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« Tour de France »

 

Léa Garrigues est diplômée du Master Amérique latine (promotion 2016). Après 3 années d’expériences dans le secteur associatif en Equateur, au Brésil et en Australie, elle a travaillé pendant 2 ans pour Worldia, une start-up parisienne spécialisée dans le voyage sur-mesure. Début 2020, en quête de sens et de plus en plus sensible à l'écologie, elle quitte tout pour se lancer dans un Tour de France des Alternatives Ecologiques et Solidaires, à pied et à vélo.

L'aventure des Alter'Vagabonds est à suivre sur Facebook www.facebook.com/lesaltervagabonds et sur leur blog https://www.myatlas.com/LesAlterVagabonds

 

Mon mea culpa de globe-trotteuse, ou comment je suis passée de "je veux visiter le monde entier" à "je vais faire le tour de France"

Quand j’étais petite, nos parents nous emmenaient chaque été en vacances, mes frères et soeur et moi, dans des endroits reculés de France. Chaque année, nous plantions notre grande tente violette dans un camping de Corse, de Dordogne, de Normandie, des Cévennes, du Lot ou encore du Pays Basque. Nous explorions les environs, admirions les paysages, mangions les spécialités locales, découvrions les richesses de notre patrimoine : la grotte de Lascaux, Rocamadour, l’église de Sainte-Foy de Conques, la pelote basque, la tapisserie de Bayeux, les plages du Débarquement, l’alligot,... Nous prenions le temps de vivre, le temps de découvrir, le temps de profiter.

Quand j’étais au collège puis au lycée, se sont ajoutés des séjours plus culturels à Paris ou dans les grandes villes italiennes, aux vacances de la Toussaint ou de février. A nous les églises romaines, les sculptures florentines, les canaux vénitiens, les sites archéologiques napolitains et les musées parisiens.

On passait chaque année des vacances merveilleuses, chaque séjour était riche, dépaysant et excitant, et je n’ai jamais ressenti aucune jalousie envers mes copines revenant de Floride, de Zanzibar ou de Thaïllande.

A 16 ans, je n’étais jamais allée ailleurs qu’en France ou en Italie, sauf un mini-séjour à Barcelone et Londres. Et c’était très bien comme ça.

Le virus du voyage m’a piquée en classe de première, lorsque j’ai été choisie par la Ville de Grenoble pour être l’une de ses jeunes ambassadrices à Phoenix, aux Etats-Unis. Cet été-là, j’ai passé trois semaines parmi les meilleures de ma vie au sein d’un groupe d’une quarantaine de jeunes venus de dix pays du monde entier. Premier vol long-courrier, excursion au Grand Canyon, virée au Disneyland de Los Angeles, petit séjour à San Francisco… A la fin du séjour, on s’est tous promis d’aller se rendre visite dans nos pays respectifs. On ne l’a jamais fait, mais l’idée du voyage ne m’a plus jamais lâchée.

Je me suis de plus en plus intéressée aux questions internationales et j’ai passé le concours de Sciences Po Grenoble dans le but de travailler à l’Onu, ou à l’Unicef. L’été avant ma troisième année, on a pour la première fois fait un “grand” voyage en famille, d’une semaine à New York (avec visite de l’Onu à la clé) puis une semaine à Chicago. Ce voyage était super et l’année d’après, j’ai postulé en Master “Amérique latine” qui proposait deux années d’études à l’étranger.

L’Amérique latine m’a toujours attirée, depuis que j’ai joué au CDrom Sethi chez les Incas quand j’avais 7 ans. Sethi se baladait au Royaume des Incas (disons au Pérou), jouait de la flûte de pan, volait avec les condors, pour retrouver le collier de la reine des Incas. Le tout dans des décors de rêve, entre grandes montagnes et ponts suspendus. Il y a eu Pocahontas aussi, ainsi que Tintin et le Temple du Soleil, et mon livre préféré de ma jeunesse: Reine du Fleuve, d’Eva Ibbotson, qui parlait d’une petite fille orpheline, Maya, qui partait vivre avec une lointaine famille en Amazonie, faisait de la pirogue et regardait les singes dans son jardin. Bref, l’Amérique latine, tout un programme !

Pour ma première année de master, à défaut du Pérou, me voilà partie pour l’Equateur. Le reste s’est enchaîné naturellement : des mini-voyages toute l’année en Equateur, Noël aux Galapagos, Pâques au Pérou, retour 6 mois en France (avec vacances à Istanbul et à Prague), nouveau départ en janvier 2016 pour le Brésil, stage de fin d’études et jeux olympiques/paralympiques à Rio de Janeiro, séjour en Amazonie, roadtrip au Brésil, en Argentine, en Uruguay, en Bolivie, au Pérou, au Mexique, Noël à l’aéroport d’Honolulu, puis année 2017 en Australie, conclue par un road-trip en Nouvelle-Zélande avant de finalement rentrer en France. Un sacré paquet d’émissions de CO2 au compteur, mais franchement, c’était le cadet de mes soucis.

