Amandine
GERMAIN, Conseillère générale de l’Isère
et attachée parlementaire du Sénateur de l’Isère,
Jacques CHIRON.
Section PES (2002)
Entretien avec Angelo LUSARDI, étudiant en
M2 Carrières Publiques à Sciences Po Grenoble
Questions sur votre parcours à Sciences Po Grenoble
A.L: Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur votre cursus à Sciences Po Grenoble ?
A.G: Je n’étais pas spécialement préparée pour intégrer Sciences Po Grenoble. J’ai rencontré de nombreux parisiens, qui avaient une bonne Culture Générale, supérieure à la mienne. Ainsi, je n’étais pas certaine d’être au bon endroit. Avec le temps, j’ai rencontré des gens qui sont devenus de vrais amis et j’ai acquis une méthode de travail précieuse dans l’exercice de mes fonctions actuelles. La diversité des matières abordées m’a permis d’aiguiser un regard critique sur le monde et la société qui nous entourent, utile tous les jours en tant que citoyenne comme dans le domaine professionnel.
A.L: Avez-vous un souvenir marquant de votre formation universitaire à Sciences Po Grenoble ?
A.G: Le Grand Oral, pour une raison simple : on s’y prépare depuis longtemps et c’est un exercice périlleux, stressant et intéressant. Il ya une certaine forme de solennité, car tout le monde prépare ce grand oral. Finalement, après beaucoup de stress, il reste pour moi un bon souvenir.
A.L: Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui préparent leurs avenirs professionnels ?
A.G: Ne pas faire des choix uniquement stratégiques mais faire des choix de cœur. Il faut choisir des filières qui nous plaisent, dans lesquelles on sent que l’on a une fibre. En effet, on trouve les voies pour déboucher professionnellement surtout quand on est passionné par ce que l’on fait. L’avenir se construit toujours mieux si les choix réalisés sont des choix de cœur.
A.L: Pour quelles raisons avez-vous choisi la section politique économique et sociale plutôt qu’une autre section comme par exemple la section politique ?
A.G: Depuis longtemps, les questions d’aménagement du territoire et de vie des territoires m’intéressaient tout particulièrement.J’avais cette fibre sociale et un goût prononcé pour le développement social des quartiers.
Questions sur votre parcours administratif et politique
A.L: Etes-vous d’accord avec les propos tenus par une ancienne ministre de gauche, Michèle DELAUNEY, dans son texte « Le Tunnel – La politique et la vraie vie » ?
A.G: Je suis très sensible à cette question-là. Il faut trouver un juste équilibre, ce qui demande un minimum de culture politique. Aujourd’hui, faire de la politique c’est devenu métier. Même si ce n’est pas ce que souhaite et que je porte dans mon engagement, force est de le constater ! Pour être pertinents dans leur prise de décision et assurer la proximité nécessaire avec les acteurs du territoire et les habitants, les élus doivent consacrer énormément de temps à leur mandat. Qui plus est, avec les loirs de décentralisation successive, les collectivités locales ont des responsabilités fortes qui nécessitent que les élus aient de l’expertise.
Pour faire de la politique, il faut avant tout avoir une fibre, une envie et un ancrage dans la vie réelle. Un parcours politique ne se construit pas sur le papier, mais dans la vie, sur les territoires, avec les gens. Il n’est pas forcément le parcours de toute une vie, il peut être un moment de vie, un passage.
Le monde politique peut être est enfermant et
peut nous éloigner des réalités sociales, il faut
donc être vigilants dans la manière de conduire son mandat
d’élu. Quand on fait de la politique, il faut garder cet
ancrage, cette proximité avec le monde qui nous entoure. En effet,
il faut sans cesse prendre en considération les attentes des citoyens
dans le respect des valeurs politiques que l’on défend et
que l’on porte.
A.L: Après avoir été Cheffe du service politique
de la ville de Grenoble, pouvez-vous nous dire les motivations à
l’origine de votre volonté d’entrer dans la vie politique
à Grenoble ?
