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« Directrice générale des services / Secteur public local »

 

Peggy Kançal (2001 PO)

Si je souhaite témoigner de mon parcours, c’est pour nourrir les 125 portraits de diplôméEs dont le livret n’a pas pu être achevé faute de contributions ! Oui l’égalité professionnelle est un combat : les femmes consacrent objectivement moins de temps, d’énergie que les hommes au développement de leurs réseaux professionnels. C’est l’un des multiples symptômes des phénomènes d’autocensure qui brident, à tord, les carrières féminines…

De jolis hasards

L’IEP de Grenoble, pour être honnête, j’y suis arrivée par le fruit d’un heureux hasard… par chance. Je le dois à mon frère, alors étudiant sur le campus, dans une école d’ingénieurs voisine, qui avait eu la bonne idée de me prendre un dossier d’inscription! Tout juste 18 ans, un Bac S en poche, et une réussite immédiate décrochée au concours d’entrée avec une forte motivation : j’arrive sur le campus grenoblois en 1998, sans idée préconçue de ce qu’on apprend à l’IEP… encore moins du métier visé à la sortie. J’ai juste une conviction : être passionnée par les sciences humaines, par tout ce qui touche de près ou loin à la politique, goût qui me vient de ma sphère familiale ! avec en prime une immense soif d’apprendre, de découvrir, bref d’émancipation.

Premier discours d’accueil dans l’amphithéâtre : on nous explique l’intérêt des enseignements, les débouchés, les trajectoires professionnelles, et aussi on nous interpelle : « L’IEP va irriguer votre vie ; figurez vous que vous êtes peut être assis à côté de votre futur mari, de votre futur associé-e, de votre futur employeur/se … ». Une phrase que je trouve, sur le coup, surprenante, décalée, surjouant l’effet réseau. Je n’ai quand même pas intégré « la Firme », et je n’y crois pas une seconde…

J’étais loin d’imaginer que, de tous mes réseaux professionnels ultérieurs, celui de l’IEP de Grenoble serait le plus fondateur, et le plus solide. Encore plus loin d’imaginer avoir un coup de foudre avec mon futur mari (IEP Lille 1997), père de mes deux enfants, aux apéros sciences po à Paris en septembre 2001, et que Stéphane Pusatéri serait notre témoin de mariage … Mariage célébré en 2007 par Noël Mamère dans la commune où je travaille aujourd’hui en tant que DGS !

Ce qui m’a plu et marqué à l’IEP de Grenoble

De l’ensemble de mon bagage universitaire (DESS Communication des entreprises et des institutions /Univ Marne la Vallée, PrépENA, formation d’administrateur territorial à l’INET), les acquis de l’IEP ont été largement les plus déterminants pour mes options de carrière. De façon plus claire : tous les oraux et concours que j’ai, par la suite, décrochés (attaché territorial, entrée en PrépENA, concours interne INET) l’ont été en grande partie grâce aux fondamentaux, aux réflexes de synthèse et aux apprentissages de l’IEP. C’est ma base de pensée (les clés d’analyse et de compréhension du Monde) qui m’a permis de viser plus haut, jusqu’aux concours dits de la « haute fonction publique » …amenés à se réformer. En matière d’épreuves, j’en ai expérimenté un rayon et je n’ai jamais rien trouvé de plus difficile que le « grand oral » de l’IEP… qui aura eu le mérite de m’affranchir sur l’essentiel dans la vie professionnelle : miser sur le savoir être plus que sur le savoir brut ; ne pas mentir quand on ne sait pas ; savoir se remettre en cause à tout moment ; savoir convaincre.

Dans ce que j’ai apprécié à l’IEP, je noterais :

- D’abord l’approche « terrain », concrète, en dehors des cours théoriques d’amphi : rédaction/exposé d’un projet de loi (sur l’euthanasie), réalisation d’un sondage en tant qu’enquêteurs et contribution au livre de Pierre Bréchon, liens possibles avec les chercheurs du CEVIPOF… Faire un exposé sur les stratégies territoriales d’implantation du FN, et pouvoir échanger au bout du couloir avec Pascal Perrineau, c’était clairement une chance inespérée !

