Jérôme Fougeras de Lavergnolle, 1984 EF
Il était le dieu grec des voyageurs et des voleurs. Il est
devenu le nom d’une des marques françaises de luxe les
plus cotées dans le monde. Bagagerie, bijouterie, maroquinerie,
prêt-à-porter, parfumerie, art de la table, cristal, soie...
Hermès est un acteur très présent sur le marché
du luxe. Grenoblois pure souche, Jérôme Fougeras de Lavergnolle
(ECO FI 84) travaille depuis vingt ans à faire prospérer
cette entreprise où l’esprit familial est primordial.
La « pyramide ». Surnom donné aux ateliers d’Hermès
à Pantin, en région parisienne. Au centre trônent
de drôles de podiums, annonciateurs des défilés
pour la prochaine collection. Et, c’est là que nous retrouvons
Jérôme Fougeras de Lavergnolle, 51 ans. Celui-ci n’est
pas avare de son temps et de ses mots pour décrire son parcours.
Des mots qui revêtent un caractère nostalgique quand cet
ancien élève de l’établissement Notre Dame
évoque sa vie grenobloise et son entrée à l’IEP
: « après mon bac en 1981, j’ai passé l’examen
d’entrée. D’ailleurs c’était la première
année qu’il y avait un examen, d’où certaines
échauffourées ! ».
Attiré par le monde de l’entreprise, il choisit la section
Economie et Finance et apprécie la formation reçue. Seul
reproche : la réticence de la direction à favoriser les
stages. Alors il se débrouille et multiplie les expériences
professionnelles : cimenterie, trois mois dans une banque à New-York...
Et son goût du travail ne s’arrête pas en si bon chemin.
Il suit en parallèle de l’IEP des études de droit
jusqu’à la maîtrise, obtient ensuite un DESS de management
et s’acquitte de son service militaire. En 1986, double joie,
avec mariage et diplôme en poche. Et une interrogation aussi :
l’entrée sur le marché du travail.
Hermès, un coup de tonnerre
Sur conseil d’un ami, il envoie son CV aux « Big Eight »,
à savoir les huit plus gros cabinets d’audit de la capitale.
Bingo : il décroche un poste dans l’un d’entre eux.
L’acclimatation à la vie parisienne est difficile. La pression ? La charge de travail ? Rien de tout cela : l’éloignement
de ses chères montagnes ! « Je suis un passionné
de ski. Mes parents possèdent un appartement à l’Alpe
d’Huez et nous y allions tous le week-end pendant la saison. Forcément,
mon champ de vision à Paris s’est rétréci...
». Ce fou des pistes slalome donc huit ans dans la filière
audit et continue, au grand damne de son épouse, à préparer
son diplôme d’expertise comptable pendant ses vacances.
En 1994, un de ses clients, Hermès, lui propose un poste. Une proposition qui sonne comme un véritable coup de tonnerre : « j’étais en train de devenir associé dans mon cabinet. Et puis j’ai compris que je ne voulais pas faire cela toute ma carrière. Donc je me suis lancé ! ». Pendant des années, il se consacre au domaine de la finance dans la holding Hermès International, devient même directeur financier adjoint en 2000. « J’ai également gardé pendant cette période le contrôle financier de la zone Asie, en me rendant régulièrement sur place ».
En 2003, il est nommé directeur général adjoint
d’Hermès Sellier et ses activités s’élargissent
également vers la logistique. Cet ancien iepien occupe ensuite
diverses fonctions au sein d’une maison qui se réorganise
en permanence, en se dotant par exemple de pôles métiers.
