Hugo VILLAND (2019 SRI), Responsable Developpement
et Partenariats - Association des Apprentis de France (ANAF), Lyon.
Hugo Villand, originaire des magnifiques plaines savoyardes au sud de Chambéry qu’il porte toujours largement dans son cœur. Il a 28 ans. Il habite à Lyon, et travaille au sein du siège national de l'Association des Apprentis de France (ANAF).
Son portrait a pour but de fournir un témoignage le plus
sincère possible de ses années dans cette "grande école de sciences
sociales au cœur d'une université de rang mondial ».
Comment es-tu arrivé à l'IEP ?
L'intention de "faire Sciences Po" a, assez étonnamment, germé très tôt dans mon esprit. En effet, c'était mon intention dès mes dernières années de collège. Cela faisait partie du plan que j'avais fomenté pour devenir journaliste, suite à ma prise de conscience du fait qu'avec ma vision de taupe, je ne pouvais décidément pas devenir pilote de chasse.
Après avoir raté les concours une première fois et avoir fait une année d'économie-gestion à l'UGA (encore nommée "Université Pierre Mendès-France" à ce moment-là), c'est donc dans cette optique que je rentrais au sein de l'IEP de Grenoble suite à ma fructueuse seconde tentative de passer le concours.
Je ne vais pas m'épancher sur tous les bienfaits qu'a pu m'offrir mon année d'Erasmus, car d'autres l'ont fait et le feront certainement beaucoup mieux que moi. De plus, la maturité, la découverte de nouvelles cultures, l'aventure personnelle et le "rythme de vie Erasmus" (appelons-le comme cela) sont des expériences et des bienfaits qu'il vaut bien mieux vivre pour comprendre. Si cela n'a pas encore été votre cas, sachez que vous ne serez pas déçus du voyage ! Pour ma part, j'ai eu la chance de partir vivre cette expérience dans l'une des plus belles, des plus vieilles et des plus grandes villes du monde : Istanbul (au sein de l'Université de Marmara). Encore aujourd'hui, je suis émerveillé à chaque fois que j'y retourne. Ses rues étroites et raides, ses senteurs de viande et d'épices omniprésentes, ses cafés, ses mosquées, ses routes et trottoirs grouillants, les traversées quotidiennes du Bosphore en font vraiment une cité unique, inoubliable.
Pourquoi l'économie sociale et solidaire ?
Après être revenu (physiquement puis, un peu plus tard, mentalement) de ce voyage aux portes de l'Asie, j'ai décidé d'intégrer le parcours SRI (Société, Régulation et Innovation) pour ma 3e année. J'y ai découvert l'ESS, "Economie Sociale et Solidaire", et j'ai été séduit par ces manières de faire l'économie autrement. J'y ai vu (certains me diront peut-être un peu naïvement) des outils puissants pour parer aux problématiques de nos sociétés (inégalités économiques et sociales, violences, manque de pouvoir des citoyens, crise écologique etc…). Le fait de privilégier l'impact social des activités, les formes de gouvernances tendant vers la démocratie, la limitation de l'intérêt personnel sont autant de concepts qui m'ont convaincu du bien-fondé de ces formes d'acteurs économiques.
J'avais développé une vision assez critique et pessimiste de la société française et internationale, du système capitaliste et ses excès. Je n'avais pourtant jamais passé le pas de l'engagement, mes critiques restaient vaines et infertiles car n'amenant pas à la proposition de solutions alternatives, et surtout pas d'actions pour performer ces solutions. Même au sein de l'IEP, j'avoue (un peu honteusement, mais seulement un peu) ne jamais m'être engagé dans aucune association, alors que plusieurs d'entre elles valaient vraiment le coup. L'IEP m'a permis en revanche d'affiner, de "dépassionner" ma vision de ces problématiques sociétales, et m'a permis de découvrir, par la suite, l'ESS et les outils d'action que cela représentait.
Comme je l'ai dit précédemment, mon objectif initial en entrant à Sciences Po Grenoble était limpide : devenir journaliste. Cependant, par l'effet conjugué de la découverte de l'ESS et la vision pour le moins dégradée du monde journalistique qui était alors devenu la mienne, j'ai commencé à remettre en question ce but. Ce qui a fini de me convaincre de postuler pour le master DEES et non pour une préparation à l'école de journalisme, c'est ma volonté de "faire", plutôt que "d'observer ceux qui font". Ainsi était mis au placard un projet nourri depuis le collège, néanmoins presque sans regret.
J'ai donc intégré le parcours master "Développement et expertise de l'économie sociale". J'ai beaucoup apprécié cette formation, destinée à donner toutes les clés pour comprendre et participer au développement des structures de l'ESS. J'ai eu la chance de pouvoir y développer mon esprit d'analyse, ma connaissance de ce type de structures et leurs milieux, et surtout un idéal à atteindre qui m'était propre. L'un des gros points forts de cette formation, de mon point de vue, est l'importante professionnalisation qu'elle permet. En effet, un stage long lors de la première année et un format alternance lors de la 2ème permettent de se plonger dans le monde du travail et d'acquérir, avant même l'obtention du diplôme, des compétences valorisables pour sa future insertion. Ceci, adossé à des temps théoriques mobilisant des intervenants de grande qualité, rendent cette formation véritablement intéressante et impactante.
