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« Au pire on meurt »

 

Arthur LACHAT (2019 POL, Transmedia)

« Là-haut, malgré le froid, les doutes et les angoisses de la veille, je suis invincible. La vie devant moi, comme un océan de plaisirs, de rêves et de conquêtes ininterrompus. Ce n’est pas aujourd’hui que je meurs, pas ici, pas comme ça, pas comme eux. »

Arthur Lachat, vingt ans et immortel, nous raconte avec une émotion poignante sa rencontre avec la mort. La sienne, frôlée dans une danse exaltante et sinistre. Celle des autres, tellement insaisissable qu’elle en est d’abord incroyable. Un chemin vers la mortalité parcouru dans la frénésie de la jeunesse, à grands coups de poings dans l’estomac. Un auteur choc, un style fougueux, un objet littéraire hors du commun.

Grenoblois de naissance, Arthur Lachat a 24 ans lorsqu’il commence véritablement à écrire ce qui deviendra son premier ouvrage. Il a pourtant toujours écrit par bribes ou par à-coups, aussi courts que passionnés. Il traîne partout avec lui une antique sacoche dont les coutures craquent, remplie de ses premiers poèmes et de ses nombreux carnets de voyage.

Pour Arthur Lachat, les mots qu'on ne dit pas sont les armes du timide. D'abord comme un lecteur jamais rassasié, un véritable dévoreur de pages, puis comme un écrivain pour qui les mots sont des refuges secrets et intimes. Plus tard, il devient pour un court instant journaliste, ayant gagné en assurance, avant de revenir à ce qui fait le matériau de base pour écrire selon lui : l'expérience vécue. L'immersion totale qui engage celui qui la vit, riche de ses nuances, où l'imagination complète le réel sans le trahir. Plus loin que le journalisme et plongé dans un monde en mouvement, il devient tour à tour charpentier, cordiste, et bientôt peut-être guide de haute montagne... Sans jamais cesser d'écrire.
Au pire on meurt ! est son premier roman.

Arthur Lachat, tu sembles disposer de plusieurs vies à la fois : montagnard, écrivain, charpentier… Peux-tu nous expliquer cette identité aux multiples facettes ?

J'ai toujours voulu cultiver la polyvalence, être présent et bon partout, d'autant plus là où ne m'attend pas, où il n'y a a priori pas de lien. Être à la fois diplômé de Sciences Po Grenoble et ouvrier cordiste sur des chantiers de travaux publics, ou encore charpentier. Je suis convaincu que toutes les identités sont multiples et qu'il est possible, voire même souhaitable, de déborder des cases préfabriquées par soi ou par la société. Certaines dispositions personnelles viennent bien sûr de l'enfance, du milieu dans lequel on grandit, comme c'est le cas pour moi avec la montagne que j'ai découverte avec mes parents, puis au sein de différents groupes de formation du Club Alpin Français. Un univers à la fois très proche pour le grenoblois que je suis, et très lointain, de par les aventures extraordinaires qu'il suggère, bien loin de la vie quotidienne qu'un jeune citadin peut expérimenter. D'autres identités répondent plus à mon attrait pour un art de vivre particulier, orienté vers le dehors, le goût de l'effort, l'apprentissage permanent. C'est en partie pour cela que je suis devenu charpentier, puis cordiste. Toujours dans la déambulation verticale, mais avec une dimension ouvrière, qui m'était jusqu'alors totalement inconnue. En fait, et c'est ce qui me rapproche le plus de mon penchant pour l'écriture et le journalisme (ma première véritable aspiration professionnelle d'ailleurs), je me rends compte que je ne fais que poursuivre une promesse que je m'étais faite enfant, poussé par une curiosité insatiable : connaître les Hommes et ce qui les fait, les construit. Incarner personnellement la vie de personnes a priori très différentes, le vivre dans ma chair et pas juste le survoler le temps d'une interview. C'est cela une des quêtes qui guide mon existence, je pense, et qui me permet de créer des liens tangibles entre tous les humains. C’est aussi la base de mon inspiration et le message que je souhaite faire passer lorsque j’écris.

Par quelles voies, professionnelles et personnelles, es-tu passé pour parvenir à écrire ce livre ?