Une éthique pour une maison familiale
En avril 2006, il prend la direction générale d’Hermès
Service Groupe qui a pour objectif de mutualiser les différentes
fonctions supports du groupe et de fluidifier les processus de production
et de distribution. « Aujourd’hui, mon métier est
à 90% du management ». Mais surtout Jérôme
Fougeras de Lavergnolle a conscience de la particularité de la
société Hermès : « On ne fait pas d’étude
de marché avant de lancer un produit. On le conçoit comme
on le ressent, avec qualité, et on le propose ensuite à
nos clients ». Cela vient-il du fait qu’il s’agit
d’une entreprise familiale ? « Cela joue certainement. On
fait un peu figure d’exception sur le marché. Rendez-vous
compte, nous en sommes à la sixième génération
! Et ce ne sont pas des « sleeping-partner », la famille
est très impliquée dans l’opérationnel et
les choix stratégiques et dans celui, notamment d’une stratégie
de croissance interne maîtrisé : on ne veut pas se disperser,
on préfère par exemple augmenter le nombre de nos maroquineries
et de nos points de vente plutôt que d’investir sur d’autres
marques ».
En janvier 2010, il accède à la présidence des cristalleries de Saint Louis, maison fondée en 1586, membre du comité Colbert auquel adhèrent les entreprises faisant partie du patrimoine vivant. Elle appartient au groupe Hermès depuis 1995. La manufacture est établie depuis l'origine en Lorraine à Saint Louis les Bitche. Elle exporte dans le monde entier dans les domaines de l'art de la table, de la lumière, de la décoration et des pièces d'art. « C'est une société de plus de 300 personnes avec un très haut niveau artisanal puisque toutes nos pièces sont soufflées à la bouche et taillées à la main ». Saint Louis peut se définir comme le parfait exemple d’une marque alliant tradition et innovation avec le lancement chaque année de nouvelles collections faisant appel à des designers très connus comme Pierre Charpin, Hervé van des Stratten, Eric Gizard, Paola Navone ou encore José Levy.
Le groupe Hermès n’est pas particulièrement affecté par la crise économique car il y existe une véritable éthique où la rentabilité est avant tout un moyen pour la pérennité du groupe, où « l’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître ». Cette éthique, Jérôme Fougeras de Lavergnolle essaye de l'imposer, lui qui préside bénévolement le comité départemental des conseillers du commerce extérieur de Seine-Saint-Denis afin d’aider des étudiants et des créateurs d’entreprises dans leurs activités.
Pour sortir du bâtiment, on traverse des ateliers où sont cousus des jolis sacs à main en peau de crocodile. Curieux, on demande le prix. Un sourire poli : « entre 15 000 et 25 000 euros ». Aïe... vivement que la crise soit finie…
Pierre Nigay
2009 PO - Journalisme
Interview tirée du Magazine n°42 (Juin 2009)
Page complétée et mise à jour le 03/10/14
ACTIVITES BENEVOLES
> Président du comité départemental de Seine
Saint Denis des Conseillers du Commerce Extérieur de la France,
nommé par un premier décret ministériel de mars
2003 et administrateur du Conseil National des CCEF et administrateur
du CNCCEF depuis avril 2014.
> Trésorier général et administrateur de la
fondation d’entreprise Hermès (soutien à l’artisanat,
à l’éducation et au développement durable)
depuis 2008.
> Vice-président de la fédération des industries
verrières et cristallières depuis 2010.
> Administrateur du Comité Colbert depuis 2014.
> Membre du Conseil d’Orientation et de Surveillance de l’agence
de développement de la Seine Saint Denis (2008-2011)
> Membre du bureau de l’association « Réseau Entreprendre
93 », en charge de la commission d’examen des plans de financement
des projets de jeunes créateurs d’ entreprise et de l’accompagnement
tutoré des lauréats de prêt accordé.
FORMATION
1994 Expert Comptable diplômé
1986 Maîtrise de Droit des Affaires (mention bien)
1985 DESS de Gestion et d’Administration des Entreprises (IAE
Grenoble)
1984 Diplôme de l’Institut d’Etudes Politiques de
Grenoble (Section écofi – major de promotion)
> Ancien auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense
Nationale, 60ème session (2008)
> Colonel de l’Armée de l’Air au titre de la réserve
citoyenne, totalisant par ailleurs 8 années de participation
intensive aux opérations de réserve active. Décoré
de la médaille de bronze des services volontaires de réserve
et titulaire de 5 témoignages de satisfaction à l’ordre
du ministre de la défense nationale ou de la région aérienne.
> Chevalier de la Légion d’Honneur