A.G: Mon engagement associatif à la Villeneuvependant plusieurs années a été déterminant dans ma vie professionnelle et politique actuelle. J’ai pu ainsi travailler sur le lien social au travers de la culture. La Villeneuve, pour ceux qui ne le savent pas, c’est un quartier historique à Grenoble. A travers cette expérience associative, j’ai pu consolider ma connaissance de l’histoire politique de Grenoble. D’autant plus que j’ai fait un mémoire sur La Villeneuve et un Master en urbanisme ou j’ai pu orienter mon travail sur ce dernier.
Les raisons de mon entrée dans la vie politique à Grenoble viennent de cette expérience associative acquise lorsque j’étais étudiante. J’ai pu rencontrer des gens, ce qui m’a donné envie de poursuivre cet engagement en entrant dans le service développement social des quartiers.
Par ailleurs, j’ai toujours été socialiste de cœur, et mon grand-père m’a transmis des valeurs fortes, que j’ai eu envie d’incarner et de faire vivre dans un engagement politique. J’ai toujours été convaincue que chacun d’entre nous a sa place dans la société et peut donc l’avoir en politique - elle n’est réservée à personne.
A.L: En évoquant La Villeneuve, je souhaite avoir votre regard sur le documentaire réalisé par France 2 qui a suscité de vifs émois et critiques ?
A.G: Le reportage n’est pas un travail journalistique. La réalité n’est pas celle-ci. Je me suis demandée en le regardant de quel quartier on parlait. Il y’a un parti-pris et une mise en scène inacceptable. La Villeneuve c’est tout autre chose. Et je salue tout ceux qui se sont levés pour le dire et qui continuent de se mobiliser jour après jour pour faire vivre ce quartier…
A.L: Pourquoi avoir décidé par la suite d’entrer au sein du cabinet du député-maire de Grenoble, Michel DESTOT ?
A.G: Sur toutes les problématiques de la politique de la ville, ce quartier a une vraie dimension politique. Et comme j’avais cet engagement politique, associatif cela m’a ouvert la voie pour rentrer au cabinet du maire de Grenoble, j’avais envie de comprendre les circuits de décision et d’apporter ma petite pierre à l’édifice, à mon niveau.
C’est naturellement que je suis devenue adhérente au PS et suppléante d’un conseiller général qui est devenu sénateur. Le fait qu’il soit devenu sénateur en septembre 2011, m’a permis de devenir conseillère générale. Mais je travaillais dans les services de la ville de Grenoble en tant que cheffe d’équipe, j’ai eu un enfant, et je me suis rendue compte que tout mener de front était compliqué au quotidien !Aussi j’ai fait le choix de changer de profession et suis devenue attachée parlementaire, ce qui me permet un emploi du temps davantage flexible.
A.L: Lors des élections cantonales de 2011 et des municipales de 2014, vous étiez suppléante de Jacques CHIRON et membre de la liste « Aimer Grenoble » portée par JérômeSAFAR, ancien premier adjoint. Avez-vous pris goût à la vie politique ?
A.G: Je voulais voir jusqu’où la politique me plaisait. Je me suis éclatée pendant ces campagnes oùnous avons défendu les valeurs socialistes. J’ai aussi appris à me forger et à défendre mon point de vue. Oui j’y ai pris goût.
A.L: Que retenez-vous de votre expérience de collaboratrice parlementaire auprès du Député Michel DESTOT ?
A.G: Ça m’a apporté une formation politique hors pair, cela m’a donné des codes et l’envie de continuer à porter les valeurs socialistes sur le territoire de la ville.
A.L: Dans le cadre de la réforme territoriale, quel avenir pour le Conseil général de l’Isère sur le futur territoire de la métropole grenobloise ? Suivra-t-il l’exemple lyonnais ?
A.G: La réforme territoriale interroge le devenir des Conseils généraux à l’échéance 2020-2021. Nous savons toute- fois que leur rôle sera renforcé pour les 6 ans à venir en matière de solidarités : solidarité territoriale et solidarité sociale, à l’égard des personnes les plus fragiles. Si cette réforme peut apparaître aujourd’hui floue, elle constitue une réelle avancée en matière de décentralisation. Il s’agit de simplifier une organisation territoriale devenue trop complexe, de gagner en lisibilité et en efficacité, de contenir la dépense publique tout en assurant des services publics de proximité et la péréquation financière. Sur l’agglomération grenobloise, la métropole a intégré au 1er janvier des compétences jusque-là communales et a vu ses responsabilités renforcées. La seconde étape engagera le transfert de certaines compétences du Conseil général vers la Métro- pole, en lien avec la Région. Nous avons un mandat pour assurer ces transferts, dans le souci de garantir aux Isérois le même niveau de service public.
