ce livre s’appuie sur une enquête menée pendant cinq ans sur le quotidien de syndicalistes ouvriers dans un atelier SNCF, au sein d’un bourg industriel de 3 000 habitants. Donnant la parole à des populations souvent associées à tort au seul monde agricole et essentiellement dépeintes par les médias nationaux comme des électeurs du FN, il montre que les ouvriers constituent le premier groupe social des campagnes françaises et analyse comment certains d’entre-deux se syndiquent, s’organisent collectivement face aux réorganisations managériales et défendent des valeurs progressistes dans l’espace local. L’ouvrage souligne que les clivages de classes, loin d’avoir disparu, se sont reconfigurés dans un nouveau contexte politique et économique où l’engagement à gauche peut aussi se perpétuer dans des conditions renouvelées.

Les Editions Agone

Je suis par ailleurs engagé au sein des Editions Agone, une maison d’édition indépendante basée à Marseille qui publie des auteurs comme Jacques Bouveresse, Noam Chomsky, Gérard Noirielou encore Howard Zinn (Une histoire populaire des Etats-Unis).Depuis 2011, j’y co-dirige une collection de sociologie « L’ordre des choses » qui a déjà fait paraître une dizaine de livres. Cette collection met à l’honneur des recherches de terrain en donnant la priorité à l’enquête et à la démonstration fondée empiriquement. Partant du constat que les classes sociales n’ont pas disparu et qu’il est nécessaire d’affiner les outils d’analyse pour appréhender leurs dynamiques, cette collection braque les projecteurs tant sur les élites que sur les classes populaires.
Editions Agone : http://agone.org/

 

Julian MISCHI
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13/12/2016


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