Pour ma part, j'ai eu la chance d'effectuer mon stage de 1ère année à l'international, au sein d'un institut de microfinance au Togo. J'ai ensuite effectué mon année d'alternance au sein de Paris Initiative Entreprise, plateforme parisienne des réseaux France Active et Initiative France, financeurs de l'ESS et des TPE/PME. Cette période professionnelle a principalement eu deux grands effets bénéfiques sur moi : cela m'a convaincu qu'il était hors de question pour moi de rester dans la capitale, et cela m'a permis de largement approfondir ma compréhension de la gestion financière et stratégique des structures de l'ESS.
J'ai donc fui Paris (sans AUCUN regret, cette fois-ci), et ai pu passer (pas si facilement que cela) mon diplôme. Me voilà donc prêt à me plonger dans le développement de l'ESS !
Qu'as-tu fait par la suite ?
Après avoir obtenu mon diplôme j'ai connu, comme beaucoup de jeunes diplômés, une assez longue période de chômage. L'insertion professionnelle reste toujours difficile pour des étudiants en sortie, malgré les nombreux éléments mis en place par l'IEP pour le faciliter. Toutes les formations sur l'insertion professionnelle (construction du CV, posture en entretien, comment mettre en avant ses compétences etc…), s'ils sont des éléments indispensables, ne pourront jamais compenser le réseau. Je m'étais fait le mien sur Paris, où je ne voulais absolument plus retourner. Le résultat a été que, malgré la bonne volonté de l'IEP (et la mienne), j'ai mis plusieurs mois à réellement trouver un poste qui me convenait. Ceci n'est pas du tout une critique lancée vers l'IEP, car je considère pour ma part avoir bénéficié d'un accompagnement suffisant (entendons-nous bien, tout est toujours perfectible). Le "cachet IEP" en soi est un vrai élément facilitant. Il s'agit plutôt d'un message adressé à ceux qui, comme moi, pourront connaître des petites difficultés pour trouver leur premier emploi : relax, c'est normal, vous n'êtes pas les seuls à qui c'est arrivé. La première marche peut être un peu difficile à passer, les suivantes le seront normalement moins. L'important est de rester à l'écoute des opportunités, d'être inventif dans sa veille, de ne pas se fermer de porte et, surtout, d'avoir confiance en ses compétences.
Après une recherche de quelques mois ponctuée de petits travaux de subsistance, j'ai fini par trouver un poste qui me convenait sur Lyon. Comme lors de mon alternance, j'ai travaillé au sein du Dispositif Local d'accompagnement de l'ESS. Mon rôle consistait à accompagner les associations qui nous contactaient à se professionnaliser, à solidifier leurs modèles économiques, à retravailler leur gouvernance, entre autres. Les compétences que j'avais pu acquérir lors de mon passage à PIE (où j'ai eu l'occasion de travailler sur le même dispositif) m'ont été fort utiles pour commencer cette nouvelle aventure. J'y ai également appris, outre les compétences techniques sur les associations et la conduite de changement, l'animation de réseau. Une grande partie de notre temps était en effet alloué à la mise en place d'événements, la création de ressource et la transmission d'informations au sein du réseau des porteurs du DLA, partout dans la région AuRA.
Après mon passage par le DLA, j'ai intégré une autre association : l'ANAF, ou Association des Apprentis de France. Les missions de cette association sont : d'accompagner les apprentis et alternants dans leurs parcours (recherche, appui pendant l'alternance), de porter la voix des apprentis auprès des différentes institutions et de valoriser l'apprentissage et ses parcours. Nous sommes actuellement 40 salariés répartis dans 6 régions de France (Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Hauts-de-France, Bourgogne-France-Comté, PACA et Mayotte), et portons différents outils d'accompagnement des jeunes apprentis : un programme de mentorat, un tchat en ligne, un simulateur d'aides…
Je suis entré dans cette association comme "Chargé d'appui au développement". Mon rôle était de faire de la gestion de divers projets transversaux, notamment la structuration de missions de service civique, le développement d'une application couteau-suisse pour les apprentis, ou encore le sponsoring d'un équipage pour le raid du 4L Trophy 2023. Il s'agissait d'un poste très polyvalent, qui m'amenait à gérer des projets, comme vous l'aurez compris, très variés dans leurs thématiques et leurs enjeux.
Je suis à présent "Responsable développement et partenariats" au sein de l'ANAF. Après la très grande polyvalence que me demandait mon précédent poste, mes tâches sont aujourd'hui beaucoup plus concentrées autour de la prospection et de la structuration de partenariats opérationnels et financiers. Je concours toujours au développement de l'association, mais je le fais à présent, non plus via le développement de nouvelles actions, mais par la diversification du modèle de financement et la multiplication des coopérations avec les autres acteurs de notre secteur. Mon domaine de prospection englobe les acteurs publics et les fondations.
Très concrètement, mon travail consiste à faire de la veille, à déterminer quels acteurs peuvent être intéressants à contacter pour nous considérant nos actions et notre stratégie, à créer le contact avec ces derniers puis à structurer et entretenir la coopération. J'ai également un rôle d'appui pour mes collègues également impliqués dans le travail partenarial (nos responsables de programmes et d'antennes notamment).
Je remercie Stéphane pour m’avoir donné l’occasion de parler de mon parcours
(encore cours, comme vous pouvez le voir). Si vous avez des questions
ou que vous avez envie d’échanger avec moi, je reste bien sûr disponible,
aux contacts suivants :
tél : 06 34 11 22 65
mail : hugo.villand22@gmail.com
Hugo VILLAND
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01/11/2022