PHILIPE RYCEK (1996 SP)
Sciences Po Grenoble, une vraie chance
Les années grenobloises, précieuses sont au socle de mon parcours professionnel. Elles remontent désormais à plus de vingt ans, certains souvenirs sont encore vivaces, des amitiés indéfectibles s’y sont nouées.
Le choix de l’IEP s’est imposé ; une part de chance liée à la réussite du concours, à ses modalités laissant aussi place à de jeunes étudiants d’un niveau correct, débrouillards, curieux de tout et optimistes. Cette orientation en lieu et place d’une école de commerce a renforcé mon goût du service public - option que j’ai choisie et mes convictions européennes.
Je ne saurai trop expliquer pourquoi l’Europe ? Pourquoi aime-t-on tel ou tel sujet plutôt qu’un autre ? Pour essayer de le comprendre certainement une réponse à mes origines. Strasbourg où j’ai vécu 20 ans, une famille où l’on parlait français, alsacien, polonais et souvent un mélange des trois !
Jean Louis Quermonne, Henri Oberdorff, leurs cours et
publications ont conforté mon goût de l’Europe matrice
de mon parcours. Mon mémoire de fin d’études et le
contact avec les étudiants étrangers ont achevé cette
envie d’ailleurs, ce goût des rencontres, l’envie de
découvertes. Le hasard a fait le reste un appel au saut du lit
de Thora Van Male en charge des relations internationales – et sa
voix de fumeuse Hull ou Newcastle ? Newcastle it sounds good ! let’s
go ! L’auberge espagnole plutôt qu’un DESS, une expérience
humaine incomparable. La mobilité européenne et internationale
fait désormais quasiment partie de la norme des études supérieures,
la démarche était en 1995 beaucoup plus volontaire.
Agir pour l’Europe au quotidien
Le diplôme de l’IEP et les concours m’ont semblé parfaitement inadaptés au monde professionnel avec des premiers pas hésitants au sein de la Mairie de Montreuil en Seine Saint Denis sur des questions d’organisation et de territorialisation des services pour laisser très rapidement le sentiment de pouvoir se positionner et être reconnu comme un généraliste solide.
Je me suis orienté assez naturellement et spontanément vers la fonction publique territoriale qui offre cette diversité de métiers et qui m’a permis de combiner dans une logique de recrutement proche du secteur privé Europe et service public. Je me souviens avoir envoyé, le concours d’attaché territorial en poche, une candidature spontanée à tous les Départements et Régions de France pour travailler dans ce domaine !
Après une année passée en région
parisienne, trois ans au sein du cabinet du Conseil économique
et social de Bourgogne, j’ai rejoint le Conseil départemental
de la Somme en 2001. En charge du service des affaires européennes
et de l’aménagement du territoire au sein de la collectivité
départementale, j’ai eu la chance d’évoluer
dans un positionnement transversal, pluridisciplinaire, ouvert à
de nombreux partenaires, tant internes qu’externes à la collectivité
et de disposer d’un grand degré d’autonomie par un
rattachement à la direction générale des services.
La programmation des fonds structurels et d’investissement que je
suis pour le compte de la collectivité représentent des
outils privilégiés d’intervention de l’Union
européenne au service de projets concrets. A la question que fait
l’Europe pour nous ? Je renvoie souvent à un jeu de
pistes, les principaux équipements du département ont quasiment
tous fait l’objet d’un cofinancement européen signalé
par une plaque pérenne. La politique de cohésion, la coopération
territoriale européenne sont au cœur du projet européen.
La Somme avec le Pas de Calais sont les deux seuls départements
de France à être couverts par trois programmes de coopération
transfrontalière Interreg (franco-britannique, 2 Mers et franco-belge).
Ces dispositifs sont encore trop méconnus.
Je reviendrai également sur ma participation aux actions de jumelages
(préparation de manifestations, accueil de stagiaires au sein du
service, accompagnement des délégations) qui constituent
une action complémentaire aux affaires européennes, décisive
dans la recherche et le montage de nouveaux projets.
Pendant près de 10 ans j’ai partagé cette expérience
auprès d’étudiants en Master 2 à l’Université
Picardie Jules Verne. J’ai aimé me confronter à leurs
regards neufs, leur surprise face un à nouveau monde, transmettre
et surtout leur donner l’envie de persévérer dans
cette voie.
L’Europe n’est pas uniquement cette construction d’ensemble
elle se nourrit fondamentalement de réalisations concrètes
créant des solidarités de fait selon la formule de Robert
Schuman.
Reprendre à mi carrière des études
Les affaires européennes – constituent
une activité « de niche », elle aura vocation
à perdurer aussi longtemps que l’Union européenne
interviendra directement sur les territoires.
Je me suis parfois questionné sur cette stabilité sur un
poste dont le périmètre a évolué depuis 2001
– alors même que la mobilité est prônée
de toute part, la stabilité a également ses vertus. Elle
permet d’asseoir une expertise sur plusieurs champs d’activités,
être un interlocuteur reconnu, développer une capacité
d’influence et enfin construire son propre réseau professionnel.
Menacés, fragilisés, les Départements représentent
encore ce niveau de collectivité à la croisée des
problématiques locales et régionales. Leur recentrage, leur
degré futur d’autonomie décidera de leur avenir au
sein des grandes régions.
A mi carrière, au gré des réorganisations internes de la collectivité départementale, j’ai néanmoins éprouvé le besoin d’une respiration, de prendre du recul et le chemin des études afin de réinterroger mon parcours et actualiser mes connaissances. Ce projet est désormais lancé pour suivre en présentiel à la rentrée 2018/2019 un Master 2 Politiques européennes et affaires publiques à l’IEP de Strasbourg une forme de retour aux sources à tout point de vue.
En conclusion j’ai à cœur de partager cette citation, lue récemment, d’Albert Schweitzer « Le succès n’est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez ».
PHILIPE RYCEK
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