Xavier DEGRANGE (1989 SP)
Une vocation…. celle de la chose publique
Jeune, les affaires publiques sont devenues très vite une vocation et c’est donc très logiquement que j’ai décidé de rejoindre l’IEP de Grenoble en 1986, la section SP étant une évidence. A l’origine, j’avais pour projet de passer le concours de l’Ecole Nationale de Santé Publique de Rennes. Afin d’accroître mes chances, je me suis inscrit à la PREPENA en 1989. Un jour en me promenant dans les couloirs de Sciences Po, j’ai vu une affiche sur le concours de commissaire des armées. Ne connaissant pas ce concours, je me suis renseigné et ai découvert que les matières étaient identiques à celles du concours de l’ENSP, à l’exception du droit hospitalier, remplacé par du droit international. Quoi de mieux que de m’inscrire à ce concours en guise de galop d’essai….
Et ce galop d’essai s’est transformé en l’espace de 24 heures, en juillet 1990, en véritable opportunité de vie et de carrière. Terminant 17ème sur plus de 680 candidats, j’ai pu intégrer la Marine nationale et son corps de commissaire, pour une belle et riche carrière, très dense et diversifiée.
Après 18 mois, à l’école du commissariat de la marine à Toulon en formation initiale, j’ai embarqué sur le légendaire porte-hélicoptères « Jeanne d’Arc » pour une campagne d’application qui m’a mené jusqu’à Singapour, Hong-Kong, Manille, Tokyo, Séoul et Vladivostok, première escale d’un bâtiment français depuis 1917 au cours de laquelle un navire français avait ramené Joseph Kessel, et 15 jours après la création de la CEI (qui s’était substituée à l’URSS).
Une carrière comme officier de la marine
Après cette période de formation de deux années déjà très riche, ma première affectation fut le Bâtiment de Soutien Mobile « Rhône », basé aux Antilles, que j’ai rallié un 4 juillet 1992, aux Etats-Unis, à la Nouvelle-Orléans. Deux ans à sillonner les Antilles et les Amériques, afin de parfaire ma formation. Puis, en 1994, j’ai rallié le Pétrolier-Ravitailleur « Meuse », basé à Toulon. Durant les 18 mois qui ont suivi, j’ai principalement contribué au soutien logistique de la force navale déployée en Adriatique dans le cadre des missions « Balbuzard » et « Sharp Guard », que ce soit le soutien en vivres, devises ou matériels courants et aéronautiques. Cette période sera aussi marquée par une réalisation dont je suis relativement fier, et qui pourtant aujourd’hui semble être une évidence. Soucieux des effets que peuvent produire les rejets en mer sur la faune et la flore marine, j’ai mis en place un tri sélectif des déchets à bord de mon bâtiment, devenant ainsi le premier bâtiment de la Marine Nationale à procéder au tri sélectif des déchets.
Puis de 1996 à 2008, j’ai occupé
de nombreux postes évolutifs sur des fonctions RH :
- ainsi, j’ai été instructeur en école militaire,
ce qui m’a donné l’occasion de repartir pour un second
tour du monde complet cette fois-ci ;
- en Polynésie-française de 1999 à 2001, j’ai
occupé les fonctions de DRH du personnel civil. A ce titre, j’étais
responsable de l’administration et de la gestion des agents civils
de la défense (765 agents sous contrat privé et sous statut
public) ; responsable de la restructuration des personnels civils impactés
par la fermeture des sites du Centre d’Expérimentation du
Pacifique et mise en œuvre d’un plan de départs volontaires
; et chargé de l’animation du dialogue social et de la conduite
des négociations salariales avec les organisations syndicales représentant
le personnel civil.
- de retour à Paris, j’ai été chef de cabinet
de l’Inspecteur Général des Armées avant de
devenir entre 2004 et 2006, adjoint au chef du bureau « condition
du personnel militaire » de l’état-major de la marine,
chargé des conditions de vie et de travail. Au cours de cette période,
j’ai pu mener à bien des négociations de partenariats
avec des entreprises privées dans le domaine des services pour
améliorer les conditions de vie et de travail du personnel. J’ai
également été à l’origine de négociations,
dans le domaine de l’hôtellerie, avec le groupe Accor ou la
société Parme (appartenant à la SNCF) afin que les
marins puissent bénéficier de tarifs privilégiés.