En rentrant en France, j’ai pris le premier travail qui s’est présenté à moi : conseillère en tour-opérateur. Pendant deux ans, j’ai vendu des voyages dans le monde entier, j’ai découvert virtuellement de nouvelles destinations en allongeant chaque jour ma liste de choses à voir, de pays à visiter. Quand j’avais un peu de sous à côté, je les dépensais dans une nouvelle virée européenne, à Vienne, Venise, Londres ou Barcelone. J’ai aussi eu un voyage de repérage en Thaïlande, un voyage exceptionnel qui m’a décidée à partir plusieurs mois en Asie, un jour.

Et puis, en juillet 2019, j’ai rencontré Antoine, ou plutôt, on s’est mis ensemble, puisqu’on s’était rencontrés à Rio en 2016. Après Rio, justement, quand lui partait traverser l’Argentine en stop avec son père, je n’hésitais pas à réserver une dizaine de vols intérieurs ou internationaux pour les quatre mois suivants. Un an plus tard, quand lui rejoignait l’Andalousie en stop, je parcourais les routes de Nouvelle-Zélande en van. On s’est mis ensemble donc, et quand deux mois plus tard j’ai acheté des billets d’avion pour partir quatre jours à Barcelone avec ma soeur, il ne s’est pas privé pour me dire ce qu’il en pensait. Et effectivement, j’ai un peu culpabilisé de prendre l’avion pour partir si près et si peu longtemps.

Ensuite, quand on a décidé de partir en vacances début 2020, on s’est dit que pour cette fois, on pourrait prendre l’avion pour un long courrier, mais que ça n’arriverait qu'une fois par an, et qu’on ne prendrait pas de vols intérieurs sur place. On a acheté des billets pour deux semaines aux Philippines et on s’est promis de remplacer les courts vols intérieurs par d’interminables traversées en ferry. Malheureusement, le coronavirus s’est invité en Chine, et notre vol transitant par là-bas, il a été annulé. On s’est rabattus sur un combo Israël-Jordanie-Istanbul, en reliant Israël et la Jordanie en bus, et de toute façon on avait une escale à Istanbul donc on n’a fait qu’allonger le séjour sur place, ça ne faisait pas prendre un vol supplémentaire. Mais le coronavirus s’est encore invité, et la veille de notre départ, Israël a été le premier pays à fermer ses frontières aux ressortissants français. On a racheté la veille pour le lendemain un vol pour aller directement en Jordanie, et le voyage pluvieux et avorté au bout de dix jours (toujours par notre copain le coronavirus) n’a clairement pas rentabilité les 7,49 tonnes de CO2 (ou les centaines d’euros) dépensés pour satisfaire notre volonté de partir hors de France.

Cet échec s’ajoute à une liste qui commence à être longue de mes voyages ratés ou avortés ces dernières années. Quand j’étais en Nouvelle-Zélande, j’étais ensuite censée enchaîner sur la côte ouest australienne, puis Bali, puis Singapour, puis Paris. Je me suis fait voler mon passeport quatre heures avant l’embarquement en Nouvelle-Zélande, et j’ai donc perdu tous mes vols consécutifs, me rabattant sur un Perth-Paris, sabotant la fin de mon voyage et perdant en tout et pour tout 3000€.

Deux ans plus tard, j’ai planifié un grand et beau voyage qui devait me mener à Abu Dhabi (2 jours), en Indonésie (Java et Bali, deux semaines) et en Australie (Darwin, quatre jours), et j’ai dû annuler ce voyage (et surtout, avec le recul, cette aberration écologique) quelques semaines avant le départ.

Puis les Philippines, puis Israël, puis la Jordanie...

Je ne suis pas croyante, je suis carrément athée, mais j’aime bien croire en ce que j’aime appeler “les signes de Dieu”. Au bout d’un moment, s’il y a trop de fiascos à la suite, c’est peut-être que je devrais tout simplement arrêter de voyager et de prendre l’avion… Arrêter de prendre l’avion oui, mais ça n’empêche pas de voyager. “Voyager”, pour le Larousse, c’est “partir ailleurs, dans une autre région, un autre pays”. Un voyage, c’est “Action de voyager, de se rendre ou d'être transporté en un autre lieu ; trajet ainsi fait”. La France, donc, c’est voyager. L’Espagne, l’Italie, la Suisse aussi, et la bonne nouvelle, c’est qu’il y a des bus et des trains pour y aller. “Voyager” n’est pas synonyme de “prendre l’avion”.

Ma définition à moi, de voyager, si j’y réfléchis bien, c’est “découvrir de nouveaux endroits, voir de beaux paysages, découvrir une culture, partir de chez moi”. Tout ça, je peux le faire en Alsace ou en Bourgogne-Franche-Comté.

Pendant ces années autour du monde, j’en ai oublié mes premiers voyages, ceux de mon enfance, ceux que j’ai effectués en France, et dont je garde pourtant de merveilleux souvenirs, au moins autant que de mes voyages aux quatre coins du globe. Aujourd’hui, je pourrais partir six mois en Asie, et visiter un pays toutes les deux semaines en cochant les “Incontournables” du Routard. Ou alors je peux rester en France et visiter une région par mois. En faisant des recherches, je me rends compte que cela ne sera pas suffisant, et que chaque département de France est tellement riche qu’il mériterait plusieurs mois à lui tout seul.

Alors aujourd’hui, je choisis, sans trahir mes rêves ou mes envies, et sans faire du mal à la planète ou à mon porte-monnaie, de consacrer la prochaine année à faire un “Tour de France”.

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Léa Garrigues
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10/09/2020



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