Agnès
GUCKER-MAILLARD (PO 1990)
Lorsque Stéphane Pusateri m’a demandé de rédiger mon portrait, j’avoue avoir été flattée mais surtout étonnée. Je n’ai jamais eu l’impression de figurer comme une diplômée remarquable de l’IEP de Grenoble.
Alors je choisis plutôt de prendre les choses à l’envers et de relater tout ce que Sciences Po Grenoble a apporté de remarquable dans ma vie.
D’abord il y a eu ma première rencontre avec Gandhi. C’était en 1987 lors de la préparation au concours. Nous avons été accueillis par un enseignant qui avait campé sa caravane devant la porte de l’établissement et faisait la grève de la faim. J’ai oublié quel en était le motif, mais mon introduction à la vie de l’école s’est ainsi faite à travers un discours militant sur la non-violence et la citation de Gandhi qui est devenue l’un de mes mottos “Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours.”
J’ai appris à apprendre et vouloir apprendre à Sciences Po, sur tout, tout le temps. C’est l’une des forces de cette formation en « agora ».
J’aimerais pouvoir « refaire » Sciences Po, avec toute la maturité de mon expérience actuelle. Je ne remercierai jamais assez mes camarades de classes et mes professeurs pour m’avoir donné cette aptitude à grandir et à réfléchir en « Honnête Femme ».
Sciences Po de 1987 à 1990 (la formation alors était sur trois ans), c’était vivre et débattre autour des élections présidentielles de 1988, de l’émergence du Front National, de la Chute du mur de Berlin en 1989. C’était croiser et bénéficier du vécu de personnalités fortes, marquées et marquantes comme Monsieur Arturo Montés-Larrain et cette conférence en amphi sur la torture au Chili…, alors que nous étions de jeunes personnalités en formation.
Sciences Po, ce sont des amitiés pour la vie, et grâce à Mme Thora Van Male, des amitiés à l’international car nous côtoyions notamment des étudiants californiens venus en échange d’un an. Ils étaient 30 et 3 français pouvaient en contrepartie partir dans l’une des universités californiennes. C’est ainsi que j’ai poursuivi mes études à UCSD (University of California San Diego), ai eu la chance de faire un stage à « The Atlantic Council » un think tank à Washington DC et organiser une conférence au Congrès américain avec la participation de Mr Dominique Moïsi.
Je suis fière de faire partie de cette communauté et d’avoir contribué à orienter des jeunes indécis à s’orienter vers cette formation. Souvent on me dit « je n’imaginais pas qu’on faisait autant de choses à Sciences-Po » et c’est l’un de mes conseils aux diplômés, faites bien savoir que vous êtes des touches à tout, restez humbles dans vos apprentissage ; votre capacité de synthèse et de réflexion vous permettra d’évoluer à des postes intéressants car vous en ferez la richesse.
Mon parcours professionnel a été fait d’opportunités et de rencontres. J’ai débuté en tant qu’Assistante de Direction au sein de CAP GEMINI, et j’ai eu l’honneur d’y rencontrer Monsieur José Bourboulon (IEPG 1953). Puis repérée par le Président d’un groupe d’expertise comptable lorrain, je suis devenue Secrétaire Générale et Responsable Qualité d’une SAS de 160 personnes. J’y ai rencontré mon mentor et j’ai acquis les compétences comptables, financières, juridiques, managériales et organisationnelles qui m’ont permis ensuite de rejoindre l’école des Hautes Etudes d’Ingénieur au sein de l’Université Catholique de Lille suite à la mutation de mon conjoint, toujours en tant que Secrétaire Générale.
Là j’ai élargi ma palette de compétences en manageant les services généraux, informatique et ressources humaines en plus de la comptabilité et du contrôle de gestion.
En 2012 notre école a fusionné avec deux autres écoles d’ingénieurs de la « Catho de Lille »pour devenir le Groupe HEI ISA ISEN et tout récemment YNCREA Hauts de France, ce qui représente 4000 étudiants sur une offre de formation d’ingénieurs pluridisciplinaire. On m’a proposé en 2014 le poste de Directrice Administrative et Financière que j’occupe actuellement, et l’occasion à nouveau d’évoluer.
Je suis heureuse de travailler dans une structure associative à but non lucratif dont l’objet est de former et d’accompagner le développement de personnalités. C’est toujours une vraie émotion que de voir ces étudiants évoluer en cinq ans de formation et développer de véritables talents et passions.
A eux, à mes fils de 15 et 19 ans, à toutes celles et ceux qui auront demain la chance de suivre la formation de Sciences Po, je profite de cette page ouverte pour leur dire : la recette pour l’avenir est simple, il faut vous faut un rêve, de la détermination et de la confiance en vous.
Il y a quatre qualités qui, de par mon expérience
pourront vous être utiles :
- Soyez curieux et à l’écoute, éprouvez cette
intelligence à l’international.
- Adaptez-vous aux situations. Darwin constatait que les espèces
qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus
intelligentes, mais celle qui s’adaptent le mieux aux changements.
- Tenez bon dans les moments difficiles. La vie n’est pas toujours
rose, mais ainsi que le disait Winston Churchill « si tu traverses
l’enfer, continue à avancer ».
- Ayez confiance en vous, prenez des risques et engagez-vous. La seule
chose promise à l’échec, c’est celle que l’on
ne tente pas.
Merci à mes camarades et professeurs des années 1987-1990, vous m’avez fait découvrir que la vie était un mouvement et appris comment un esprit critique et positif permettait d’en profiter en toute liberté.
Merci à Stéphane Pusateri pour sa sollicitation, sans lui, je n’aurais pas eu l’occasion de ce plaisir d’expression.
Agnès GUCKER-MAILLARD
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