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« Portraits croisés »

 

Odile Cohard ép. Chamussy (1990 PO)
et Damien Chamussy (1991 PO)

Si vous deviez revenir sur vos parcours respectifs :

Damien : L’Institut d’Études Politiques de Grenoble, c’était il y a 25 ans ! Mais de L’IEP à l’Assemblée nationale les choses se sont finalement enchainées de manière assez naturelle. Entre les deux, il y a eu, tout de même, trois étapes importantes : tout d’abord une année en Angleterre dans le cadre des échanges Erasmus, puis 18 mois au Brésil à Sao Paulo où j’ai fait mon service militaire sous une forme civile, et une année consacrée à la préparation des concours administratifs à l’IEP de Paris.
En ce qui concerne le parcours à Sciences Po, il est on ne peut plus classique : section politique, un mémoire de 3ème année qui m’a passionné et puis Erasmus. Mon mémoire traitait du pacte germano-soviétique et ses incidences sur la carte de l’Europe.

Odile :
Pour ma part, je suis entrée à Science po en accès direct après un IUT « communication des entreprises ». Entre les deux, j’ai travaillé un an au Dauphiné Libéré comme pigiste. Après l’IEP, j’ai passé également un an à Londres, en tant qu’assistante de français dans une université. Cette mission m’avait été proposée par une enseignante dont je conserve toujours sur papier les « Thoras’ 20 killers ». J’ai également gardé mes cours de sociologie de Pierre Bréchon dont j’aime relire un chapitre de temps en temps. De retour d’Angleterre, j’ai commencé le DESS « Production et gestion de l’information statistique » qui venait d’ouvrir à l’IEP avant de migrer vers Paris lorsque j’ai été acceptée au DESS « communication politique et sociale » de Paris I, à la Sorbonne.


Si vous deviez revenir sur ce que vous a apporté Sciences PO ?


Damien : La pluridisciplinarité. Pour moi, ce mélange des matières est une force. Les conférences de méthode m’ont marquées, de même que l’échange avec les enseignants, l’éclectisme de cette maison et le débat d’idée ambiant, à une période – la fin des années 1980 – où beaucoup de choses bougeaient, je pense à la chute du mur de Berlin.
Je dois préciser que j’ai fait toutes mes études en tant qu’étudiant salarié. J’étais parallèlement maître d’internat, à temps plein et assez loin de Grenoble. Rétrospectivement, je me dis que ça m’a obligé à être plus rigoureux, plus synthétique, et à travailler vite.

Odile : J’étais dans l’envie de découvrir, de savoir, de connaitre, et Sciences Po a répondu à mes attentes. Après une année passée au Dauphiné Libéré, j’étais assez portée sur l’écrit et j’avais besoin de renforcer ma culture générale. Cette formation est l’une des meilleures de ce point de vue. On était également très vite amenés à entreprendre, à faire des investigations, à s’engager dans notre travail.


Odile, diplômée de l’IEP de Grenoble et de l’Université du Panthéon Sorbonne, vous êtes depuis septembre 2011 directrice de la communication de la Société du Grand Paris. À quel moment avez-vous su que vous souhaitiez travailler dans la communication ?


Odile : Pour peu que je me souvienne, j’ai toujours eu une affinité avec cette filière, peut-être parce je suis fille d’enseignants et que je me suis toujours intéressée à la pédagogie.
Lorsque j’ai terminé Sciences po en 1992, il y avait déjà quelques formations en communication mais c’était encore le début. Internet n’existait pas, powerpoint non plus. On communiquait par fax avec l’extérieur et on faisait des photos sur papier et sur diapositive. Les entreprises et les collectivités avaient découvert le bienfondé d’entretenir des relations avec leurs publics mais cela était encore récent. En 20 ans, le métier s’est radicalement transformé avec l’usage des technologies numériques qui révolutionne complètement nos façons de communiquer.


En quoi consiste le poste de directeur de la communication d’un grand établissement public ?


Odile : La Société du Grand Paris est un établissement public chargé de concevoir et de réaliser le métro du Grand Paris, « Le Grand Paris express », qui représente 200 kilomètres de métro nouveau et 72 nouvelles gares. Cela équivaut à doubler la surface du métro parisien actuel. Aujourd’hui, le projet est entré en phase de conception opérationnelle. Une enquête publique s’est terminée en fin d’année dernière sur le premier tronçon et des études d’avant-projet sont en cours. Les acquisitions foncières sont déjà bien engagées.
Dans ce contexte j’ai pour mission, en tant que directrice de la communication, de proposer les orientations stratégiques et le plan de communication, d’expliquer et de valoriser l’activité de la Société du Grand Paris, d’organiser la concertation sur le projet et d’anticiper les moyens à mettre en place pour assurer la communication, notamment en phase chantier.


Damien, vous êtes conseiller, Chef de la division de la séance à l’Assemblée nationale. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?


