Margaux COURTEILLE (2016 - Master EUROPE GE),
Conseillère Politique - Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères
Un parcours universitaire du droit vers la diplomatie
Après un cursus scolaire dans l’Essonne, un Bac ES avec les options anglais et cinéma, Margaux Courteille décide de s’orienter vers une licence de droit et sciences politiques à Paris. Cela lui permet de réaliser qu’elle ne veut pas faire du droit mais que les sciences politiques l’intéressent beaucoup plus, d’où le choix d’intégrer un IEP. Elle entre en 2014 à Sciences Po Grenoble au sein du master Gouvernance Européenne (GE) qui va lui laisser un très bon souvenir de son passage dans les Alpes.
Le choix de ce master découle de son souhait d’entrer dans la diplomatie européenne, de rejoindre le Service européen pour l'action extérieure (SEAE). La formation et l’ambiance du master lui plaisent : les cours sont majoritairement en anglais et la moitié des étudiants sont internationaux. Les 2 stages de 6 mois compris dans le parcours lui permettent d’acquérir des premières expériences dans le monde diplomatique, d’abord au sein de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et les conduites addictives (MILDECA) avec la conseillère diplomatique, puis au sein de la Mission permanente de la France auprès des Nations Unies. Ces deux expériences – qu’elle adore – lui font découvrir Bruxelles, Strasbourg, New York, le Conseil de l’Europe ou encore l’ONU ! Ils viennent aussi renforcer sa vocation diplomatique et la poussent à passer les concours de l’ENA.
Son diplôme de l’IEP de Grenoble validé, elle intègre la Prep’ENA de Sciences Po Lilles puis de Paris Dauphine. Elle intègre finalement l’Institut Régional d’Administration de Metz et choisi d’intégrer en 2019 à l’issue de son année de formation le ministère des Affaires Etrangères et de l’Europe. Elle commence son premier poste de conseillère politique au ministère au sein de la Direction de la diplomatie économique. Elle est alors chargée de la politique des sanctions économiques et financières internationales de la France et participe à l’élaboration de cette politique extérieure. Depuis septembre 2022, Margaux est conseillère politique au sein de la direction des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement, chargé de la cybercriminalité.
Une formation et un métier enrichissants
Afin d’arriver où elle est maintenant, le chemin n’a
pas été de tout repos. Ne s’orientant pas dès le début vers la préparation
aux concours de l’ENA, la prépa après le master GE lui donne l’impression
de repartir de zéro. Toutefois, son parcours lui a quand même donné les
clefs des institutions européennes ainsi qu’une solide culture générale
qu’elle vient enrichir par une Prépa ENA « hyper stimulante » au niveau
intellectuel. Elle lui permet à la fois d’acquérir une méthode efficace,
une solide connaissance du fonctionnement de l’administration française,
et une large culture générale. Elle le reconnaît, ces 2 ans n’ont pas
été de tout repos : étudiant les politiques publiques qui touchent tous
les aspects de la vie, « tout ce que tu vis peut être retranscrit dans
une copie ! ».
L’insertion dans un ministère n’est pas non plus chose aisée et Margaux
reconnaît que faire des stages avant pour les découvrir permet une plus
facile adaptation. Grâce à eux, elle avait déjà pu appréhender les usages,
les fonctionnements propres à ces institutions (écriture des notes, des
mails…). Cela permet aussi d’être au cœur de l’actualité et de se construire
un réseau offrant l’opportunité de multiplier les expériences ministérielles.
Conseiller politique au sein du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe
En tant que conseillère politique au sein du Quai d’Orsay, les missions confiées à Margaux sont multiples. Elle rédige des notes et communique des points d’importances que la ministre doit souligner sur la cybercriminalité lors de ses entretiens et interviews. Elle participe aussi à la rédaction de certaines de ses discours, et rédige des notes d’alertes et prospectives sur les sujets relatifs à la cybercriminalité qui pourraient émerger.
La deuxième partie de son travail relève de la négociation. Elle représente la France lors de la Convention de lutte contre la cybercriminalité à l’ONU, défend ses positions, parfois sur tel ou tel mot, telle ou telle formulation, négocie avec les représentants des autres pays, et trouve des compromis avec pour objectif de ne pas dénaturer les souhaits émis en amont pas la France. Elle participe aussi à cette négociation en amont au sein des ministères concernés, organisant des réunions pour reprendre les textes, voir les limites et les lignes rouges ne pouvant être dépassées lors de la convention à l’ONU, les points où la position française est plus souple et peut faire preuve de flexibilité pour préserver ses intérêts tout en élaborant des compromis avec les autres pays.
Le service de cybercriminalité est un service plutôt récent et très actuel. Il est de plus interdisciplinaire. Ce sont ces aspects qui plaisent le plus à Margaux. Il y a plein de sujets à traiter, d’aspects à étudier, de domaines à explorer qui jouent un rôle crucial aujourd’hui avec la montée en puissance du numérique et des attaques cybers. Les négociations à l’ONU donnent une vraie dimension diplomatique à son métier, raisonnant avec les aspirations de l’étudiante de 2014.
L’avenir ?
Au sein des ministères, les hauts fonctionnaires comme
Margaux doivent rester à Paris au moins 4 ans pour intégrer les fonctionnements
de l’administration, ses usages, ses outils. Ils peuvent ensuite partir
à l’étranger. Après 3 ans à la diplomatie économique, Margaux réfléchit
à partir dans 2 ans puisque les missions sur le terrain, au contact direct
des acteurs internationaux, sont un vrai enrichissement. Les opportunités
sont nombreuses puisque la France possède 163 ambassades dans le monde.
Interview réalisée par Marine LEPESQUEUX (étudiante
3A)
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21/10/2022