Ce livre, je l'ai d'abord pensé comme un carnet de voyage qui devait relater une série d'expéditions nommés La Voix des Cimes, que j'ai entrepris en 2017 autour du monde, de la Nouvelle Zélande au Kazakhstan, en passant par le Canada et le Pérou. Expéditions où la corde servait de lien avec les locaux, encordés ensemble pour la sécurité et l'amitié. Encorder des humains sur une montagne permet entre autre d'accélérer les relations pour toucher assez vite à ce qui fait le noyau des relations entre les gens. Peu à peu, j'ai changé d'avis car un récit d'aventures n'intéresserait selon moi que les personnes ayant vécu semblables expériences, et se bornerait à une longue énumération de faits exotiques pour les autres. Je souhaitais transformer ce récit d'aventures en quelque chose de plus initiatique, comme un récit d'apprentissage. Puis, en 2019, l'année de la remise des diplômes de ma promotion, je perds deux très bons amis en montagne. Tanguy Vulliet dans les Aravis en ski de randonnée, emporté par une corniche. Puis, Tom Féréol quelques mois plus tard, lors d'une mauvaise chute à la descente du Quitaraju, un sommet péruvien de la Cordillère des Andes. Ces deux drames, véritables cataclysmes émotionnels, ont bouleversé de nombreuses vies dont la mienne. Le livre que j'avais en tête ne pouvait que relater la force de notre amitié, sa fugacité aussi.

L’amour, la mort et la montagne. Est-ce un bon résumé de ton livre ?

Ce sont les thèmes principaux, du moins. J'insisterais même plus en disant la nécessité de l'amour, qu'il soit amical, amoureux ou familial, et l'importance de le faire voir, de le faire palper à ceux qui nous entourent.
L'implacabilité de la mort, fatale et irrémédiable, comme un pendant de la vie qu'on oublie trop, qu'on déclare tabou en occultant son existence absolument universelle et permanente.
La montagne enfin, formidable catalyseur d'émotions, de liberté, de liens. Toujours indifférente, souvent belle, parfois dangereuse mais jamais cruelle car nous n'existons pas pour elle.

« Au pire on meurt ! » enjoins-tu aux lecteurs. Que cherches-tu à leur transmettre à travers cette injonction ?

Au début, c’est une phrase que j'ai entendu en montagne, lancée nonchalamment avant un passage plus risqué, pour exorciser la fatalité. En y réfléchissant, cette phrase se charge de beaucoup de sens différents, parfois bien loin de la simple bravade de jeunes encore trop insouciants. Ces sens, je les développe tout au long de l'histoire du personnage principal. Il faudra donc lire le livre pour avoir une réponse complète à cette question !

Néanmoins, s'il est une chose à transmettre, ce sera celle-ci : oui, au pire on meurt, mais avant cela il y a énormément à faire dans une vie, une infinité de choses à découvrir, à devenir. Si la mort attend tout le monde au tournant, alors autant faire de sa vie un réceptacle de rêves accomplis, pour qu'au bout du compte, partir soit facile, chacun ayant ses bagages bien fait, et la certitude d'avoir bien vécu pour soi et pour les autres.

Quel regard portes-tu aujourd’hui sur les montagnes ?

Ma pratique a forcément évolué, et je me rends compte seulement aujourd'hui qu'elle ne sera sûrement plus jamais la même qu'avant ces accidents. Il y a un avant et un après, et désormais, je cherche plus à me faire plaisir sur des itinéraires moins engagés, sans courir après la performance. Juste être en montagne avec des amis, des gens bien que j'apprécie, cela suffit pour rendre ces journées exceptionnelles. Les montagnes feront de toute façon toujours partie de ma vie, et je continuerais à les arpenter de toutes les manières possibles, en sachant désormais que dans leur suprême indifférence, elles peuvent broyer ma vie et celle de beaucoup d'autres. On dit souvent que la montagne est une école d'humilité. Pour ma part, je l'ai appris de la manière forte. A chaque pas, Tom et Tanguy pèsent autant qu'ils me portent. La montagne, elle, demeure, et mon envie d'aller là-haut, quoique différente, reste intacte.
 

"Au pire on meurt" - Arthur Lachat aux éditions La Fontaine de Siloé. Disponible dans toutes les librairies en Savoie, Haute-Savoie et Isère, et sur commande dans tous les points de vente de livres en France. Ou bien sur https://www.fontainesiloe.com/litterature/4421-au-pire-on-meurt-9782842067809.html

Prix : 14.90 €

 

Interview par Alexandre BOUNIOL (2019 AEF)

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14/11/2022

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