Enfin, j’ai négocié pour le compte de la marine, la
réouverture de la ligne aérienne Brest/Toulon avec TUI…
- enfin en 2006, je suis devenu le premier chef du bureau pilotage de
la masse salariale de la marine (soit 2,7 milliards d’euros, avec
la responsabilité de la rémunération des 39 000 personnels
militaires de la marine). Cette expérience m’a permis de
mettre en place des outils de prévisions et de suivi des dépenses
de personnel, de rédiger un guide de pilotage de la masse salariale
et de définir une expression de besoins en outils de pilotage à
intégrer dans les futurs systèmes d’information des
ressources humaines (SIRH). Toujours tourné vers la mise en œuvre
de procédures innovantes, j’instaure déjà à
cette époque le télétravail au profit de mes équipes
et notamment des mères ayant des enfants en bas âge.
Cette période très orientée RH, s’est achevée en 2008. Nouveau challenge, nouvelle vie avec un second séjour en Polynésie française, en tant que sous-directeur logistique. Cumulant les fonctions de chef de la division « logistique » de la direction du commissariat d’outre-mer et de chef de bureau « finances » de l’état-major interarmées, je pilotais un budget de fonctionnement de 15 M€ et étais responsable de la passation d’environ 110 marchés publics par ans, dont ceux concernant la déconstruction des sites nucléaires sur l’atoll de Hao.
Une expérience atypique dans le corps préfectoral
Nouveau retour en France, nouvelle orientation, avec une expérience particulièrement enrichissante en 2011 puisque j’ai été sous-préfet en détachement pendant deux années, en tant que directeur de cabinet du préfet du Tarn. A ce titre, j’ai dirigé les opérations de gestion de crise et ai animé les politiques de sécurité intérieure, civile et routière. J’ai piloté pour le compte du préfet, les grands événements, l’organisation des visites présidentielles et ministérielles, la communication de l’Etat, les relations avec les élus, les chambres consulaires, les corps constitués et les acteurs économiques et sociaux du département.
Après cette expérience peu commune dans un parcours militaire, en 2015, j’ai été projeté comme directeur du commissariat de l’opération extérieure « Barkhane ». Je me suis attelé à revoir toute l’organisation financière du théâtre basée sur deux fuseaux, en lieu et place de cinq pays. Cette nouvelle organisation a notamment permis de mettre en adéquation les opérations militaires et les flux logistiques, améliorant sensiblement le soutien des combattants sur l’ensemble du théâtre, qui est notre raison d’être sur cette bande Sahélo-Saharienne.
Aujourd’hui, je suis directeur d’un établissement de 415 agents en charge de l’ensemble des fonctions supports (RH, rémunération, achats-finances, transport, logistique, restauration, hébergement…) au profit des 6000 militaires et civils répartis sur 5 départements de la région Centre-Val de Loire. Dans ce cadre, j’ai défini de nouvelles offres de service en matière d’équipements, de transport et de restauration et ai regroupé les fonctions de stockage/magasinage au niveau régional afin d’améliorer sensiblement la qualité de service rendu (81% en septembre 2015 contre 95% en septembre 2017) dans un contexte de forte tension sur mes effectifs (- 13%).
Même si je ne peux dire de quoi sera fait demain, hier fut d’une richesse et d’une intensité peu commune avec à mon actif 6 années à la mer, 2 tours du monde, 81 escales dans 47 pays différents, plusieurs opérations extérieures en ex-Yougoslavie et dans la bande Sahélo-Saharienne et 6 années outre-mer. Mais à l’origine, une certitude, celle d’une formation à l’IEP Grenoble qui m’a permis de m’adapter à mon environnement, de m’enrichir en permanence tout au long de mon parcours professionnel en ayant les armes et bagages initiaux pour relever sans cesse de nouveaux défis.
Xavier DEGRANGE
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