« Si tu veux la paix, prépare la paix ». C’est sur ces mots que Richard Pétris, fondateur de l’Ecole de la paix, nous reçoit dans ses locaux, au 7, rue Très-Cloîtres à Grenoble. A la formule convenue, « si vis pacem, para bellum », soit « si tu veux la paix, prépare la guerre », il préfère donc une version beaucoup moins belliciste. Est-ce à dire que l’Ecole de la paix est pacifiste ? Que nenni ! Ce diplômé (SP71) récuse tout « pacifisme béat » pour privilégier des analyses propres à chaque conflit. Deux préoccupations l’animent avant tout : mettre l’accent sur l’éducation pour promouvoir un avenir porteur de sens et d’humanité ; accompagner « la fin de l’ordre militaire », pour reprendre le titre de l’essai de Maurice Bertrand.
De gauche à droite sur
la photo : Florent Blanc, Delphine Deschaux-Beaume, Patrick Lecomte,
Richard Pétris, Matthieu Damian
Matthieu Damian (SP2001) vient de lui succéder au poste de directeur. Il concède volontiers la difficulté de succéder à une personne qui s’est tant investi et a permis à l’Ecole de la paix d’obtenir, de façon pérenne des financements de la part du Conseil régional Rhône-Alpes, du Conseil général de l’Isère, de la ville de Grenoble, mais aussi de la Fondation Charles-Léopold-Mayer. Il souligne surtout les défis qui se posent pour les années à venir : faire face à la baisse attendue des subventions ; diversifier les financements ; poursuivre la professionnalisation de la structure sans pour autant négliger l’apport conséquent des bénévoles ; faire mieux connaître ce que signifie la culture de la paix et pour ce faire, mettre l’accent sur le plaidoyer.
S’il y a une personne, dans le corps enseignant de l’IEP Grenoble, qui a contribué à répandre la notion de « culture de la paix », c’est bien Patrick Lecomte (SCPO68). Professeur des Universités, vice-président de l’Ecole de la paix, il dirige la « Chaire UNESCO/ Ecole de la paix – Gouvernance et paix » dans une formule originale qui relie l’IEP Grenoble et l’Ecole de la paix. Ce professeur a aussi proposé à d’autres universités, il y a bientôt quinze ans de cela, de réaliser des modules de formation sur la culture de la paix et l’analyse des conflits contemporains avec le soutien de la région Rhône-Alpes. Il dirige maintenant une offre de formation dans neuf masters, principalement situés à Paris, Lyon, Grenoble et Chambéry pour des volumes allant de vingt à trente-six heures.
Il est aidé en cela par une chargée de mission universitaire dédiée en la personne de Delphine Deschaux-Beaume (SP03). Titulaire d’un doctorat en sciences politiques sous la direction d’Olivier Ihl, elle anime le réseau de partenaires de la Chaire UNESCO et veille à son bon déroulement. Elle propose également des cours sur la culture de la paix et les conflits du monde contemporain. L’année dernière, elle a assuré la majeure partie du cours que l’Ecole de la paix a donné aux officiers-stagiaires de l’Ecole de guerre sur l’ « approche globale de la sécurité en Afghanistan ». Il s’agissait de mettre l’accent sur les différentes façons de percevoir un conflit armé afin d’enrichir la « grille de lecture » qu’en ont les militaires envoyés sur les théâtres d’opération. Elle travaille également avec Patrick Lecomte sur un aspect qui leur apparaît comme primordial : le soutien à la formation citoyenne des cadres associatifs. Tout deux viennent de réaliser une deuxième séance de cours à destination de jeunes militants du mouvement vert iranien en exil en France. De même se rendront-ils en juin prochain à Sfax, en Tunisie, pour procéder à une formation du même type. Par le passé, Patrick Lecomte est intervenu, au nom de la Chaire Unesco, en Côte d’Ivoire, en Iran ou dans d’autres pays sur cette thématique.
Florent Blanc (SP2001) s’est fait connaître à l’IEP pour avoir soutenu un mémoire de maîtrise sur Oussama Ben Laden… le 12 septembre 2001. Il est rare qu’un étudiant de l’IEP puisse témoigner d’autant d’interviews vidéos ou d’ouvrages vendus suite à un mémoire publié (chez Bayard). Il a ensuite obtenu un double doctorat de sciences politiques à l’IEP Paris et à l’Université Northwestern, à Chicago. Recruté l’année dernière en tant que chef de projet « Forum de la paix », il a tout fait : aussi bien l’organisation d’ateliers préparatoires, que la gestion logistique de l’événement proprement dit, en passant par l’attention prêtée au contenu, etc. Suite au succès de cet événement, il est revenu sur son « cœur de métier » en travaillant sur la notion de « territoire de paix ».
Est-il possible d’être salarié à l’Ecole de la paix sans avoir fait l’IEP ? Fort heureusement oui ! Karima Bouguetaia et Raymonde Caraguel travaillent depuis de nombreuses années au sein du Pôle pédagogique à la promotion d’outils qui facilitent le vivre-ensemble. Enfin, nous disposons d’une responsable administrative et financière, Claire Contardo qui apporte un professionnalisme apprécié.
L’équipe a souhaité que nous mentionnions deux membres du Conseil d’administration de l’Ecole de la paix qui leur apportent beaucoup et que nous ne présenterons pas plus au public de connaisseurs que vous êtes : Jean-Paul Burdy et Henri Oberdorff.
Le mot de la fin pour le directeur ? Citer Stéphane Hessel peut sembler convenu. Cependant, il était présent aux 10 ans de l’Ecole de la paix, en 2008, bien avant le succès de ses différents livres publiés récemment. Nous invitons les étudiants de l’IEP à réfléchir à ce passage « Les raisons de s'indigner peuvent paraître aujourd'hui moins nettes ou le monde trop complexe. (...) Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l'indifférence, dire 'Je n'y peux rien, je me débrouille'. » A bon entendeur…
florent.blanc@gmail.com
matthieu.damian@ecoledelapaix.org
delphine.deschaux@ecoledelapaix.org
lecomte-patrick@wanadoo.fr
richard.petris@ecoledelapaix.org
Mécénat de compétences !
Parce que les réseaux ne sont vraiment sociaux
qu'à la condition d'être collaboratifs, l'Ecole de la paix
lance un appel au mécénat de compétences. Si vous
êtes un ancien des IEP et que nos actions résonnent avec
votre expérience professionnelle et vos envies d'un engagement
de sens, nous vous invitons à nous rejoindre, quelques heures par
mois ou plus.
Le mécénat de compétence, c'est bien simple, c'est
la transmission inter-générationnelle ou horizontale de
savoir-faire entre professionnels. Si en plus, ça permet de faire
vivre un réseau comme celui des Iepiens, c'est encore mieux !
L'Ecole de la paix invite donc les anciens avec une compétence
en identité visuelle, communication mais aussi en construction
d'appels à projets européens ou encore en recherche de mécénat
à venir nous rejoindre.
20/03/12