Ancien élève de l’IEP (2013 PO), Thomas GELIN, 27 ans, est Policy Analyst au sein du département Affaires Publiques Internationales de SANOFI à Washington, DC.
Pourrais-tu résumer rapidement ton parcours universitaire et professionnel ?
Je suis sorti diplômé de l’IEP en 2013 après avoir effectué une année de césure entre Ottawa et Bruxelles. Au Canada, j’ai rejoint un cabinet de lobbying en tant que Research Consultant (transport, santé, industrie musicale). Cette première expérience m’a permis de travailler avec des professionnels expérimentés quim’ont pleinement associé à l’ensemble des projets que nous portions. Par la suite, etsoucieux d’approfondirma compréhensiondu fonctionnement des institutionsde l’UE, j’ai décidé deréaliser une missionde six mois au sein d’une fédération industrielle européenne (industrie du jouet), avant de rejoindre, en 2013, un cabinet de lobbying basé à Paris (énergie et secteur de la santé).
Après une formation en management international à ESCP Europe (campus de Londres et Turin), j’ai intégré début 2015 l’IPAC. Cette structure, basée à Washington, DC, coordonne les affaires publiques internationales du groupe SANOFI.
Que retiens-tu de ton passage à Sciences Po Grenoble ?
Je pourrais vous répondre : une méthode de travail, une capacité d’analyse et de synthèse, un sens de l’altérité et un goût prononcé pour la chose publique. Tout ceci est exact. C’est ce qui fait la force de notre formation et qui est, en quelque sorte, ma boîte à outils quotidienne en tant que jeune professionnel des affaires publiques. Mais ce serait une réponse de lèche-bottes… Je pourrais aussi revenir sur mes souvenirs mémorables du Crit’. Mais nous connaissons tous l’adage selon lequel « ce qui se passe au Crit’ reste au Crit’ » ! Ce que je retiens véritablement de mes années passées à l’IEP, ce sont des rencontres. Sciences Po m’a donné l’opportunité de côtoyer des personnes intellectuellement et humainement riches avec lesquelles je me suis construit personnellement. C’est un environnement où le débat d’idées est permanent et où l’on est en mesure d’apprendre et de s’enrichir à chaque instant.Et cette curiosité et cette capacité à sortir de notre zone de confort nous serventensuite professionnellement. Dans le jargon managérial des recruteurs, cesatoutsont pour noms : « adaptabilité », « sens de la communication et de l’écoute » et « fortes capacités relationnelles ».
Quel est ton rôle au sein du groupe SANOFI ?
SANOFI est un leader mondial de la santé centré sur les besoins des patients. Ce groupe français emploie près de 110 000 personnes dans plus de 100 pays (dont 27 000 collaborateurs dans l’Hexagone, 25% de l’effectif) et a réalisé, en 2014, un chiffre d’affaires de 33,77 Md€. SANOFI est, par ailleurs, la première entreprise du CAC 40 en termes de capitalisation boursière.
L’IPAC a pour objectif de coordonner les affaires publiques internationales du groupe afin d’identifier/anticiper des problématiques business propres à notre industrie, de partager les bonnes pratiques et d’aider in fine à la construction d’une vision commune de la stratégie du groupe.
Pour cela, nous animons un réseau interne relativement « high-level » qui rassemble un peu plus de 140 collaborateurs dans le monde provenant des différentes structures de l’entreprise : vaccins, santé animale, diabète, oncologie, médicaments génériques, etc. Pour ma part, je suis notamment responsable de la rédaction d’une newsletter qui met en avant, chaque semaine, une problématique business pertinente pour le secteur de la pharma. Par exemple, il s’agit d’identifier l’impact de l’impression 3D ou du crowdfunding sur nos process de Recherche & Développement, de suivre les négociations sur les traités internationaux de libre échange actuellement en discussion (TTIP, TPP, AGOA, etc.) ou encore d’étudier les évolutions du marché des OTCs dans le monde. Concrètement, ce travail nécessite d’analyser un nombreimportant de rapports et d’articles de presse économiques et de participer régulièrement aux multiples conférences et rencontres organisées par des think tanks (Brookings, CSIS, KFF, etc.) ainsi que des organisations internationales (FMI, Banque Mondiale, UN Foundation, etc.). De ce point de vue, Washington offre un agenda exceptionnel de meetings où s’élaborent et se transmettent les expertises et connaissances les plus avancées en politique publique et intelligence économique.
Comment évolue le secteur de l’industrie pharmaceutique ?
C’est un secteur passionnant qui, hélas, a trop souvent mauvaise presse. Les critiques récurrentes portent sur un prix trop élevé des médicaments qui limiterait l’accès au soin des patients et gonflerait les dépenses publiques de santé. Je pense qu’il est utile de rappeler que l’industrie investit chaque année des sommes importantes dans le développement de nouveaux traitements (550 Md$ investis en R&D depuis 2000, PhRMA), avec un coût moyen de développement qui se situe aux alentours de 2,6 Md$ (TuftsUniversity, Boston, 2014). Ces investissements permettent non seulement de réaliser des avancées significatives en termes de soins pour les patients mais en font également le secteur le plus dynamique en R&D, essentielle à la croissance du tissu économique et à l’attractivité des territoires. A titre d’exemple, SANOFI a investi 1,2 Md€ dans ses sites français de R&D et de production au cours des trois dernières années, soit 1/3 de ses investissements dans le monde (2012-2014). D’autre part, 80 % de l'activité de nos collaborateurs en France est destinée à l'exportation, ce qui a permis au groupe de contribuer, en 2014, à hauteur de 5,4 Md€ au solde excédentaire de la balance commerciale nationale des produits de santé.
D’une manière générale, le secteur est en pleine mutation avec une forte activité de M&A qui pousse à la concentration des activités. Ceci s’explique notamment par le fait qu’un certain nombre de brevets majeurs s’apprêtent à tomber dans le domaine public, avec pour conséquence directe l’introduction sur le marché de nombreux médicaments génériques. Cependant, l’industrie poursuit ses investissements pour maintenir un niveau d’innovation élevé et adapte ses solutions aux pays émergents qui connaissent une forte demande en soins et infrastructures de santé.
Quel(s) conseil(s) souhaiterais-tu donner aux étudiants ?
Sciences Po est une formation stimulante. Les débouchés
sont nombreux et les étudiants ont le temps et les moyens de préparer
un projet professionnel abouti. Le conseil que je voudrais partager avec
les étudiants qui s’apprêtent à rejoindre le
marché du travail est de se spécialiser sur une ou deux
thématiques et ce dès le premier cycle. Non seulement la
compétition est rude à la sortie de l’école
mais surtout les entreprises sont à la recherche de compétences
opérationnelles. Il en va de même pour la maîtrise
d’une ou deux langues étrangères. De ce point de vue,
je ne saurais trop inviter les étudiants à profiter au maximum
des opportunités de mobilité à l’étranger
et, dans la mesure du possible, à commencer leur carrière
à l’international. L’année de césure
me semble être le moyen le plus adéquat pour réaliser
une première expérience d’expatriation et pouvoir,
par la suite, être en mesure de saisir les nombreuses opportunités
professionnelles qui sont offertes à l’international. Enfin,
le réseau de l’école est un outil à utiliser
sans réserve pour découvrir un métier ou avoir un
regard plus personnel sur un secteur d’activité. Il ne faut
pas hésiter à entrer en contact avec les anciens diplômés.
La grande majorité sera se montrer disponible et appréciera
vous aider ,autant que possible, dans la construction de votre parcours
pro.
Thomas GELIN
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