Damien : Un conseiller chef de division, c’est un administrateur recruté par concours et qui a accédé à des fonctions d’encadrement sur la base de critères qui tiennent à l’ancienneté et au mérite. Les administrateurs de l’Assemblée sont là pour « faire fonctionner » l’institution parlementaire sous l’autorité de ceux qui en sont les principaux acteurs, c’est-à-dire les députés. Ils exercent des fonctions en lien avec l’élaboration de la loi ou des fonctions administratives dans les services de questure. Chacun à notre place, nous mettons en œuvre les orientations qui nous sont fixées, et accompagnons les évolutions. L’Assemblée nationale est une institution qui a d’ailleurs fortement évolué au fil du temps : la révision constitutionnelle de 2008 a ainsi modifié les méthodes de travail. La part du contrôle, par exemple, a été substantiellement renforcée. Demain, les nouvelles règles en matière de cumul des mandats vont encore apporter des changements.
Pour ma part, j’ai commencé au sein de la commission des finances, ensuite j’ai été à la commission des lois, puis en mobilité au service juridique du Conseil constitutionnel, avant de revenir au Palais Bourbon en 2008. Maintenant je m’occupe de la division de la séance.
Cette division assume, essentiellement, trois tâches :
- elle se consacre à l’organisation de l’ordre du jour de l’Assemblée (inscription des textes et des débats, traitement des amendements, répartition des temps de parole, …),
- elle assure le secrétariat de la Conférence des Présidents qui se réunit, à l’Assemblée, tous les mardis et qui organise les travaux de l’assemblée,
- enfin, elle exerce des attributions tout au long de la procédure législative, du dépôt des textes à leur discussion dans l’hémicycle, cette dernière pouvant donner lieu à l’élaboration de « précédents », qui « codifient » les pratiques.


Pouvez-vous nous décrire une journée type, quelles interactions avec les élus ?


Damien : Je suis dans l’incapacité de vous décrire une journée type. L’Assemblée, c’est le lieu de l’imprévu. Elle siège de jour comme de nuit, du mardi au jeudi et parfois le lundi et le vendredi, mais il s’y passe toujours quelque chose de nouveau !
Quant à l’interaction avec les élus, tout dépend des fonctions que l’on occupe. En commission le contact avec les députés est quotidien. En questure il est plus épisodique. Aujourd’hui ceux que je vois le plus sont le Président de l’Assemblée et les membres de la Conférence des Présidents, c’est-à-dire les présidents des groupes parlementaires, les vice-présidents de l’Assemblée, les présidents des commissions permanentes. Mais je passe beaucoup de temps dans l’hémicycle, où naturellement tous les députés sont amenés à intervenir.


Pourquoi la haute administration ?


Damien : J’ai toujours pensé qu’il n’y avait rien de plus passionnant que de servir l’État. La fonction publique était pour moi une évidence, mais il y a d’autres manières de servir son pays ou de réussir sa vie ! Initialement, lorsque j’ai préparé les concours administratifs, je rêvais d’intégrer le Quai d’Orsay, finalement j’ai « décroché » l’Assemblée nationale, et depuis je n’ai eu qu’à m’en réjouir.


Odile, y a-t'il un bon profil pour faire de la communication ?


Odile : Selon moi, à la base de toute communication, il y a l’expression, même si celle-ci est aujourd’hui parfois très réduite quand il faut se résumer en 140 caractères. La communication est en fait un terme très générique qui regroupe plusieurs métiers et chacun nécessite des aptitudes différentes. L’essentiel est d’avoir toujours envie de progresser, d’aller plus loin, de faire mieux que la fois d’avant.


Damien, pareillement, y-a-t'il un bon profil pour la haute-administration ?


Damien : Il n’y a pas de recette miracle. Mais on ne réussit pas un concours par hasard. Il faut s’y préparer, s’y investir. Je dirais également aux « provinciaux » qu’il ne faut pas avoir de complexes. J’ai découvert que ces institutions étaient avant tout humaines, faites d’hommes et de femmes comme vous et moi, donc accessibles.


Un message à adresser aux étudiants de Sciences Po Grenoble ?


Odile : Il faut croire en soi, croire en son chemin. Des métiers ou des filières qui ne paraissent pas intéressants au départ peuvent le devenir car l’intérêt vient des situations, des gens que l’on rencontre, des opportunités qui finissent toujours par se présenter et qui permettent de progresser. Une carrière c’est un savant dosage entre compétences et travail, chances et rencontres.

Damien :
Moi aussi je crois aux rencontres, avant et pendant la vie professionnelle. On ne travaille jamais bien tout seul, il faut compter sur les autres. Réussir un concours c’est une chose, mais tout se joue ensuite.


2014 c’est …


Damien : Au plan personnel, une année de plus pour les enfants… Au plan professionnel, c’est l’année des élections municipales et européennes, un scrutin a nécessairement des incidences sur le travail de l’Assemblée nationale.

Odile :
Une année très dense, chargée mais toujours avec le sentiment d’avancer.


Thibault OZIL
Master Communication Politique et Institutionnelle
Sciences Po Grenoble

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Damien Chamussy : damien.chamussy@orange.fr
Thibault Ozil : thibault.ozil@sciencespo-grenoble.fr

 



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