- Ensuite, je retiendrais de ces années là une exigence intellectuelle. J’avais décidé d’intégrer le séminaire de Roland Lewin, sur le passé présent du nazisme, du stalinisme et de la collaboration. Je savais à quoi m’attendre : un mémoire de plusieurs centaines de pages à écrire puis à soutenir. Une fascination pour le fait totalitaire et pour la face la plus sombre de la nature humaine ? Un défi intellectuel ? Des comptes à régler avec mon histoire familiale (un arrière grand père autodidacte, communiste, résistant dans l’Aveyron ; une branche anglaise touchée par les bombardements) ? J’avais un attrait presque évident pour ce séminaire. La soutenance d’un mémoire de plus de 300 pages sur les réfugiés du nazisme n’était plus une fin en soi, ni l’obtention de mon diplôme d’ailleurs : en me spécialisant sur ce sujet, j’ai pu nouer un lien fort avec le Mémorial de la Shoah, publier un article dans la Revue d’histoire de la Shoah…qui a beaucoup compté à mes yeux. Roland Lewin, entre deux rangées de livres dont son bureau était rempli du sol au plafond, me glissait souvent : « vous allez voir, quand l’an prochain vous chercherez un job, on vous demandera si vous savez rédiger, et là vous sortirez votre mémoire, tout sera dit ». J’acquiesçais essentiellement pour lui faire plaisir. Mais là encore c’est ce qui s’est produit pour moi : j’ai décroché mon premier job à la Direction Générale de la Caisse des Dépôts au 56 rue de Lille, avec pour seul argument ce mémoire – gage de capacités à penser et à rédiger sur un sujet complexe. A tout juste 20 ans, sans expérience autres que des emplois saisonniers et un stage à Sud Ouest, je me retrouve embauchée dans le groupe CDC, en contrat d’apprentissage puis en CDD.

Un parcours militant, passionnant et trépidant dans le secteur public local

Après cette expérience à la Caisse des dépôts, mon parcours dans la fonction publique territoriale s’est construit en mosaïque, à double entrée : une expérience d’attachée territoriale à la Communauté urbaine de Bordeaux. En parallèle, une vie militante, tournée vers l’écologie, qui m’a permis d’exercer, à 29 ans, un mandat politique de conseillère régionale d’Aquitaine, déléguée au plan climat. Je vois alors les politiques publiques des 2 côtés, avec pour chacune des parties (le politique/ la techno structure) les atouts, les avantages, les limites, les difficultés… Ce que je retiens de cette période sera la passion pour les sujets que j’ai eu à traiter : notamment avoir la charge d’engager des actions dans le domaine de la lutte contre le changement climatique ; de proposer un cadre incitatif pour le développement des énergies renouvelables. Un poids certain sur les épaules, que j’ai essayé de dépasser et de transformer en capacité d’agir utilement.

Reconnaissant complètement la difficultéà tout mener de front (vies militante, politique, professionnelle, familiale), j’ai alors choisi de prendre un détachement, de passer le concours de la PrepENA, et de préparer des concours plus « élevés » pour pouvoir me laisser plus de latitude dans mon mandat d’élue. J’ai été admise au concours de l’INET en tout début de PrépENA ! Mon mari s’est lancé dans le même challenge d’évolution de carrière, mais aussi le revers de la médaille :la mobilité professionnelle inhérente aux postes de cadres dirigeants, la difficulté d’être nommés dans la même ville, et une base à assurer avec 2 enfants en bas âge… Nous n’avions peut être pas mesuré l’ampleur de challenge, que nous avons relevé ensemble. Plusieurs années de déménagements entre Amiens, Strasbourg, Niort, puis un retour commun à Bordeaux. L’accès à l’INET m’a permis, en tout cas, de faire un choix entre carrière politique et administrative : ce sera côté administration que je souhaite prendre ma part.

Je suis Directrice Générale des Services (DGS) depuis 3 ans. Aujourd’hui, en poste à Bègles (27000 habitants, 600 agents), je me sens à ma place aux côtés du Maire et de l’équipe municipale pour exercer des missions de pilotage des services, de management, de conduite de projets… A l’échelle d’une ville moyenne, on sent, plus que dans d’autres collectivités ou EPCI, une proximité avec les élu-e-s, une réactivité dans toute la gestion quotidienne, un fort lien avec les usagers. Cela demande parfois un grand écart pour, à la fois, assurer le structurant (gérer la contraction des ressources, faire évoluer la production du service public local, réaliser une mutualisation avec la Métropole, gérer des optimisations de moyens, conduire le dialogue social …) et répondre à l’ultra proximité (propreté, sécurité/tranquillité publique, services quotidiens…). C’est la noblesse de ce métier, à mes yeux.

C’est un métier exigeant, exposé, qui accueille en ses rangs moins de 10% de femmes. Le plafond de verre est bien réel : ma promotion à l’INET, Vaclav Havel, a fait des propositions pour rééquilibrer les nominations de femmes aux postes à responsabilité. Peut être devrait on élargir, généraliser les quotas (réservés à quelques postes A+, des plus grandes collectivités) aux collectivités de petite et moyenne strate ? pour créer un vrai effet levier. La parité en politique a bien pu décoller grâce aux obligations et aux quotas… faisons de même pour les postes de cadres dirigeants ! N’ayons pas peur de donner un coup de pouce aux évolutions sociétales, si l’on constate la persistance d’inégalités, la résistance au changement.

Peggy KANCAL
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03/06/19


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