Carlos MORAZZANI (Org-int 2008), Coordinateur des opérations, Comité International de la Croix-Rouge - CICR.

Carlos Morazzani, officier de l’armée de l’air vénézuélien, est arrivé à Grenoble dans le but d’apprendre le français et de travailler dans une organisation internationale. En s’installant en France en 2006, il a passé le concours de Sciences Po Grenoble et il a obtenu le master qu’il voulait, portant sur les organisations internationales.

Entre sa première et sa deuxième année de master, il a eu l’opportunité de réaliser un stage de trois mois au sein de la World Conference Religion for Peace, basée à New York. Suite à cela, il a effectué un second stage de six mois à New York au sein des Opérations de Maintien de la Paix de l’Organisation des Nations Unies.

Ces expériences professionnelles ainsi que son passé de militaire lui ont permis de candidater à un poste de délégué du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), qu’il a obtenu moins d’un mois après la fin de son master. Sa première mission a eu lieu au Tchad, ce qui lui a plus : le CICR lui a ouvert des possibilités d’aller dans des pays non réellement accessibles à tous, de fait de leur situation politiquement complexe. Il n’a jamais quitté l’organisation depuis et y travaille encore aujourd’hui. Il a pu effectuer des missions au Niger, au Mali, dans la région du Caucase, en Afghanistan, au Yémen ainsi qu’au siège du CICR qui se trouve à Genève.

« Je voulais voyager et rencontrer les autres cultures »

Il vient de terminer une mission d’un an au Soudan où il a dirigé les opérations du CICR. Cela a consisté principalement à organiser stratégiquement les différentes composantes de la mission, d’analyser le contexte soudanais et les besoins humanitaires urgents, ainsi que de gérer l’attribution des ressources pour chacune des activités menées sur place. Il a travaillé avec une équipe de terrain basée à Khartoum d’environ 470 personnes, majoritairement composée de soudanais, où il était responsable de toutes les sous-délégations.

Être délégué généraliste nécessite de fortes capacités d’adaptation car chaque mission dépend fortement du contexte national où elle est déployée, avec notamment des difficultés particulières dans les pays instables (économiques, humaines ou sécuritaires). Carlos a vu ses responsabilités devenir plus importantes au fur et à mesure des missions, passant de délégué généraliste à chef de sous-délégation, chef adjoint de délégation, chef de mission et directeur régionale adjoint pour les opérations aux Amériques.

Les défis liés à son poste sont de mener des opérations fonctionnelles, en supervisant un grand nombre de personnes et en prenant en compte tous les problèmes de sécurité liés au contexte de la mission. Il faut également être disponible 24 heures sur 24 : « Si quelqu’un vient me chercher, c’est parce qu’il a besoin de moi », affirme-t-il.

Selon Carlos, les qualités requises pour faire ce métier sont d’avoir un intérêt pour travailler au contact d’autres cultures, avoir une vocation du service et une certaine sensibilité pour les personnes affectées par des conflits. Il est également nécessaire d’avoir une bonne compréhension des relations internationales et multilatérales afin de restituer ces connaissances dans les situations concrètes. Enfin, pour travailler avec la Croix Rouge, il faut savoir rester neutre et ne pas prendre position.

Un conseil pour travailler dans le monde humanitaire ?

Selon Carlos, dans chaque pays, la Croix-Rouge fournit à la fois des formations de qualité et ainsi qu’une introduction enrichissante aux champs humanitaires et des organisations internationales. Avoir fait des stages, se construire des expériences professionnelles et apprendre différentes langues sont également des éléments déterminants pour travailler dans ce domaine. Le monde humanitaire est fortement compétitif, et Carlos recommande donc à chacun de trouver l’élément qui permettra de se différencier des autres afin d’obtenir le métier souhaité (comme des langues ou des compétences spécifiques). Son expérience militaire a été un facteur clé dans son parcours professionnel.

Interview réalisée par Maya CARQUEX (étudiante 3A)
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26/01/2023