Pierre Jaillet, 1973 EF
Pierre Jaillet a été nommé Directeur
général des études et des relations internationales
à la Banque de France, en mars 2008. Un poste à hautes
responsabilités. Après des affectations à l’étranger
pour le compte de l’Union européenne ou du FMI, ce fin
économiste issu de l’IEPG, pose ses bagages à Paris.
Rencontre.
Quel a été votre parcours universitaire ?
J’ai suivi le cursus Eco Fi à Sciences Eco Grenoble. Cursus
que j’ai poursuivi par la suite à Paris, en DEA. J’ai
également fait une licence de Sociologie, à l’UPMF
de Grenoble, parce que je trouvais cela drôle.
Puis, j’ai préparé le concours d’adjoint de
direction à la Banque de France. J’ai toujours eu un intérêt
pour les questions politiques, économiques et macromonétaires.
Je me souviens de professeurs de l’IEP qui m’ont marqué,
tels que Bernard Billaudeau ou M. Châtelut. Mais c’est surtout
Dominique Vallon qui m’a particulièrement poussé
à continuer dans cette voie. A ce moment-là, il était
inspecteur des Finances. Il travaillait dans différentes commissions
économiques et il suivait la préparation des concours.
Quelles ont été vos premières expériences
professionnelles ?
J’ai d’abord commencé ma carrière en détachement
à l’INSEE, à la direction des synthèses.
Puis, j’ai intégré le service d’étude
des politiques monétaires, à l’époque où
l’on réfléchissait à la monnaie unique [l’euro,
Ndlr.]. Puis, j’ai intégré la Commission européenne
à Bruxelles chargée de définir un schéma
d’union monétaire pour l’Europe. Je suis resté
trois ans dans cette commission, en charge de la conception et de la
mise en œuvre du Traité de Maastricht.
Puis, j’ai été successivement directeur d’études
monétaires et directeur des relations internationales. Puis,
j’ai été en détachement pour le FMI au Moyen-Orient.
J’étais basé à Damas, mais j’étais
amené à beaucoup me déplacer. Je suis rentré
en France en septembre 2007 et j’ai intégré le cabinet
du Gouverneur de la Banque de France.
Et, le 17 mars dernier, j’ai obtenu ce poste de Directeur général
des études et des relations internationales. Ce poste couvre
les conjonctures et les prévisions, la recherche économique,
les statistiques monétaires, les relations européennes
et internationales : beaucoup de domaines, donc.
Que vous a apporté votre cursus à Science Po
Grenoble ?
A mon avis, Science Po est la seule formation qui a la capacité
à faire le lien entre ces différents domaines : la politique,
l’économie, l’international et le social. Toutefois,
je pense qu’il faut compléter par une autre formation par
la suite, afin de se spécialiser. Car, dans le domaine macroéconomique,
cela devient de plus en plus spécialisé. Les candidats
les plus « utilisables » sont ceux qui ont suivi un autre
cursus après l’IEP.
C’est également une question de caractère. En ce
qui me concerne, j’avais envie de faire des choses différentes,
sinon je m’ennuie. Il m’est difficile de m’arrêter
dans une monoculture : on apprend beaucoup dans le domaine international,
au contact d’autres cultures.
Quelles sont les particularités de travailler à
l’international ?
Mon métier m’amène à beaucoup voyager. Nous
franchissons la barrière de la langue en travaillant avec des
interprètes ou en parlant anglais pendant les réunions.
Il ne faut pas généraliser, ni tomber dans les stéréotypes,
mais il est vrai que nous retrouvons de temps en temps des différences
culturelles : les Asiatiques, par exemple, argumentent différemment.
Autre exemple, les Italiens sont très analytiques, ils ne sont
pas sur la base du rapport de force institutionnel, comme c’est
le cas avec les Allemands. Les formations sont différentes selon
les pays, et puis, il y a des choses plus profondes également
qui jouent. Donc, nous n’utiliserons pas les mêmes arguments
avec des Anglais ou des Allemands. Mais attention, ce n’est pas
toujours comme ça non plus, ce sont des caractéristiques
que nous retrouvons régulièrement. Il existe encore des
spécificités, en dépit de l’homogénéisation.
En effet, nous avons tendance aujourd’hui à uniformiser,
d’autant que l’on s’exprime de plus en plus avec la
même langue : l’anglais.
La difficulté de ce métier est de ne pas pouvoir rester
trop longtemps au même endroit. Il faut être mobile, accumuler
les différentes expériences.
Lucile GUICHET
2008 PO - Journalisme : 2008
Interview tirée du Magazine n°40 (Juillet 2008)