Gaëtan
HOMERIN, Master PPCS DPC 2013
J'ai été diplômé du master de direction de projets culturels en 2013 et je travaille actuellement en Belgique, je suis en charge du suivi administratif, légal et financier du service des expositions d'un grand musée de sciences, le Pass, qui est l'équivalent de la « cité des sciences et de l'industrie », à l'échelle de la Wallonie (40 employés, 10.000 m² d'expositions). Je m'occupe également de la recherche de partenariats et de financements pour les projets d'expositions. Dans ce portrait, j'ai choisi de ne pas m'étendre sur mon poste, mais si cela vous intéresse, vous pouvez me contacter directement, je serai ravi d'échanger. Je souhaitais d'avantage décrire mes impressions vis-à-vis de ce qu'apportent les études à l'IEP et de ce qu'il faut aller chercher ailleurs.
Je n'étais pas sûr de vouloir réaliser mon portrait quand l'association me l'a proposé et je ne suis à l'heure actuelle toujours pas sûr que cela soit intéressant, je vais donc essayer d'être bref et d'écrire des mots qui parleront autant aux diplômés qu'aux étudiants et aux aspirants étudiants.
Je suis entré à sciences po parce qu'on m'a dit d'essayer le concours, que cela correspondait à mon profil (plutôt intéressé par les sciences humaines et ayant de bons résultats scolaires). En 2007, je fais ma première rentrée universitaire, impressionné du haut de mes 17 ans, sans vraiment savoir pourquoi je fais ces études.
Après un diplôme en direction de projets culturels, précédé d'un service volontaire européen effectué durant une année de césure entre la 3e et la 4e année, je réussis le concours d'attaché territorial de conservation du patrimoine. Je tente alors pendant de longs mois de trouver un poste dans une collectivité grâce à ce concours mais mon manque d'expérience m'empêche apparemment d'être fonctionnaire-cadre-catégorie-A. Je remets en cause tout ce qu'on m'a dit sur le service public, sur le recrutement au mérite et sur l'avenir brillant promis après l'IEP.
J'accepte finalement de travailler pour deux collectifs de musiciens grenoblois (un contrat aidé, emploi précaire), étant seul salarié de deux petites compagnies je mets à profit la polyvalence déjà mise à profit durant mes études et dans mes activités associatives. Huit mois plus tard, j'apprends par une employée du musée où j'avais effectué mon stage de M1 qu'un recrutement est en cours d'un chargé des missions partenariats avec pour mission principale la recherche de financements et mécénats, dans un musée partenaire de l’événement « Mons 2015 Capitale Européenne de la Culture ». Aujourd'hui je travaille encore dans ce musée bien que mes missions aient évolué entre mon entrée en fonction en janvier 2015 et aujourd'hui.
Cela fait plus de deux ans que j'ai été diplômé et d'après mon expérience, Sciences Po n'est pas un sésame et les désillusions peuvent être fortes. Elles l'ont été pour moi entre l'obtention de mon diplôme et l'obtention de ce poste. Cependant, si j'ai finalement décidé d'écrire ici, c'est tout de même pour apporter un message positif.
Si je devais revenir sur mon parcours depuis la fin de ma 3e année, un mot reviendrait : l'envie. Je n'avais plus envie d'étudier mais je voulais mon master en direction de projets culturels : j'ai pris un an pour moi dont sept mois loin de tout ce que je connaissais (en Estonie, dans une ville de 40,000 habitants). J'ai eu envie de revenir à mes origines familiales (j'ai grandi dans les Alpes mais mes parents sont originaires du Hainaut belge) : j'ai cherché un stage en Belgique, près de Mons. J'y ai découvert les métiers de la culture scientifique et technique, qui m'ont passionné, j'ai donc saisi l'opportunité d'un stage de M2 à l'Atelier Arts Sciences de Grenoble ayant un pied dans une scène nationale et un pied au CEA. Rien de tout cela n'était stratégique et cela a même plutôt participé à la création d'un CV atypique que je peux valoriser aujourd'hui, mais qui m'a plutôt desservi en tant que jeune diplômé. Les choix personnels que j'ai faits m'ont « desservi » sur le plan professionnel. Néanmoins j'ai aujourd'hui un emploi qui me plaît, à temps partiel, ce qui me donne aussi le temps de ne pas me consacrer qu'à mon travail. Cela m'est cher. Une simple question a orienté mes choix et j'espère que tous, nous nous la posons : Ai-je envie ?
Aujourd'hui, le résultat de mon parcours est le suivant : je parle estonien, ce n'est pas une compétence qui m'a aidé à trouver un travail ; j'ai un concours d'attaché territorial de conservation et j'en perdrai probablement le bénéfice en décembre cette année, faute d'avoir trouvé un poste et ce n'est pas très important ; je travaille en Belgique et ne mobilise donc presque jamais la plupart des compétences pratiques acquises en M2 (plutôt adaptées à un environnement français).
Sciences Po est un des panneaux indicateurs de mon itinéraire,
les autres étant les programmes jeunesse de l'Union Européenne,
ma vie associative, mes convictions personnelles et ma vie sentimentale.
Pour autant, je n'ai pas perdu mon temps à l'IEP. Ces études
m'ont apporté une grande ouverture d'esprit, l'envie de ne pas
fermer les portes, une culture de la curiosité qui me paraît
essentielle pour ne pas se laisser avoir par les marchands d'idées
dangereuses qui sévissent aujourd'hui. Ce que je retiens de mes
études à Sciences Po, c'est surtout cela : tout fait ou
toute personne peut devenir intéressante, à condition d'avoir
envie de s'y intéresser.
Gaëtan HOMERIN
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