Corinne DROUGARD (Master EUROPE IAE 2005), Responsable du Pole Enseignement Superieur, Agence Erasmus+France Education Formation, Bordeaux.
Quel a été ton parcours académique jusqu’au Master Europe de Science-Po
Grenoble ?
Mon projet professionnel était plutôt flou. Je rêvais
de diplomatie, d’une carrière internationale mais aussi des métiers de
la magistrature.
Italophile, j’ai fait un choix « de cœur » en commençant par m’inscrire
en section Lettres Langues et Civilisations étrangères (LLC) – section
Italie / italien.
Puis j’ai participé aux sélections pour intégrer une Maîtrise de Sciences
et Techniques sur les métiers de l’Europe. C’est au cours de cette formation
et des aux stages et exercices pratiques réalisés aux Pays-Bas, en Irlande,
en Italie et en Croatie que j’ai contracté le virus de l’Europe.
A cette période, dans le cadre du processus de Bologne, la France adoptait
le système LMD (Licence – Master – Doctorat) : je choisissais alors d’approfondir
mes connaissances sur l’Europe en rejoignant le Master 2 dédié qui ouvrait
alors à Science-Po Grenoble : section Veille et Intelligence européenne,
(pilotée notamment par Sabine Saurugger). Dans le cadre du stage de fin
d’études, j’ai travaillé sur la responsabilité sociale des organisations
en France et en Europe, un concept qui commençait alors à émerger.
Quel a été ton parcours professionnel jusqu’à l’Agence Erasmus+ France Education / Formation ?
Un intervenant rencontré dans le cadre du Master recherchait
un profil pour travailler sur la représentation des intérêts du projet
de Ligne ferroviaire internationale entre Lyon- Turin auprès des autorités
françaises, italiennes et européennes. Il m’a donné ma chance et je suis
devenue à ses côtés consultante en affaires publiques. Nous travaillions
également dans le montage d’évènements et de projets européens associant
des collectivités locales de toute l’Europe. C’est par le biais de ces
missions que la connexion avec les collectivités locales françaises a
opéré… à une période où la compétence « fonds européens » allait leur
être progressivement confiée puis transférée.
En 2008, j’ai rejoint le service des affaires agricoles et européennes
du Département de la Savoie. La grande diversité des missions confiées
(subvention globale FSE, coopération franco-italienne, accompagnement
des services de la collectivité et des collectivités locales savoyardes
vis-à-vis des financements européens et des cofinancements liés, participation
à aux instances de gouvernance et de gestion des fonds européens FESI
et FEADER, règlementation européenne en matière d’aides d’Etat etc.) m’a
plu et j’ai passé le concours d’attaché territorial. J’ai pris un réel
plaisir à m’investir au service d’un territoire fait de lacs et de montagnes
et de ses habitants. En 2014, je suis devenue cheffe du service des affaires
agricoles et européennes où j’ai fait mes armes.
En 2018, j’ouvre une nouvelle expérience professionnelle inédite en rejoignant l’Agence Erasmus+ France Education/Formation en tant que Responsable de Pôle Mobilité de l’Enseignement Supérieur. Travailler dans le « cœur du réacteur » du programme européen le plus connu et le plus apprécié, c’est porter ses valeurs. L’objectif est aujourd’hui de poursuivre l’aventure initiée il y a plus 35 ans avec la construction d’un d’espace européen de l’enseignement supérieur. Mes « pairs » se situent dans des agences nationales présentes dans 33 pays européens et dans divers ministères, mon action accompagne les acteurs de terrain et les réseaux qui constitue le paysage de l’enseignement supérieur français.
Les enjeux sont autant financiers que dans le suivi de standards qualité auxquels les établissements adhèrent en signant la Charge Erasmus+ pour l’Enseignement supérieur, charte octroyée par la Commission européenne.
Quels seraient les mots-clés, les lignes directrices communes de ces différentes fonctions ?
La première caractéristique est sans doute l’action combinant plusieurs niveaux d’intervention : local, régional, national et européen. Il y a toujours l’objectif de réussir à construire des passerelles, un dialogue réussi, une action efficace à la fois multi-niveaux, multi-acteurs auxquels s’ajoute parfois une dimension « public/privé ».
La seconde caractéristique est sans doute celle de se situer dans les métiers du conseil de l’accompagnement à dessein de sécurisation de l’action, des projets, des démarches (des publics, des élus, des organisations, des collectivités locales etc.).
Enfin, il y a la rencontre avec le secteur public et la découverte de la richesse des métiers qu’il propose. Sur ce point, j’espère n’être qu’au début de l’aventure, dans des institutions en mouvement et des équipes souvent confrontées au changement. Vis-à-vis des institutions et des équipes, j’ai à cœur de donner du sens, d’impulser et d’essayer d’innover tant du point de vue des projets, des méthodes de travail que des organisations.
Un conseil pour les étudiants de Science-Po Grenoble ?
Jeune diplômée, j’ai été intervenante professionnelle auprès du Master jusqu’en 2014. L’an dernier encore, j’accueillais à l’Agence Erasmus une stagiaire du Master Europe de Science-Po Grenoble. J’apprécie toujours de transmettre, de faire partager mon expérience. En retour, les étudiants vous apportent des regards nouveaux. Ils ont aussi une formidable capacité à nous faire découvrir de nouveaux outils à exploiter pour renouveler nos pratiques professionnelles.
Les parcours professionnels et les carrières se construisent progressivement et Science-Po vous apporte l’ouverture d’esprit et des capacités d’adaptation essentielles. Les parcours des alumni que nous sommes démontrent à quel point, au sortir de Science-Po Grenoble, le champ des possibles est vaste.
2023 a été déclarée par la Commission européenne « Année des compétences ». Il faut se lancer. En plus des compétences acquises à l’IEP, il ne faut pas négliger les « soft-skills » et les qualités développées au gré des expériences étudiantes (associatives, mobilités etc.), pour dessiner un parcours conforme à ses aspirations.
Corinne DROUGARD
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16/02/2023