Nous ne devrons rien lâcher sur les avancées considérables réalisées en Isère depuis 2001 en matière de solidarités et d’action sociale, de politiques éducatives, de transports publics, d’aménagement et d’environnement, de culture et de sports. C’est une responsabilité forte qui reviendra aux majorités du Conseil général et de la Métro, qu’elles devront assumer en parfaite cohérence, au service des habitants et autour d’un projet politique pleinement partagé, qui devra devenir notre projet d’agglomération commun.
A.L: Serez-vous candidate à votre propre succession lors des prochaines élections départementales de mars 2015 ?
A.G: Oui, je serais candidate à ma succession, je suis élue depuis 3 ans seulement. J’ai porté un certain nombre de choses notamment en matière de déplacements et je souhaite poursuivre mon action au service des habitants de Grenoble et de l’Isère.
A.L: Que pensez-vous de la réforme territoriale actuellement en discussion au Parlement ?
A.G:Je suis très favorable à cette réforme qui mettra fin à l’empilement des niveaux de collectivités territoriales. Si cette réforme peut apparaître aujourd’hui floue, elle constitue une réelle avancée en matière de décentralisation. Il s’agit de simplifier une organisation territoriale devenue trop complexe, de gagner en lisibilité et en efficacité, de contenir la dépense publique tout en assurant des services publics de proximité et la péréquation financière. Je suis pour la suppression des départements sur le territoire de la métropole avec un mode d’organisation permettant d’assurer la péréquation financière avec les territoires ruraux, péri-urbains ou de montagne.
A.L: Comment jugez-vous l’action du Gouvernement depuis mai 2012 et la présence de frondeurs au sein même de la majorité gouvernementale ?
A.G: Nous manquons encore de recul sur les réformes engagées par le Gouvernement et les résultats en matière d’emploi peinent à arriver, dans un contexte économique européen et international particulièrement difficile. Les temps sont durs. Les difficultés économiques rencontrées masquent malheureusement les nombreuses réformes réalisées depuis que la gauche est arrivée au pouvoir en mai 2012, notamment en matière de politiques sociales, de santé, d’éducation…Et beaucoup d’autres sont engagées.
A.L: Les élections intermédiaires sont en générales difficiles pour la majorité en place, cela vous inquiète-t-elle ?
A.G: C’est vrai. Non, la politique est faite de cycle même si le PS a perdu un certain nombre de villes et que les prochaines échéances, à mi-mandat du Gouvernement socialiste, seront vraisemblablement complexes pour notre famille politique. Je reste convaincu de nos valeurs et je les défendrai avec conviction.
A.L: Selon un récent sondage, la gauche devrait perdre un grand nombre de départements. Quelle est votre réaction ?
A.G: Le contexte est difficile donc ces élections seront-elles aussi difficiles. Je fais confiance aux électeurs pour qu’ils déterminent leur vote en fonction des enjeux locaux puisqu’il s’agit d’une élection locale, et avec pragmatisme.
A.L: Quelles sont vos perspectives pour la suite de votre carrière politique ?
A.G: Je vais essayer de gagner les élections
départementales de 2015. La suite dépendra de cela.
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Bio express
- Diplômée de l’IEP de Grenoble Section PES en 2002.
- Titulaire d’un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en rbanisme et aménagement du territoire.
- Cheffe du service politique de la ville de Grenoble.
- Collaboratrice au cabinet de Michel DESTOT, maire de Grenoble.
- Conseillère générale de l’Isère etVice-présidente de la commission des Déplacements, des Grandes infrastructures, des Routes et des Transports du Conseil général de l’Isère.
- Attachée parlementaire du sénateur Jacques CHIRON.
Angelo LUSARDI
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02/02/2015